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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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terminons ! »
    — Méprisant, commenta le roi,
comme un noble macédonien. Méprisant, comme toujours.
    — Mais comment ne peux-tu pas
être saisi par le doute ?, l’interrogea Callisthène.
    — Le doute ne m’est pas permis,
répondit Alexandre. Il existe un témoignage accablant, que les tueurs ont
confirmé.
    — Et Amyntas ? demanda
Eumène d’une voix brisée par l’angoisse. Épargne-le, au moins. Aucune
accusation ne pèse sur lui.
    — Il y a déjà eu un précédent.
Et il serait monté sur le trône après mon assassinat. Cela ne suffit pas ?
    — Non ! s’exclama
Callisthène avec un courage dont il n’avait jamais fait preuve jusqu’à ce
moment-là. Non, cela ne suffit pas ! Et tu veux savoir pourquoi ? Tu
te rappelles la lettre de Darius contenant la promesse de lui verser deux mille
talents ? Elle était factice ! Tout était factice : la lettre,
le messager, le complot… ou plutôt, il y a bien eu un complot, mais c’est ta
mère qui l’a ourdi, en accord avec Sisinès, l’Égyptien, dans le but d’anéantir
Amyntas.
    — Tu mens ! s’écria
Alexandre. Sisinès était un espion de Darius, et c’est pour cette raison qu’il
a été exécuté après Issos.
    — Oui, mais c’est moi qui ai
été le dernier à lui parler : il voulait me corrompre, il voulait
corrompre Ptolémée. J’ai fait semblant d’accepter son marché : il devait
me remettre quinze talents, et vingt à Ptolémée, afin que nous nous taisions et
que nous nous portions garants de son innocence. Je ne t’ai rien dit, et j’ai
gardé ce lourd secret au fond de mon cœur pour t’éviter des soucis ainsi qu’un
conflit avec ta mère. Olympias a toujours été obsédée par ta succession :
c’est elle qui a fait étrangler le bébé d’Eurydice dans son berceau,
l’aurais-tu oublié ? »
    Alexandre frissonna en se remémorant
l’image d’Eurydice, couverte de bleus, le visage égratigné et les cheveux
sales, qui serrait contre sa poitrine le cadavre de son bébé. L’image était
aussi nette que si la jeune femme était apparue la veille devant lui.
    « Une créature de ton sang,
continua Callisthène sur un ton implacable. À moins que tu ne te prennes
vraiment pour le fils d’un dieu ? »
    Alexandre bondit, comme sous l’effet
d’un coup de fouet, il s’élança sur Callisthène en dégainant son épée.
« Tu as poussé le bouchon trop loin ! », s’écria-t-il.
L’historien blêmit : il comprenait qu’il avait déclenché une colère dont
il n’était pas en mesure de supporter les conséquences. Eumène s’interposa et
le roi s’immobilisa au dernier instant.
    « Il a dit ce qu’il pensait.
Est-ce une raison suffisante pour le tuer ? Si tu veux des adulateurs et
des courtisans qui ne prononcent que les mots que tu veux entendre, alors tu
n’as plus besoin de nous. » Il se tourna vers son compagnon, qui tremblait
comme une feuille, le visage aussi pâle que celui d’un cadavre. « Viens,
Callisthène, allons-nous-en, le roi n’est pas de bonne humeur
aujourd’hui. »
    Ils sortirent, et Alexandre se
laissa tomber sur son tabouret, portant les mains à ses tempes pour tenter de
contenir une douleur lancinante.
    « Une sale affaire, j’en
conviens, dit une voix dans son dos. Hélas, il n’existe pas d’échappatoire. Il
faut que tu frappes sans hésiter, même si tu es taraudé par le doute. Philotas
ne voulait peut-être pas te tuer, il souhaitait peut-être te mettre sous
tutelle, ou te contraindre à prendre certaines décisions en abusant de sa
position et de celle de son père, mais il faisait certainement partie de la
conjuration. » Eumolpos de Soles traversa la salle encore sombre, et prit
place sur un tabouret, en face du roi. « As-tu également entendu ce qu’a
dit Callisthène ?
    — L’histoire d’Amyntas ?
Oui. Mais, ici aussi, peux-tu avoir confiance ? Qui donc assistait à
l’interrogatoire qui a précédé l’exécution de Sisinès ? Personne, à ce
qu’il me semble, à l’exception de Callisthène. Il ne possède donc aucune preuve
de ce qu’il avance. Amyntas est objectivement un danger : à la cour perse,
il aurait été immédiatement éliminé. Et n’oublie pas que tu es également le roi
des Perses, désormais. Tu es le Roi des Rois. Mais tu ne seras sans doute pas
obligé de t’exposer : la cour émettra certainement un verdict de
condamnation. Tu n’auras qu’une seule chose à faire : refuser la grâce

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