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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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moment-là faisait briller les
armes dans le nuage de poussière qu’elle soulevait, comme des éclairs dans un
nuage orageux.
    Léonnatos parcourut du regard
l’immense formation, d’un bout à l’autre de la plaine, et murmura entre ses
dents : « Grand Zeus ! » Mais le roi ne montrait aucun
signe d’étonnement face à ce spectacle grandiose, il continuait d’avancer au
pas tandis que Bucéphale arquait son encolure puissante soufflait et mâchait le
mors.
    Derrière lui, l’armée commençait à
se déployer, escadron par escadron, bataillon par bataillon, au rythme des
tambours, dans le fracas que produisaient le pas cadencé des guerriers et le
piétinement sec des chevaux. À leur gauche s’ouvrait le vaste terrain plat qui
les séparait du front perse. Alexandre préféra virer à droite pour atteindre
une bande de terre irrégulière et légèrement vallonnée.
    L’ennemi s’en rendit compte
aussitôt. On entendit une nouvelle fois les cors émettre leur son grave et
prolongé puis toute la partie gauche de l’armée perse, composée de cavaliers
scythes et bactriens, s’élança dans une manœuvre enveloppante. Au signal
d’Alexandre, les archers agrianes poussèrent leurs chevaux vers les cavaliers
adverses, décochant des nuées de flèches, puis un escadron d’hétairoï se jeta
en avant pour freiner l’ennemi. Incroyablement calme, le roi poursuivait sa
route au pas, à la tête de la Pointe. Seuls les cavaliers de son entourage
remarquèrent le battement irrégulier de ses cils et les rigoles de sueur qui
coulaient sur ses tempes.
    Les hétairoï éperonnèrent leurs
montures, dévorant rapidement l’espace qui les séparait de la vague impétueuse
des cavaliers asiatiques. L’impact fut effroyable : des centaines de
chevaux roulèrent au sol et autant de cavaliers se retrouvèrent à terre. Mais,
bien que blessés et meurtris, ceux-ci se relevèrent aussitôt et se livrèrent
des duels mortels dans un enfer de poussière, de hennissements et de
hurlements. On vit s’élever un nuage de poussière qui couvrit presque
entièrement le théâtre de la bataille, si bien qu’il fut impossible de
distinguer ce qui se passait et comment ce premier combat se déroulait. Après
avoir utilisé toutes leurs flèches, un certain nombre d’Agrianes saisirent
leurs poignards et se lancèrent dans la mêlée, entraînés par leur fureur
barbare, engageant de sauvages corps à corps avec les cavaliers ennemis, qui
filaient comme des fantômes dans la brume épaisse.
    Des sonneries de trompette
retentirent avec insistance sur la gauche. Léonnatos posa la main sur l’épaule
d’Alexandre : « Dieux du ciel, regarde ! s’écria-t-il. Les
chars, les chars à faux ! » Mais le roi ne prit même pas la peine de
lui répondre.
    Au centre de la formation perse, les
épouvantables machines s’élançaient vers le flanc gauche formé par les
Macédoniens. Perdiccas, qui les avait aussitôt remarquées, s’écria :
« Attention, soldats, attention ! Tenez-vous prêts ! »
    Mais au même moment, un groupe de
cavaliers ennemis se propulsa de biais, traînant derrière lui des fagots qui
soulevèrent un rideau impénétrable de poussière, dissimulant les chars aux yeux
des Macédoniens. Seul le soleil parvenait de temps à autre à faire briller
d’éclats funestes les faux qui tournoyaient sur les essieux des roues ou
fendaient l’air des deux côtés de la caisse et aux extrémités des jougs.
    Perdiccas et les autres commandants
ordonnèrent aux trompettes de sonner l’alarme afin que les fantassins se
tiennent prêts à ouvrir leurs rangs dès que les chars surgiraient de la
poussière. Mais ceux-ci débouchant à moins d’un stade de distance, ils ne
purent tous réagir en temps voulu aux signaux hissés sur les étendards des
chefs de subdivisions. En certains endroits, les rangs s’ouvrirent et les chars
les traversèrent sans dommage, mais ailleurs, ces sinistres véhicules fondirent
sur les Macédoniens à toute allure, fauchant les soldats comme des épis de blé,
tranchant leurs têtes aux yeux encore écarquillés et stupéfaits. Nombre d’entre
eux furent touchés aux jambes par les faux tournoyantes qui jaillissaient des
essieux, et horriblement mutilés, d’autres emportés en pleine course par les
attelages, piétinés par les sabots des chevaux et déchiquetés par les pointes
ferrées que les Perses avaient fixées sous les caisses. Pourtant, l’armée
continua

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