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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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bûcher ?
    — Cette vision ne cesse de
m’accompagner », répondit-il en indiquant le feu devant lui. « Et son
silence me bouleverse. Son silence, comprends-tu ? »
    Tenant son cheval par les rênes,
Alexandre rejoignit à pied le sentier où ses gardes l’attendaient. Une image
surgit alors devant ses yeux : il eut l’impression de voir son père frappé
par l’épée de l’un d’eux. Aussi les éloigna-t-il d’un geste de la main :
« Allez-vous-en, dit-il. Je n’ai pas besoin de gardes. Mes hommes
m’aiment, et mes compagnons aussi. Allez-vous-en. »
    Philotas quitta son habitation en
pleine nuit et se dirigea en toute hâte vers la ville haute, où se dressait un
bâtiment massif en briques crues qui servait de quartier général aux officiers
de la cavalerie des hétairoï. La lune était invisible, mais une myriade
d’étoiles, d’une grandeur et d’un éclat incroyables, éclairaient le ciel, et le
ruban diaphane de la galaxie se déroulait à travers la voûte céleste comme un
long soupir de lumière.
    Philotas avait revêtu un manteau
sombre dont le capuchon lui dissimulait le visage et lui permettait de circuler
sans être reconnu. Il ne le rabattit en arrière qu’après avoir atteint
l’entrée, où veillait un garde, qui se raidit et baissa sa lance en signe de
salut. Il pénétra dans l’édifice et se heurta à Simmias, l’un des commandants
du bataillon des pézétairoï.
    « Où sont les autres ?
demanda-t-il.
    — Je l’ignore, répondit
l’officier.
    — Ne mens pas. Tu le sais très
bien, tout comme moi. Je ne bougerai pas tant que je ne les aurai pas tous vus,
et s’ils ne se montrent pas… j’avertirai le roi. »
    Simmias blêmit. « Reste là,
dit-il. Certains se trouvent dans la petite tour du bastion oriental, les
autres dans le corps de garde de la cour centrale. » Il sortit par une
porte latérale. Resté seul, Philotas se mit à faire les cent pas en se tordant
les mains.
    Ils se présentèrent les uns après
les autres, et Philotas les dévisagea comme s’il passait en revue un régiment,
même si ses traits traduisaient un grand agacement. Il y avait là Simmias de
Néapolis, commandant du troisième bataillon des pézétairoï, Agésandre de
Leucopédion, commandant en second du cinquième escadron des hétairoï, Hector de
Therma, commandant de la première compagnie de la Pointe, Chrésilas de Méthône,
commandant des attaquants, Ménécratès de Mégalopolis, commandant en second des
mercenaires grecs, et Aristarque de Poliacmon, commandant en second des
« écuyers ». Philotas s’écria, sans leur laisser le temps d’ouvrir la
bouche : « Etes-vous devenus fous ? J’ai appris que vous aviez
décidé d’assassiner le roi.
    — Tu te trompes…, tenta
d’expliquer Simmias.
    — Tais-toi ! l’interrompit
Philotas. À qui crois-tu avoir affaire ? J’exige que vous me disiez qui a
pris cette décision et quand vous avez prévu d’agir, mais surtout pour quelle
raison.
    — Tu le sais très bien,
répondit Chrésilas. Alexandre n’est plus notre roi : c’est un souverain
barbare, qui s’habille comme un barbare et s’entoure de barbares. Et
nous ? Alors que nous avons conquis tout un empire, nous sommes obligés de
faire antichambre quand nous devons nous entretenir avec lui.
    — Ce n’est pas tout, intervint
Simmias. Il y a aussi ses projets fous, la conquête du monde… Tu
comprends ? La conquête du monde ! Mais quel monde ? Personne ne
sait où le monde finit ! Et s’il ne finissait jamais ? Nous devrions
nous traîner à jamais dans des déserts, des montagnes, des prairies désolées,
pour conquérir de temps en temps un village aussi misérable que cette
Artacoana ?
    — Et puis, dit Hector de
Therma, il s’est mis à fonder des colonies, mais où ? S’il a fait naître
la première Alexandrie sur la côte, dans des lieux appropriés et agréables, il
crée maintenant des villes dans des déserts peuplés de barbares, à une grande
distance de la mer. Il oblige des milliers de malheureux à s’enraciner dans des
endroits ignobles, à épouser des femmes barbares pour donner naissance à une
génération de bâtards qui ne seront jamais heureux.
    — Tous les Grecs des colonies
se sont unis à des femmes barbares, observa Philotas. Cela ne peut justifier le
meurtre du roi.
    — Ne fais pas l’hypocrite,
répliqua Simmias. Tu es le seul de ses amis à t’être toujours entendu avec nous
sur le

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