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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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converger vers le
centre du champ de bataille pour prendre à revers l’infanterie des hétairoï et
les Thraces, qui résistaient encore face aux cavaliers de Bessos. Alors qu’ils
se croyaient déjà vainqueurs, ils entendirent une sonnerie de trompette, suivie
du hurlement de milliers de guerriers :
    Alalalàï !
    Ils virent ensuite surgir trois
escadrons de la cavalerie thessalienne et macédonienne, qui s’étaient récemment
enrôlés et avaient franchi le fleuve au cours de la nuit. Blessé au bras,
épuisé par le combat, Cratère s’empara aussitôt d’un étendard et leur
cria : « Hommes, à moi ! » Avisant un cheval qui passait
non loin de lui, il saisit ses rênes et l’enfourcha, puis il galopa vers eux.
Les nouvelles recrues se déployaient en un large front et avançaient déjà au
pas de charge. Se plaçant à leur tête, Cratère les guida contre les Mèdes et
les Hyrcaniens, contre les Cissiens et les Assyriens de Mazéos, engageant un
terrible affrontement.
    L’issue du combat se
modifiait : Alexandre continuait à avancer d’une allure menaçante vers le
centre ennemi, où il apercevait désarmais Darius sur son char de guerre. Le
souverain macédonien décrocha un javelot de son étrier et visa. Protégé par ses
compagnons, il le lança avec force, mais il rata sa cible : il toucha
l’aurige, qui s’écroula sur le sol. Privé de conducteur, les chevaux
s’emballèrent. Alors Darius attrapa leurs rênes et les poussa vers l’extrémité
nord du camp, fuyant la bataille à grands coups de fouet. Malgré la fuite de
leur roi, les Immortels poursuivirent leur combat avec un acharnement
incroyable, même si son issue s’annonçait désormais fatale. Ils ne commencèrent
à lâcher pied qu’en fin d’après-midi, harassés. La nouvelle de la mort du Grand
Roi s’étant répandue, de nombreux détachements s’étaient enfuis. En revanche,
Bessos fut rejoint par un courrier, qui lui apprit le départ de Darius. Il
abandonna aussitôt la bataille qu’il avait engagée contre les Grecs de l’aile
gauche. Craignant que la tiare impériale n’échoue entre les mains des
Macédoniens, il se précipita avec ses cavaliers dans le sillage du roi en
fuite, pour le protéger, ou pour devenir le seul maître de son destin. Encerclé
par les renforts thessaliens et macédoniens, par les bataillons de Perdiccas et
de Parménion, qui avait à nouveau contre-attaqué, Mazéos se rendit après avoir
eu un instant la victoire à sa portée.
     

14
    Alexandre traversait à cheval son campement en ruine, au milieu des
flammes, des dévastations, au milieu d’un nuage de fumée âcre et stagnante.
Tandis qu’il cherchait la tente de Barsine, il entendit les pleurs d’un
enfant : Phraatès veillait sur les corps de sa mère et de son frère,
encore enlacés dans une dernière étreinte.
    Le roi mit pied à terre et
s’approcha d’un air incrédule :
    « O dieux ! s’écria-t-il,
les yeux embués de larmes. Pourquoi, pourquoi réserver un destin aussi amer à
d’innocentes créatures ? »
    Il s’agenouilla près des deux corps
ensanglantés. Tout doucement, il coucha Étéocle sur le dos et le recouvrit de
son manteau, puis il se pencha sur Barsine, écarta ses cheveux et lui caressa
délicatement le front. Les yeux de sa maîtresse conservaient encore l’éclat de
ses dernières larmes, ils semblaient fixer dans le ciel un point hors de portée
des hurlements furieux, des cris de haine et d’horreur, comme s’ils suivaient
un rêve longtemps caressé et brusquement évanoui.
    Dans le silence irréel qui s’était
abattu sur le camp dévasté et bouleversé, les pleurs de l’enfant paraissaient
encore plus poignants. Alexandre se tourna vers lui et vit qu’il sanglotait,
les mains sur son visage.
    « Ne pleure pas, lui dit-il. Le
fils de Memnon de Rhodes ne peut pas pleurer. Allez, mon petit, courage. »
    Mais Phraatès ne cessait de répéter
entre ses larmes : « Pourquoi maman est-elle morte ? Pourquoi mon
frère est-il mort ? » Des questions auxquelles le souverain le plus
puissant de la terre ne pouvait apporter de réponse. Il se contenta de lui
demander : « Dis-moi qui a tué ta mère, Phraatès, et je la vengerai.
Dis-le-moi, je t’en prie. »
    L’enfant lui indiqua un groupe
d’Agrianes qui dépouillaient le cadavre d’un cavalier perse. Alexandre comprit.
Il réalisa non sans amertume que les dispositions qu’il avait données pour la
protection

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