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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Macédoniens, à
Arsès, roi des Perses, Roi des Rois, lumière des Aryens, etc., etc.,
salut !
    Le roi Artaxerxès, troisième de ce
nom, ton père et prédécesseur, nous a fait un grand affront sans qu’il y ait
jamais eu de provocation de notre part. Il a enrôlé et payé des troupes
mercenaires qu’il a prêtées à nos ennemis alors que nous étions occupés par le
siège de Périnthe et la guerre contre Byzance.
    Les dommages que nous avons subis
sont considérables. C’est pourquoi je te demande le paiement d’une indemnité
de…
    Eumène leva la tête.
    … cinquante talents.
    Le secrétaire laissa échapper un
sifflement.
    Si tu n’acceptes pas notre requête,
nous devrons te considérer comme un ennemi, avec toutes les conséquences qu’une
telle considération pourra comporter.
    Prends soin de toi, etc., etc.
    « Transcris-la sur un papyrus
et rapporte-la-moi pour que j’y appose mon sceau. Elle devra être envoyée par
un courrier rapide.
    — Par Zeus, sire !
s’exclama Eumène. C’est la lettre la plus péremptoire que j’aie jamais vue.
Arsès n’aura qu’une possibilité : te répondre sur le même ton.
    — C’est exactement ce que je
souhaite, affirma le roi. La missive mettra un ou deux mois pour arriver et un
ou deux mois pour revenir, ce qui me laisse tout juste le temps de régler mes
affaires en Grèce. Après quoi, je m’occuperai de ce châtré et de son pantin.
Fais lire cette lettre à Alexandre et note ses réactions.
    — Je n’y manquerai pas »,
assura Eumène en sortant, la tablette sous le bras.
    Alexandre lut la missive et comprit
que son père avait décidé d’envahir l’Asie, qu’il cherchait un prétexte pour
déclencher les hostilités.
    Il retourna à Miéza dès qu’il se fut
libéré des multiples devoirs que son retour à Pella avait engendrés :
participation aux réunions du gouvernement, à la réception des hôtes étrangers,
des ambassades et des délégations, et aux assemblées de l’armée, fondamentales
pour les relations que la couronne entretenait avec les nobles qui
l’appuyaient.
    Aristote avait déjà quitté les
lieux, mais son neveu Callisthène était encore là. Il mettait de l’ordre dans
la collection de plantes de son oncle et s’occupait de l’édition des œuvres que
le philosophe avait expressément dédiées à son royal élève : une étude
consacrée à la monarchie et une autre à la colonisation, où il théorisait sur
la diffusion, dans le monde, du modèle de la cité grecque, seul et véritable
véhicule de liberté, laboratoire de civilisation spirituelle et matérielle.
    Quoi qu’il en soit, Alexandre
demeura quelques jours à Miéza afin de se reposer et de méditer, prenant ses
repas en compagnie de Callisthène, un jeune homme d’une grande culture, qui
possédait une profonde connaissance de la situation politique des États grecs.
    Passionné par l’histoire, il s’était
procuré non seulement les grands ouvrages classiques d’Hécatée de Milet, d’Hérodote
et de Thucydide, mais aussi ceux des historiens occidentaux tels que le
Syracusain Philistos, qui relatait l’histoire des cités grecques de Sicile et
d’Italie, un pays où émergeaient de nouvelles puissances, comme la ville de
Rome, fondée par le héros troyen Énée et visitée par Héraclès au cours du
voyage qui l’avait ramené de la lointaine Ibérie.
    Après le dîner, ils s’asseyaient à
l’extérieur, sous le portique, et discutaient jusqu’à une heure avancée.
« Pendant que ton père se battait contre les Scythes, dit un soir
Callisthène, le conseil du sanctuaire de Delphes a déclaré une nouvelle guerre
sainte contre les habitants d’Amphissa.
    — Je le sais, répliqua le
prince. Mais aucun des deux partis n’est en mesure de l’emporter. Les Thébains
se cachent derrière Amphissa, ils refusent de sortir à découvert pour éviter
d’encourir les foudres du conseil. La situation est à nouveau critique,
notamment si l’on considère la future décision d’Athènes. Le conseil nous a
déjà envoyé une demande d’intervention officielle, et je ne crois pas que mon
père se le fera dire deux fois. »
    Callisthène se versa un peu de vin
après avoir servi le prince. « Le conseil est présidé par les Thessaliens,
qui sont vos amis… Connaissant ton père, je ne m’étonnerais pas d’apprendre qu’il
est l’auteur de cette manœuvre. »
    Alexandre l’observa tandis qu’il
sirotait

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