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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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de Barsine avaient causé sa mort, ainsi que celle du jeune homme.
    Un groupe de porteurs, escorté par
un détachement de pézétairoï, passait à ce moment-là. Chargés de ramasser les
cadavres, ils se penchèrent sur le corps d’Etéocle. Mais quand ils
s’approchèrent de la dépouille de Barsine, le roi les chassa. Il prit sa maîtresse
dans les bras et la porta sous sa tente, que le feu avait épargnée. Il
l’installa sur le lit, arrangea ses cheveux, caressa ses joues pâles, déposa un
baiser sur ses lèvres exsangues. Après quoi, il lui ferma les yeux : elle
était encore très belle et semblait assoupie. Il murmura : « Dors,
maintenant, mon amour. » Puis il saisit la main de Phraatès et sortit.
    Pendant ce temps, les soldats
avaient regagné le camp, où résonnaient désormais leurs cris de victoire. Les
prisonniers étaient parqués dans un enclos, les Grecs d’un côté, les barbares
de l’autre. C’est alors qu’Héphestion arriva. Il embrassa Alexandre et lui
dit : « Je suis désolé pour elle et pour son fils. C’est un malheur
qu’on aurait pu éviter. À l’évidence, Mazéos avait reçu l’ordre d’enfoncer
notre flanc gauche pour libérer ensuite la famille de Darius. Il a failli
parvenir à ses fins : Parménion est blessé, Perdiccas et Cratère aussi, de
nombreux hommes sont tombés dans nos rangs. »
    Tandis qu’il parlait, on escortait
les femmes du Grand Roi, leurs enfants et la reine mère vers un lieu plus
tranquille, où l’on avait dressé un nouveau pavillon. Héphestion aperçut dans
ce groupe Callisthène, suivi de deux domestiques portant des paniers de papyrus
et une caisse avec ses effets personnels.
    Alexandre les salua d’un signe de
tête, puis il se tourna à nouveau vers son ami et le questionna :
« Combien ?
    — Beaucoup. Au moins deux
mille, semble-t-il, sinon plus. Mais les Perses en déroute ont également subi
des pertes massives. Des milliers et des milliers de cadavres parsèment la
plaine, et d’autres encore seront tués par notre cavalerie qui s’est jetée à
leurs trousses.
    — Darius ?
    — Il s’est enfui avec Bessos
vers Suse, probablement, ou vers Persépolis, je l’ignore. Mais nous avons
capturé Mazéos. »
    Alexandre réfléchit un instant, puis
il demanda : « Des nouvelles d’Artabaze ?
    — Je crois l’avoir vu parmi les
prisonniers perses de haut rang. Avec Mazéos, si je ne me trompe.
    — Conduis-moi auprès de lui.
    — Mais, Alexandre, les hommes
t’attendent pour t’acclamer, recevoir tes louanges… Ils se sont battus comme
des lions.
    — Conduis-moi auprès de lui,
Héphestion, et fais en sorte qu’on s’occupe d’eux », ajouta-t-il en
indiquant le corps de Barsine et celui d’Étéocle, qu’on déposait près de sa
mère à ce moment-là. Il dit ensuite à Phraatès : « Viens, mon
enfant. »
    Eumène avait rassemblé les chefs
perses, satrapes, généraux et parents du roi loin du champ de bataille, sous la
grande tente du conseil de guerre. Il avait ordonné que les blessés soient
soignés par les médecins et les chirurgiens de l’armée, qui devaient également
s’occuper des centaines de blessés qui réclamaient leur aide, gisant sur les
lieux mêmes du combat.
    Tandis qu’Alexandre pénétrait sous
la tente, la plupart des prisonniers baissèrent la tête. Les autres
s’avancèrent et se prosternèrent devant lui avant de porter leur main droite à
leurs lèvres et de lui envoyer un baiser.
    « Que font-ils ? demanda
Alexandre à Eumène.
    — Ils t’adressent le baiser
protocolaire en usage chez les Perses et uniquement réservé à la personne de
l’empereur. Nous autres Grecs l’appelons proskynesis. Par ce geste, ces hommes
te reconnaissent comme leur souverain légitime, le Grand Roi, le Roi des
Rois. »
    Alexandre, qui n’avait pas lâché un
instant la main de l’enfant, examinait les prisonniers à la recherche d’un
visage précis. Il finit par dire : « Cet enfant se nomme Phraatès,
c’est le fils de Memnon de Rhodes et de Barsine. À cause de la guerre, il a
perdu ses parents et son frère Étéocle. » Tandis qu’il prononçait ces
mots, il vit les yeux d’un vieux dignitaire, au fond de la tente, se remplir de
larmes, et il comprit que c’était l’homme qu’il cherchait. « J’espère,
reprit-il, que son grand-père, le satrape Artabaze, le dernier membre vivant de
sa famille se trouve parmi vous afin qu’il puisse prendre soin de

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