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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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risques
gros, lui conseilla-t-il.
    — J’en suis plus que certain,
répliqua Cébalinos. J’ai entendu deux hauts officiers de la phalange en parler
dans les moindres détails. »
    Aghirios secoua la tête d’un air
incrédule. « Nous venons juste d’arriver et nous voilà déjà impliqués dans
une affaire effrayante.
    — Que devrais-je faire ?
Me confier au roi ?
    — Es-tu fou ? Certainement
pas au roi. Il était déjà difficile avant, de lui adresser directement la
parole, mais maintenant le cérémonial est encore plus compliqué. Tu pourrais en
parler à l’un de ses compagnons : au général Philotas, par exemple, c’est
le chef suprême de la cavalerie des hétairoï, et nous serons dès demain
assignés à son service en qualité d’ordonnances. Il avertira lui-même le roi.
    — C’est sans doute la meilleure
chose à faire, approuva Cébalinos. Je te remercie de ton conseil.
    — Et maintenant, dors, dit
Aghirios. Le chef d’escouade nous réveillera avant l’aube pour notre
entraînement à cheval. »
    Mais le secret qu’avait appris
Cébalinos était si lourd qu’il ne parvint pas à trouver le sommeil. Les yeux
grands ouverts, il ne cessait de songer au cauchemar sanglant du régicide. Il
se sentait également excité par les retombées qu’auraient sans nul doute ses
révélations : Alexandre III de Macédoine, le conquérant de Memphis, de
Babylone et de Suse serait débiteur du plus frêle des pages, qui était l’objet
des plaisanteries et des railleries de ses camarades.
    Il s’habilla avant même que ne
retentisse la sonnerie du réveil et déjeuna silencieusement avec les autres
pages, aux côtés d’Aghirios.
    « Hé, Cébalinos, tu as perdu ta
langue ! s’exclama un de ses compagnons.
    — Laisse-le tranquille !
le fit taire Aghirios. Tout le monde est capable de s’en prendre au plus petit
de la bande.
    — Pourquoi ? Voudrais-tu
donc que je m’en prenne à toi, par hasard ? »
    Aghirios ne releva pas cette
provocation. Il termina son petit déjeuner, puis il suivit comme les autres le
chef d’escadron, qui les conduisit aux enclos des chevaux, pour leur
entraînement quotidien.
    L’esprit tourmenté par son secret,
Cébalinos tomba plusieurs fois, mais sa distraction passa pour de l’inaptitude
et l’on n’y prêta pas attention. Le soir, avant le dîner, il fut chargé avec
son ami de se rendre chez Philotas, de lui ôter son armure et de prendre soin
de ses armes. Ils devaient astiquer sa cuirasse et ses jambières, vérifier
l’état des lanières de son bouclier, aiguiser son épée et sa lance.
    Les deux adolescents s’employèrent à
remplir leur mission le mieux possible. Cébalinos attendait le moment opportun
pour parler, mais il n’en trouvait pas le courage. Il garda donc le silence ce
jour-là, et le lendemain aussi. Aghirios l’encourageait : « Le
général te remerciera, qu’est-ce que tu crois ? N’aie pas peur. Le temps
passe, et le roi pourrait être tué à chaque instant. Allez, qu’est-ce que tu
attends ? »
    Le lendemain soir, tandis que Philotas
s’apprêtait à sortir, l’adolescent rassembla son courage et lui dit :
« Commandant… »
    Philotas se retourna :
« Qu’y a-t-il, mon garçon ?
    — Il faut que je te parle,
commandant.
    — Je n’ai pas le temps, pour
l’instant. De quoi s’agit-il ?
    — Il s’agit d’une affaire
importante. Il s’agit de la vie du roi. »
    Philotas s’immobilisa sur le seuil
et baissa la tête, comme si la foudre venait de le frapper. Mais il ne se
retourna pas.
    « Qu’entends-tu dire par
là ?
    — Qu’il court un grave danger.
Quelqu’un veut le tuer et… »
    Brusquement, Philotas referma la
porte et revint sur ses pas : « Bande de fous, de malheureux !
murmura-t-il entre ses dents. Ils n’ont pas voulu m’écouter… » Le jeune
homme recula, comme apeuré, mais Philotas lui lança un regard encourageant :
« Comment t’appelles-tu, mon garçon ?
    — Je me nomme Cébalinos.
    — Bien. Maintenant, assieds-toi
et dis-moi ce que tu sais. Nous allons tout arranger, tu vas voir. »
     

36
    Le jour du départ approchant, Alexandre avait demandé à la princesse
Stateira de le rejoindre, afin de passer un peu de temps en sa compagnie avant
une longue séparation. Il la retrouva le long de la route qui venait de
Zadrakarta. Dès qu’elle l’aperçut, elle descendit de sa voiture et courut vers
lui comme une jeune fille vers son premier

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