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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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sera bien différent sur un tableau de dix
pieds sur vingt.
    — Dix pieds sur vingt ? »,
répéta Léonnatos, qui estimait qu’on gaspillerait ainsi trop de bois et trop de
couleurs pour un garçon de taille moyenne tel qu’Alexandre.
    Apelle lui lança un regard
méprisant : à ses yeux, ce jeune homme aux cheveux roux et au visage semé
de taches de rousseur n’était qu’un barbare inculte. Il se tourna de nouveau
vers le roi : « Sire, ma proposition est loin d’être absurde. Tes
sujets asiatiques sont habitués à être gouvernés par des êtres supérieurs, par
des souverains semblables à des dieux, et qui se font représenter comme tels.
Voilà pourquoi j’ai eu l’idée de te peindre avec les attributs de Zeus :
l’aigle aux pieds et la foudre dans la main droite.
    — Apelle a raison, observa
Eumène, qui était entré avec Léonnatos et qui examinait d’un air intrigué
l’ébauche de l’artiste. Les Asiatiques considèrent leurs souverains comme des
êtres surhumains. Il est juste qu’ils te voient ainsi.
    — Et que me coûtera cette
divinisation ? », demanda Alexandre.
    Le peintre haussa les épaules.
« Je pense qu’avec deux talents…
    — Deux talents ? Mon ami,
deux talents me permettent de ravitailler mes soldats en pain, olives et
poisson salé pendant un mois !
    — Sire, à mon avis, ce genre de
considération ne devrait pas concerner un grand roi.
    — Peut-être pas un grand roi,
interrompit Eumène, mais son secrétaire, oui. Car les soldats s’en prennent à
moi si leur nourriture n’est pas assez bonne ou assez abondante. »
    Le regard d’Alexandre alla d’Apelle
à Eumène, puis il se posa sur l’esquisse et revint vers le peintre. « Il est
certain que…
    — N’est-ce pas beau ?
Imagine le résultat à une autre échelle, avec des couleurs vives, imagine la
foudre aveuglante qui jaillit de ta main. Quel homme oserait ensuite défier un
tel dieu ? »
    C’est alors que Campaspé fit son
apparition. Elle étreignit le roi et l’embrassa sur la bouche, puis elle le
salua en plongeant ses yeux dans les siens. Elle était si près de lui qu’il
pouvait sentir la pointe de ses seins contre sa poitrine. Son regard traduisait
sa disponibilité totale et sans réserve.
    « Très douce amie, répliqua
Alexandre sans se compromettre. Te revoir est toujours un plaisir.
    — Un plaisir qui t’est offert à
n’importe quel instant », murmura-t-elle à son oreille en y promenant la
pointe de sa langue.
    Désireux de mettre fin à cette situation
embarrassante, Alexandre se tourna vers Apelle et dit : « J’ai besoin
de réfléchir un peu, car il s’agit d’une grosse dépense. Quoi qu’il en soit, je
vous attends pour le dîner. »
    En sortant, le couple croisa
Ptolémée, Philotas, Perdiccas et Séleucos qui accouraient, impatients de
connaître les intentions d’Alexandre.
    Le roi les invita à s’asseoir autour
d’une table, sur laquelle il avait déplié sa carte. « Voici mon
plan : nous allons démonter les machines et les transporter à Tralles sur
des chariots. Parménion, qui marchera vers l’intérieur pour s’assurer de la
soumission des territoires bordant le Méandre et l’Hermos, en aura besoin en
cas de résistance.
    — Et nous ? demanda
Ptolémée.
    — Vous viendrez avec moi. Nous
longerons la côte en traversant la Lycie, nous irons en Pamphylie. »
    Tout en parlant, il indiquait le
trajet au moyen d’une baguette.
    Eumène observa ses compagnons et
comprit qu’ils n’avaient pas conscience de ce qui les attendait.
    « Veux-tu emprunter ce
chemin ? interrogea-t-il.
    — Oui, répondit Alexandre.
    — Mais c’est impossible. Aucune
armée ne s’est jamais aventurée au milieu de ces falaises, et encore moins à la
mauvaise saison.
    — Je le sais », répliqua
Alexandre.
     

31
    Apelle finit par obtenir la commande pour la moitié de la somme qu’il
avait exigée, après avoir longuement marchandé avec Eumène qui aurait souhaité
le payer encore moins. L’artiste se mit aussitôt au travail, dans un atelier
que la reine Ada avait fait installer à son intention, non loin de l’agora.
Comme le souverain n’avait pas le temps de poser, il dut se contenter d’une
série de croquis au fusain qu’il avait exécutés au cours du dîner et des
divertissements qui avaient suivi une récitation de Thessalos, l’acteur préféré
d’Alexandre, ainsi que quelques prestations musicales. Il accrocha

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