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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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dirigea
vers la porte.
    « Tu lui diras aussi… Tu lui
diras aussi que…
    — Que ?
    — Qu’il se maintienne en bonne
santé.
    — Je n’y manquerai pas. »
    Un peu plus tard, on entendit un
hennissement et un bruit de galop, qui s’évanouit dans le lointain.
    « Il a refusé de manger et de
se reposer. » La voix du roi résonna dans le dos d’Alexandre.
« Philippe doit être très impatient de connaître ta réponse. Viens, j’ai
ordonné qu’on prépare notre petit déjeuner. »
    Ils passèrent dans une pièce où l’on
avait installé deux tables et deux sièges à accoudoirs. Il y avait du pain
frais, des tranches de maquereau et d’espadon grillées.
    « Je te mets dans une situation
difficile, admit Alexandre. C’est mon père qui t’a installé sur le trône.
    — C’est vrai. Mais j’ai grandi,
je ne suis plus un enfant. C’est moi qui le protège dans cette région, et je
t’assure que ce n’est pas une tâche facile. Il arrive fréquemment aux Illyriens
de se montrer turbulents ; les pirates infestent nos côtes et l’on
signale, à l’intérieur, des mouvements de peuples nordiques, qui descendent le
cours de l’Istros. Ton père aussi a besoin de moi. En outre, je dois
sauvegarder la dignité de ma sœur Olympias. »
    Alexandre mangea un peu de poisson
et but une gorgée de vin, un vin léger et pétillant qui provenait des îles
Ioniennes. Il alla à la fenêtre qui donnait sur la mer en grignotant un morceau
de pain. « Où est Ithaque ? », demanda-t-il.
    Le roi tendit la main vers le sud.
« L’île d’Ulysse se trouve là-bas, à environ un jour de navigation en
direction du sud. Là, en face, c’est Corcyre, l’île des Phéaciens, où le héros
fut hébergé dans le palais royal d’Alcinoos.
    — L’as-tu déjà vue ?
    — Ithaque ? Non. Mais il
n’y a rien à y voir. L’île n’est peuplée que de chèvres et de cochons.
    — C’est possible, mais
j’aimerais quand même m’y rendre. Je voudrais y arriver à la tombée de la nuit,
quand les flots changent de couleur et que toutes les voies, terrestres et
maritimes, s’assombrissent ; éprouver ce qu’éprouva Ulysse en la revoyant
après une si longue absence. Moi, je pourrais… Je suis sûr que je pourrais
revivre ces sentiments.
    — Si tu le souhaites, je t’y
ferai conduire. Ce n’est pas loin, comme je te l’ai dit. »
    Alexandre ne parut pas relever cette
proposition. Il tourna le regard vers l’ouest où le soleil, qui se levait
derrière les monts d’Épire, commençait à rosir les sommets de Corcyre.
    « Derrière ces montagnes et
au-delà de cette mer s’étend l’Italie, n’est-ce pas ? »
    Le visage du roi sembla
s’éclairer : « Oui, Alexandre, c’est là que se trouvent l’Italie et
la Grande Grèce. Des villes fondées par les Grecs, incroyablement riches et
puissantes, telles que Tarente, Locres, Crotone, Thourioi, Rhégion, et tant
d’autres encore. Il y a d’immenses forêts et des troupeaux, des milliers et des
milliers de têtes de bétail. Des champs de blé que le regard ne parvient pas à
embrasser. Et des montagnes couvertes de neige en toutes saisons, qui se
mettent brusquement à cracher du feu et des flammes en secouant la terre de
tremblements.
    « De l’autre côté de l’Italie
il y a la Sicile, la terre la plus florissante et la plus belle qui soit. C’est
là que sont situées la puissante Syracuse, Agrigente, Géla et Sélinonte. Plus
loin, la Sardaigne, puis l’Espagne, le pays le plus riche du monde grâce à ses
mines d’argent inépuisables, à son étain et à son fer.
    — Cette nuit, j’ai fait un
rêve, dit Alexandre.
    — Quel rêve ? demanda le
roi.
    — Nous étions tous deux
ensemble, à cheval, sur le sommet du mont Imaros, le plus haut de ton royaume.
Je montais Bucéphale, et toi Cheraunos, ton cheval de bataille, nous étions
inondés de lumière car, au même instant, un soleil se couchait sur la mer à
l’occident, et un autre se levait à l’orient. Deux soleils, te rends-tu
compte ? Un spectacle émouvant.
    « À un moment donné, nous nous
disions au revoir car tu voulais gagner le lieu où le soleil se couchait, et
moi, celui où il se levait. N’est-ce pas merveilleux ? Un Alexandre
partant vers le soleil levant, et un autre vers le soleil couchant ! Avant
de nous quitter, avant d’éperonner nos chevaux respectifs vers la lumière du
globe flamboyant, nous prononcions une promesse

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