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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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fait qu’on ne pouvait continuer ainsi. Tu as été le seul à comprendre
les souffrances de nos hommes, leurs peurs, leur désir de rentrer chez eux, et
tu feins maintenant la surprise !
    — Ce n’est pas vrai !
rétorqua Philotas. Notre accord était totalement différent. Nous avions décidé
de soulever nos détachements au moment opportun, afin d’obliger Alexandre à
revenir sur ses projets.
    — En utilisant la force si
nécessaire, compléta Aristarque.
    — Mais sans verser de
sang ! s’écria Philotas d’un air encore plus décidé. Si votre plan se
réalisait, l’armée se retrouverait sans guide au cœur d’un pays étranger, et le
trône sans roi.
    — Ce n’est pas vrai, intervint
Agésandre. Nous avons un roi.
    — Amyntas IV, dit Simmias. Le
fils légitime du roi légitime Amyntas III. »
    Philotas secoua la tête.
« C’est impossible. Amyntas est fidèle à Alexandre.
    — Que tu dis, répliqua Simmias.
Tu verras bien, le jour où il aura la couronne de Macédoine sur la tête. »
    Philotas se laissa aller sur une
chaise à haut dossier et garda le silence un moment. Simmias reprit la
parole : « Tu es le chef suprême de la cavalerie des hétairoï, et le
nouveau roi devra être en mesure de compter sur toi. Nous devons connaître le
fond de tes pensées. »
    Philotas soupira. « Écoutez, je
pense, ou plutôt je suis certain qu’il n’est pas nécessaire de se souiller les
mains du sang d’Alexandre à qui nous devons beaucoup.
    — C’est lui qui nous doit
beaucoup, l’interrompit Aristarque. Et puis, quand il sera mort, rien ne nous
empêchera de lui attribuer de grands honneurs, d’ériger des statues et des
monuments à son effigie, de le célébrer dans le monde entier par des
inscriptions ; c’est ainsi qu’on agit. Quant à Amyntas, il sera débiteur
et devra donc nous écouter. »
    Philotas continua, comme si
Aristarque n’avait rien dit. « Je ne veux pas le tuer. Et vous non plus,
d’ailleurs. C’est moi qui vous dirai comment agir et quand. » Son ton
n’admettait pas de réplique. Il finit par remettre son manteau et sortir.
    Simmias attendit que le bruit de ses
pas se soit évanoui pour demander à ses compagnons : « Qui d’entre
vous a parlé ? »
    Ils secouèrent tous la tête en signe
de dénégation.
    « Philotas était au courant de
notre décision, quelqu’un a bien dû la lui apprendre.
    — Je n’ai rien dit, je le jure,
affirma Chrésilas.
    — Nous non plus, s’écrièrent
les autres.
    — Nous risquons notre vie,
répliqua Simmias. Rappelez vous que nous ne devons dire un mot de cette affaire
ni à nos maîtresses, ni à nos amis, ni même à nos frères. Quoi qu’il en soit,
Philotas est au courant, et il n’est peut-être pas le seul à l’être.
     
    — C’est vrai, commenta
Aristarque. Quelles sont tes intentions ?
    — Il nous faut agir sans
tarder.
    — Veux-tu dire que nous allons
maintenant tuer le roi ?
    — Le plus vite possible. S’il
apprenait ce que Philotas a su, nous serions perdus. Avez-vous jamais assisté à
un procès macédonien pour haute trahison ? Moi, si. Et à une exécution
également. Le coupable est réduit en miettes par l’armée. Lentement.
    — Quand entrerons-nous en
action ? demanda Hector de Therma.
    — Demain, répondit Simmias,
avant que Philotas soit saisi d’autres scrupules. Une fois Alexandre mort, il
ne pourra plus reculer, et il assumera ses propres responsabilités. Quant à
Perdiccas, Ptolémée, Séleucos et les autres, ils seront obligés de prendre acte
de la situation. Ce sont tous des hommes raisonnables. Et à présent,
écoutez-moi attentivement, car la moindre erreur pourrait nous trahir et nous
exposer à une terrible fin. » Il dégaina son épée et se mit à tracer des
signes sur le sol en terre battue. « Demain, le roi inaugurera le nouveau
théâtre, il tient à ce que Stateira assiste à l’interprétation de Thessalos
dans Les Suppliantes. Il quittera le palais de Satibarzanès et empruntera cette
route en longeant le quartier des marchands d’épices. Une fois à cet endroit,
il s’engagera dans la rue qui mène au théâtre entre deux rangs de pézétairoï de
la phalange, qui lui rendront les honneurs et feront barrière à la foule. C’est
le moment que nous choisirons pour agir. » Il planta son épée dans le sol
et plongea les yeux dans ceux des conjurés.
     

37
    Cébalinos était parvenu à se frayer un chemin parmi la

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