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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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qu’il avait eu tout loisir de connaître lorsqu’il se trouvait à la
cour de Philippe, à Pella.
    Cette nuit-là, ils dormirent dans
une résidence de chasse. Ils repartirent le lendemain avec une escorte
d’honneur pour gagner en deux jours le palais royal de Boutrotos. Cette ville
qui donnait sur la mer, était le cœur mythique du petit royaume d’Épire. Selon
la légende, Pyrrhos, le fils d’Achille, y avait accosté en amenant comme
esclaves Andromaque, la veuve d’Hector, et Hélénos, le devin troyen. Pyrrhos
avait pris Andromaque comme concubine avant de l’offrir à Hélénos. De ces deux
unions étaient nés des enfants qui, en se mariant entre eux, avaient engendré
la dynastie royale qui régnait encore sur ces territoires.
    Du côté de sa mère, Alexandre de
Macédoine descendait donc du plus grand héros grec et de la lignée de Priam, qui
gouvernait l’Asie. C’est ce que chantaient les poètes qui égayaient le soir, au
cours des banquets, le souverain et ses invités, lesquels vécurent
tranquillement pendant quelques jours. Mais le roi d’Épire n’entretenait aucune
illusion : il savait fort bien qu’ils allaient vite recevoir des visites.
    La première lui fut annoncée un
matin, à l’aube, alors qu’il n’était pas encore levé. C’était un cavalier de la
garde personnelle de Philippe, couvert de boue de la tête aux pieds : il
avait récemment plu en montagne.
    « Le roi est furibond, dit-il
sans même accepter un bain chaud. Il s’attendait qu’Alexandre se présente, le
lendemain du banquet, pour s’excuser de son comportement, des mots méprisants
avec lesquels il s’est moqué de lui devant ses invités et son épouse.
    — Mon neveu affirme que le roi
l’a agressé, l’épée au poing, et qu’Attale l’a traité de bâtard. Philippe doit
comprendre qu’étant du même sang que lui, son fils possède aussi le même
orgueil, la même dignité, ainsi qu’un caractère fort semblable au sien.
    — Le roi ne veut pas entendre
raison ; il exige qu’Alexandre regagne aussitôt Pella pour implorer son
pardon.
    — Le connaissant, je pense
qu’il ne le fera pas.
    — Alors, il devra en supporter
les conséquences. »
    Doté d’un sommeil léger, Alexandre avait
entendu le bruit des sabots sur le pavage en cailloux du corps de garde. Il
s’était levé, avait jeté un manteau sur ses épaules, et il écoutait à présent,
sans se montrer, ce que le messager de son père disait.
    « Quelles conséquences ?
demanda le souverain.
    — Ses amis seront tous exilés
en qualité de traîtres ou de conspirateurs, à l’exception d’Eumène, qui est le
secrétaire de Philippe, et de Philotas, le fils du général Parménion.
    — Je rapporterai tes mots à mon
neveu et te ferai connaître sa réponse.
    — J’attendrai ton retour et je
repartirai aussitôt.
    — Ne veux-tu pas te restaurer
et te laver ? Ici, les invités sont accueillis avec tous les égards.
    — Je ne peux pas. Le mauvais
temps a déjà retardé ma marche », expliqua l’envoyé macédonien.
    Le roi quitta la salle d’audience et
se heurta à son neveu, dans le couloir.
    « Tu as entendu ? »
    Alexandre acquiesça.
    « Que penses-tu faire ?
    — Il est hors de question que
je rampe aux pieds de mon père. Attale m’a offensé en public, et c’est lui qui
aurait dû intervenir pour défendre ma dignité. Au lieu de cela, il s’est
précipité sur moi, l’épée au poing.
    — Mais tes amis vont payer un
prix très élevé.
    — Je le sais, et cela me
remplit de douleur, mais je n’ai pas le choix.
    — Ce sont tes derniers
mots ?
    — Oui. »
    Le roi l’étreignit. « C’est ce
que j’aurais fait si j’avais été à ta place. Je vais rapporter ta réponse à
l’envoyé.
    — Non, attends. Je m’en
charge. »
    Il s’enveloppa dans son manteau et
pénétra, pieds nus, dans la salle des audiences. Le messager eut d’abord un
mouvement de surprise, puis il baissa aussitôt la tête en signe de déférence.
    « Que les dieux te gardent,
Alexandre.
    — Qu’ils te gardent aussi, mon
bon ami. Voici la réponse que tu délivreras à mon père. Dis-lui qu’Alexandre ne
lui demandera pardon qu’après avoir reçu les excuses d’Attale et l’assurance
que la reine Olympias ne subira aucune humiliation, que son rang de souveraine
des Macédoniens sera reconfirmé comme il se doit.
    — C’est tout ?
    — C’est tout. »
    L’envoyé s’inclina puis se

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