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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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d’Aristote, à Miéza.
    « Nos informateurs m’apprennent
que Memnon a demandé une somme énorme au Grand Roi et se l’est fait acheminer
par la mer, en dépit des grands risques qu’une telle voie comporte. Il entend
enrôler une armée de plus de cent mille hommes et envahir la Grèce. Mais
surtout, il semble qu’il ait commencé à offrir de généreux cadeaux à des hommes
influents dans les cités grecques. Le général Parménion m’a déjà exposé son
opinion…
    — Rentrer chez nous ?
hasarda Séleucos.
    — Exact », admit
Alexandre.
    Leptine commença à servir le
dîner : du poisson grillé et des légumes, arrosés de vin coupé d’eau. Un
repas léger, car le roi voulait que ses invités gardent toute leur lucidité.
    « Et toi, comment comptes-tu
réagir ? demanda Ptolémée.
    — J’ai déjà pris une décision,
mais je voudrais connaître votre avis. Séleucos ?
    — Je pense qu’il faut
poursuivre notre entreprise. En admettant que Memnon parvienne à soulever la
Grèce, qu’est-ce que cela lui apportera ? Il ne réussira jamais à envahir
la Macédoine, parce que Antipatros l’en empêchera. Et si nous continuons à
occuper les ports de la côte asiatique, le Grand Roi ne pourra plus rester en
contact avec lui. Il sera donc obligé de capituler.
    — Ptolémée ?
    — Je suis du même avis que
Séleucos : avançons. Mais tout irait encore mieux si nous trouvions le
moyen de liquider Memnon. Cela nous éviterait un tas de problèmes et nous
permettrait de priver le Grand Roi de son bras droit. »
    Alexandre parut surpris et frappé
par cette proposition, mais il continua son tour de table :
« Eumène ?
    — Ptolémée a raison.
Poursuivons notre route, mais essayons également d’éliminer Memnon : il
est trop dangereux et trop intelligent. Il est également imprévisible. »
    Alexandre observa un moment de silence
en mâchant son poisson sans grande conviction, puis il avala une gorgée de vin.
« Alors, allons de l’avant. J’ai déjà demandé à Héphestion d’effectuer une
mission de reconnaissance le long de la côte qui sépare la Lycie de la
Pamphylie, où se trouve un passage qu’on prétend difficile. Nous saurons dans
quelques jours si c’est vraiment le cas. Parménion remontera la vallée de
l’Hermos et atteindra le haut plateau central, où nous le rejoindrons au
printemps en empruntant la route qui mène de la côte au centre de
l’Anatolie. »
    Il se leva et s’approcha de la carte
qu’il avait fait installer sur un chevalet. « Notre rendez-vous est ici. À
Gordion.
    — Gordion ? Sais-tu ce
qu’il y a à Gordion ? demanda Ptolémée.
    — Il le sait, il le sait,
intervint Eumène. Il y a le char du roi Midas, dont le timon est attaché au
joug par un nœud inextricable. Un vieil oracle de la Grande Mère des dieux
affirme que celui qui parviendra à défaire le nœud régnera sur toute l’Asie.
    — C’est pour cette raison que
nous nous rendons à Gordion ? interrogea Séleucos sur un ton soupçonneux.
    — Ne divaguons pas, interrompit
Alexandre. Nous ne sommes pas ici pour parler d’oracles, mais pour établir un
plan d’action qui nous occupera au cours des prochains mois. Je suis heureux
que vous vous accordiez sur le fait que nous devons poursuivre notre route. En
effet, nous ne nous arrêterons ni durant l’automne, ni durant l’hiver. Nos
hommes sont habitués au froid : ce sont des montagnards. Les auxiliaires
thraces et agrianes le sont encore plus, et Parménion sait qu’il doit continuer
sa route tant qu’il n’aura pas atteint sa destination.
    — Et Memnon ? demanda
Eumène en revenant au sujet le plus brûlant.
    — Personne ne me poussera à
l’éliminer par surprise, répondit le roi avec dureté. C’est un homme courageux
et il mérite de mourir l’épée au poing ; non dans un lit, rongé par le
poison ou poignardé dans le dos.
    — Ecoute, Alexandre, dit
Ptolémée pour le raisonner. L’époque d’Homère est terminée et l’armure qui
trône près de ton lit n’a jamais appartenu à Achille. Elle n’a pas plus de deux
ou trois cents ans, tu le sais aussi bien que moi. Pense à tes soldats :
Memnon peut encore causer la mort de plusieurs milliers d’entre eux. C’est ce
que tu veux, pour demeurer fidèle à tes idéaux d’héroïsme ? »
    Alexandre secoua la tête.
    « Sans compter, intervint
Eumène, que Memnon pourrait très bien concevoir le même projet à

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