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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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insignes qu’un tel grade
comporte. En outre, il t’offre un talent d’argent, que tu pourras conserver ou
envoyer, si tu le préfères, à ta famille. Et maintenant, va te reposer : nous
venons de vivre une journée riche en émotions. »
    L’adolescent prit congé du
secrétaire général et courut apprendre la bonne nouvelle à son ami Aghirios,
savourant à l’avance le plaisir de commander et de punir ceux qui s’étaient
jusqu’à présent moqués de lui ou l’avaient maltraité.
    Alexandre signa immédiatement
l’ordre d’arrestation des commandants Simmias de Néapolis, Hector de Therma,
Chrésilas de Méthône, Ménécratès de Mégalopolis, Aristarque de Poliacmon,
Agésandre de Leucopédion, ainsi que du général des hétairoï Philotas et du
prince Amyntas de Lyncestide. Après quoi, il s’enferma dans son palais et
refusa toute visite.
    Séleucos, Ptolémée et Eumène
décidèrent de s’entretenir avec Héphestion, le seul homme susceptible d’être
reçu par le roi en un moment aussi dramatique. Ils se rendirent chez lui à la
tombée du soir. « Essaie de savoir comment il a l’intention de réagir, dit
Eumène.
    — Surtout en ce qui concerne
Philotas, ajouta Séleucos.
    — Je ne sais pas si je
réussirai à lui parler : je ne l’ai jamais vu dans un pareil état depuis
que je le connais, même au cours de notre exil lorsque nous risquions chaque
jour de mourir de faim et de froid. »
    Alors qu’il s’apprêtait à gagner le
palais, une estafette frappa à sa porte et lui remit un ordre de convocation immédiate,
signé par Alexandre.
    « Laisse tomber, dit Eumène. Il
nous a devancés. » Ils sortirent et s’acheminèrent, tous quatre, vers la
résidence royale.
    « Que va-t-il nous demander,
d’après toi ? l’interrogea Héphestion.
    — C’est évident, dit Eumène. Il
nous demandera ce que nous pensons de cette conjuration et voudra connaîtra
notre avis à propos du sort de Philotas.
    — Et qu’allons-nous
répondre ? », demanda Séleucos d’un air sombre comme s’il
s’interrogeait à voix haute.
    Perdiccas, qui arrivait à cheval, mit
pied à terre en apercevant ses amis et continua sa route avec eux, tenant sa
monture par les rênes. « Je préférerais affronter un lion à mains nues
plutôt que dire ce que je pense de cette affaire. Y avez-vous
réfléchi ? »
    Ses amis le regardèrent, et Perdiccas
put lire dans leurs yeux une angoisse et une incertitude semblables à celles
qu’il éprouvait. Il secoua la tête. « Vous non plus, vous ne savez pas
quoi dire, n’est-ce pas ? »
    Tout en parlant, ils étaient
parvenus au palais du gouverneur, sur lequel veillait un détachement de
pézétairoï et quatre Immortels de la garde impériale. Léonnatos, Cleitos le
Noir et Lysimaque survenaient du côté opposé.
    « Il ne manque que Cratère,
observa Ptolémée.
    — Et Philotas, ajouta Eumène,
les yeux rivés sur le sol.
    — Eh oui », répliqua
Ptolémée.
    Ils se dévisagèrent en silence. Ils
savaient qu’ils allaient devoir se prononcer sur la vie ou la mort d’un membre
de leur groupe, un homme avec qui ils avaient partagé la nourriture et le
jeûne, le sommeil et les veilles, les joies et les dangers, les espoirs et le
découragement.
    Léonnatos brisa le silence :
« Je n’ai jamais aimé Philotas, il est arrogant et plein de morgue, mais
l’idée d’assister à son exécution me fait mal au ventre. Allons-y maintenant,
je ne supporte plus toute cette incertitude. »
    Ils pénétrèrent dans le palais et
gagnèrent la salle du conseil, où Alexandre les attendait, assis sur son trône,
les traits tirés. Couché à ses pieds, Péritas levait en vain le nez en quête
d’une caresse.
    Le roi prit immédiatement la parole.
« Vous avez tous assisté au meurtre de mon père, commença-t-il.
    — C’est vrai, confirma Eumène
dans le cœur de qui cet assassinat avait laissé une blessure profonde et encore
douloureuse ; mais tu commettrais une grave erreur en prononçant un jugement
sous l’influence de ces images sanglantes. Ce n’est pas la même chose, et la
situation est bien différente…
    — Ah oui ? s’écria soudain
Alexandre. C’est moi qui lui ai ôté l’épée de son côté, c’est moi qui ai
recueilli son dernier râle, les vêtements trempés de son sang. Moi, le
comprends-tu ? Moi ! »
    Eumène réalisa qu’Alexandre était
obsédé par l’idée du régicide, et que la mort violente de

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