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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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main dans son sac pour
y prendre un mouchoir et s’essuyer le visage, elle dénicha un objet inconnu.
Elle l’en tira : il s’agissait d’un petit étui contenant une feuille de
papyrus, sur laquelle Apelle avait grossièrement tracé le visage de Memnon, son
époux. Les yeux embués de larmes, elle déchiffra les mots qu’une main pressée
avait écrits au bas du dessin :
    C’est avec la même force que ton
visage reste ancré dans la mémoire d’Alexandre.
     

24
    La ville était entièrement visible du haut de la colline. Alexandre mit
pied à terre et fut aussitôt imité par ses compagnons : le spectacle qui
s’offrait à leur vue était magnifique. Une vaste conque naturelle, couverte
d’oliviers et ponctuée de cyprès aux allures de flammes noires, descendait en
pente douce, comme un théâtre, vers la puissante muraille qui au nord et à
l’est, protégeait la zone habitée. Les murs n’étaient interrompus que par
l’énorme blessure rougeâtre de la tranchée, creusée à leur base.
    Sur la droite se dressait
l’acropole, avec ses sanctuaires et ses statues. En cet instant précis, on
pouvait distinguer une colonne de fumée qui s’élevait de l’autel et montait à
l’assaut du ciel limpide. L’ennemi avait offert un sacrifice aux dieux pour
leur demander la grâce de battre ses adversaires.
    « Nos prêtres aussi ont offert
un sacrifice, observa Cratère. Je me demande qui les dieux écouteront. »
    Alexandre se tourna vers lui.
« Le plus fort, dit-il.
    — Nos machines de guerre ne
parviendront jamais à atteindre ce fossé, intervint Ptolémée. Et il nous sera
impossible d’abattre la muraille à une telle distance.
    — En effet, admit Alexandre. Il
va nous falloir remplir le fossé.
    — Remplir le fossé ?
s’écria Héphestion. As-tu idée du temps que…
    — Tu commenceras immédiatement,
continua Alexandre sans broncher. Prends tous les hommes dont tu auras besoin
et comble cette tranchée. Nous vous couvrirons à l’aide des catapultes. Cratère
s’en chargera. Quelles nouvelles avons-nous de nos machines de guerre ?
    — Elles ont été débarquées dans
une zone abritée, à quinze stades de notre camp. Leur montage est pratiquement
achevé. Perdiccas nous les apporte. »
    Le soleil était en train de se
coucher au milieu des deux tours qui surveillaient l’entrée du port, et ses
rayons plongeaient le gigantesque Mausolée, érigé au cœur de la ville, dans un
bain d’or fondu. Au sommet de la pyramide, le quadrige de bronze semblait prêt
à sauter dans le vide et à s’élancer au grand galop parmi les nuages pourpres
du couchant. Quelques bateaux de pêcheurs pénétraient dans le port, toutes voiles
déployées. On aurait dit un troupeau de brebis pressées de regagner leur
bergerie avant la nuit. Le produit de leur pêche n’allait pas tarder à remplir
les paniers qui rejoindraient les tables où les familles se préparaient à
dîner.
    Une brise marine soufflait parmi les
troncs séculaires des oliviers et le long des sentiers qui serpentaient sur les
collines : les bergers et les paysans rentraient tranquillement chez eux,
les oiseaux retrouvaient leurs nids. Le monde s’assoupissait peu à peu dans la
paix du soir.
    « Héphestion, dit le roi.
    — Me voici.
    — Que tout le monde se relaie,
même les terrassiers ! Souvenez-vous de l’escalier que nous avons creusé
dans le mont Ossa. Œuvrez sans discontinuer, qu’il pleuve ou qu’il vente. Je
veux que des auvents mobiles soient installés pour abriter les ouvriers.
Demande aux forgerons de fabriquer des outils, si nécessaire : nos
machines devront prendre position d’ici quatre jours et quatre nuits, au plus
tard.
    — Ne vaut-il mieux pas attendre
demain ?
    — Non. Commencez dès
maintenant, et, quand il fera nuit servez-vous de lanternes ou allumez des
bûchers. Je ne vous demande pas une œuvre de précision : il s’agit
seulement de combler un fossé. Vous n’irez pas dîner tant que vous n’aurez pas
disposé nos balistes et commencé les travaux. »
    Héphestion acquiesça avant de
retourner au camp. Un peu plus tard, une longue file d’hommes munis de bêches,
de pelles et de pioches se dirigea vers la tranchée. Des chars, tirés par des
bœufs, les suivaient, et ils étaient flanqués d’attelages de mulets
transportant les balistes. Il s’agissait d’arcs gigantesques en bois de chêne
et de frêne, capables de projeter des grappins de fer à une

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