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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’atteindre : Memnon est entouré, jour et nuit, de
quatre hommes qui lui sont extrêmement fidèles. Ils tueraient quiconque
tenterait de trop l’approcher. Quant aux poisons… j’imagine qu’il dispose d’un
goûteur : sa longue fréquentation des Perses l’y a sans doute amené.
    — Certains poisons agissent à
retardement, lui fit remarquer Ptolémée.
    — C’est vrai, mais leurs effets
et leurs symptômes sont bien connus. Et si l’on apprenait que Memnon a été
empoisonné, la faute retomberait fatalement sur Alexandre, ce que nous ne
pouvons pas nous permettre.
    — Alors ? demanda
Séleucos.
    — Il y a une troisième possibilité. »
    Eumène baissa les yeux comme si ses
pensées le remplissaient de honte. « Alors ?
    — Une maladie, une maladie
inguérissable.
    — C’est impossible !
s’exclama Séleucos. Les maladies surviennent et disparaissent à leur gré.
    — Il semble que non, rétorqua
Eumène. Il semble que certaines maladies soient provoquées par de minuscules
créatures, invisibles à l’œil humain, qui passent d’un corps à l’autre. Je sais
qu’Aristote a fait des expériences secrètes à ce sujet avant de regagner
Athènes, à partir de ses études sur la génération spontanée.
    — C’est-à-dire ?
    — Il aurait découvert que dans
certaines situations, la génération de ces êtres n’est pas le moins du monde
spontanée : il s’agirait d’une sorte de… diffusion. Quoi qu’il en soit,
Callisthène est au courant, il connaît tout de ces expériences et il pourrait
écrire à son oncle. Au début, il ne se passe rien. Memnon pourrait donc agir et
se mouvoir normalement sans que son cuisinier ou son médecin soient suspectés.
Les premiers effets surviennent au bout de quelques jours. »
    Ptolémée et Séleucos échangèrent un
regard déconcerté.
    « Ce plan me paraît
difficilement réalisable ; il requiert une série non négligeable
d’éléments concordants, observa Ptolémée.
    — C’est vrai, mais c’est le
seul possible, à mon avis. Il y a toutefois un fait qui joue en notre
faveur : un des médecins de Memnon provient de l’école de Théophraste et…
    — J’ignorais que tu remplissais
aussi des fonctions d’espion, dit Séleucos d’un air surpris.
    — Cela signifie simplement que
je fais bien mon travail car il s’agit de nouvelles secrètes. Quoi qu’il en
soit, le roi Philippe m’avait jadis mis en contact avec ses informateurs grecs
et barbares. »
    C’est alors que Callisthène fit son
apparition sous la tente. « Vous m’avez appelé ? » demanda-t-il,
les yeux bouffis de sommeil.
    Alexandre n’arrivait pas à
dormir : l’idée que Memnon s’apprêtait à attaquer la Grèce, voire la
Macédoine, l’inquiétait. Le vieil Antipatros serait-il à la hauteur ? Ne
valait-il pas mieux renvoyer Parménion dans leur patrie ?
    Pendant que Leptine vaquait à ses
occupations ménagères, il quitta sa tente et se promena le long du rivage.
    C’était une nuit calme et tiède, le
bruit du ressac sur les galets scandait son pas. La lune, presque pleine,
diffusait une clarté diaphane sur les îles qui ponctuaient l’étendue marine,
sur les maisons blanches qui se pressaient autour des criques et des petits
ports.
    Sa promenade fut bientôt interrompue
par un promontoire rocheux. Au lieu de rebrousser chemin, Alexandre décida de
l’escalader, pensant qu’il jouirait d’une belle vue au sommet. L’effort
physique qu’il accomplit au cours de cette ascension s’ajoutant à la fatigue
mentale qui l’accablait depuis un certain temps, il se sentit bientôt las et
perdu. Sans raison apparente, il songea à son père. Il avait l’impression de le
voir, debout sur le promontoire. Il aurait voulu se précipiter dans ses bras
comme à l’époque où il venait lui rendre visite à Miéza, et s’écrier :
« Papa ! ». Il aurait voulu s’asseoir auprès de lui et lui
demander conseil.
    Il était plongé dans ces pensées
quand il découvrit, au sommet, la côte qui se poursuivait sur l’autre versant.
Ce qu’il vit le remplit de stupeur. Une grande nécropole s’élevait de l’autre
côté du promontoire : des dizaines de tombes monumentales étaient creusées
dans la roche ; d’autres, solitaires, se dressaient comme des spectres
dans la blancheur de la lumière lunaire, le long du rivage. Les vagues
léchaient la base de nombre d’entre elles.
    Un homme, debout près d’un

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