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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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chaque jour, à la tombée de la
nuit – et il espéra qu’elle l’entendrait, que la brise tiède lui caresserait
les joues comme un léger baiser. Cléopâtre…
    Quand il regagna sa tente, Leptine
avait déjà allumé des lanternes et préparé son repas.
    « Ne sachant si tu avais des
invités, je n’ai dressé la table que pour toi.
    — Tu as bien fait. Je n’ai pas
très envie de manger. »
    On lui servit le repas. Péritas se
coucha sous la table dans l’attente des restes. Dehors, le campement était
empli de la rumeur qui accompagnait l’heure du dîner et précédait le calme de
la nuit, le silence du premier tour de ronde.
    C’est alors qu’Eumène pénétra sous
la tente, un pli à la main. « Un message est arrivé, annonça-t-il en le
lui tendant Il vient de ta sœur, la reine Cléopâtre d’Épire.
    — C’est étrange. J’ai pensé à
elle tout à l’heure tandis que je me promenais sur le rivage.
    — Elle te manque ? demanda
Eumène.
    — Beaucoup. Son sourire me
manque, tout comme la lumière de ses yeux, le timbre de sa voix, la chaleur de
son amour.
    — Elle manque encore plus à
Perdiccas, il se ferait couper un bras s’il pouvait glisser l’autre autour de
sa taille… Alors, je te quitte.
    — Non, reste. Bois une coupe
avec moi. »
    Eumène se versa du vin et prit place
sur un tabouret pendant qu’Alexandre ouvrait la missive et commençait à la
lire :
    Cléopâtre à son bien-aimé Alexandre,
salut !
    Je ne sais où et quand cette lettre
te parviendra : sur un champ de bataille ? pendant ton repos ?
au cours du siège d’une forteresse ? Je t’en prie, mon frère adoré, ne
t’expose pas inutilement au danger.
    Nous avons tous été informés de tes
aventures et nous en sommes très fiers. Ou plutôt, mon époux en est presque
jaloux. Il piaffe, il lui tarde de partir pour égaler ta gloire. J’aimerais,
quant à moi, qu’il reste à jamais à mes côtés : j’ai peur de la solitude
et j’aime vivre près de lui dans ce palais au bord de l’eau. À la fin de la
journée, nous montons sur la plus haute tour et regardons le soleil se coucher sur
les vagues, jusqu’à ce que tout s’assombrisse et que l’étoile du soir grimpe
dans le ciel.
    J’aimerais pouvoir t’écrire des
poèmes, mais quand je lis l’édition de Sapho et de Nossis que maman m’a donnée
le jour de mon départ, je me sens incapable d’une telle entreprise.
    Mais je cultive le chant et la
musique. Alexandre m’a offert une servante qui joue de la flûte et de la
cithare à merveille, et qui m’en apprend l’art avec dévouement et patience.
Chaque jour, j’offre des sacrifices aux dieux afin qu’ils te protègent. Quand
te reverrai-je ? Porte-toi bien.
    Alexandre referma la lettre et
laissa retomber son menton sur sa poitrine.
    « Mauvaises nouvelles ?
demanda Eumène.
    — Oh ! non ! Ma sœur
est comme ces petits oiseaux qu’on enlève trop tôt du nid : de temps en temps,
elle se rappelle qu’elle est encore une adolescente, et elle a la nostalgie de
la maison de ses parents. »
    Péritas s’approcha en gémissant et
frotta sa tête contre la jambe de son maître en quête d’une caresse.
    « Perdiccas est déjà parti,
reprit le secrétaire. Il sera demain à Myndos et prendra possession du port
pour la flotte. Tous nos camarades se trouvent auprès de leurs détachements, à
l’exception de Léonnatos qui a fourré deux filles dans son lit. Callisthène
écrit, sous sa tente, mais il n’est pas le seul à le faire.
    — Ah, non ?
    — Non. Ptolémée aussi rédige un
journal, des sortes de mémoires. Et j’ai entendu dire que Néarque s’est lancé
également dans l’écriture. J’ignore comment il y arrive dans ce bateau qui ne
cesse de tanguer et de fendre les flots. J’ai vomi à deux reprises quand nous
avons traversé les Détroits.
    — Il doit être habitué.
    — Oui. Et Callisthène ?
T’a-t-il montré une partie de ses écrits ?
    — Non, rien. Il est très jaloux
de son œuvre. Il m’a dit que je ne pourrais y jeter un coup d’œil qu’une fois
la rédaction définitive achevée.
    — Dans plusieurs années, alors…
    — J’en ai bien peur.
    — Ce sera dur…
    — Quoi ?
    — De prendre
Halicarnasse. »
    Alexandre acquiesça d’un signe de
tête tout en grattant Péritas derrière les oreilles et en l’ébouriffant.
    « Je le crains. »
     

23
    Le grondement discret de Péritas réveilla Alexandre, qui

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