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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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bras en guise de salut et éperonna
lui aussi sa monture en entraînant le cheval de bât.
    Olympias les suivit de son regard
embué jusqu’à ce qu’ils disparaissent au fond du sentier qui menait au Nord.
    La missive du roi d’Épire fut remise
à Callisthène, à Pella, quelques jours plus tard. Le neveu d’Aristote l’ouvrit
d’un mouvement impatient et la parcourut rapidement.
    Alexandre, roi des Molosses, à Callisthène,
salut !
    J’espère que tu te portes bien.
L’existence de mon neveu Alexandre s’écoule paisiblement en Épire, loin des
tracas de la vie militaire et des soucis quotidiens du gouvernement. Il passe
ses journées à lire les poètes tragiques, en particulier Euripide, et
naturellement Homère, dans l’édition de la cassette que ton oncle et maître
Aristote lui a offerte. Il s’amuse parfois à jouer de la cithare.
    Il prend aussi part à des battues de
chasse…
    Au fil de sa lecture, Callisthène
sentait croître son étonnement devant la banalité et la totale insignifiance de
cette lettre. Le souverain ne disait rien d’important ni de personnel. C’était
une missive complètement inutile. Mais pourquoi ?
    Déçu, il posa le papyrus sur son
écritoire et se mit à arpenter sa chambre en essayant de deviner le sens de ce
message, quand, jetant un coup d’œil à la feuille, il s’aperçut que ses bords
étaient ponctués d’entailles, des sortes de petites déchirures, qui, à bien les
observer, avaient été savamment effectuées à l’aide de ciseaux.
    Il se tapa le front :
« Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ! Mais oui, c’est le code des
polygones qui s’entrecoupent. »
    Il s’agissait d’un code de
communication qu’Aristote lui avait jadis appris et qu’il avait lui-même
transmis au roi d’Épire en pensant qu’il lui serait utile le jour où il devrait
conduire une campagne militaire.
    Il s’empara d’une règle et d’une
équerre et commença à relier toutes les entailles selon un ordre précis, puis
tous les points d’intersection. Il traça ainsi des lignes perpendiculaires de
chaque côté du polygone intérieur et obtint d’autres intersections.
    Chaque intersection soulignait un
mot. Callisthène les recopia donc, l’un après l’autre, selon une suite de
nombres qu’Aristote lui avait enseignée. Une façon simple et géniale d’envoyer
des messages secrets.
    Quand il eut terminé, il brûla la
lettre et se précipita chez Eumène. Il le trouva enseveli sous une montagne de
papiers, occupé à calculer les impôts et les dépenses prévus pour l’équipement
de quatre bataillons de la phalange supplémentaires.
    « J’ai besoin d’une
information, dit-il avant de lui murmurer quelque chose à l’oreille.
    — Ils sont partis depuis trois
jours, répondit Eumène en levant le nez.
    — Oui, mais où sont-ils
allés ?
    — Je l’ignore.
    — Tu le sais très bien.
    — Qui veut cette
information ?
    — Moi.
    — Alors je l’ignore. »
    Callisthène s’approcha et lui
chuchota de nouveau quelques mots à l’oreille. Puis il ajouta :
« Peux-tu lui transmettre un message ?
    — Combien de temps
m’accordes-tu ?
    — Au maximum deux jours.
    — Impossible.
    — Alors, je le ferai
moi-même. »
    Eumène secoua la tête.
« Donne-moi ça, que comptes-tu faire toi-même ? »
    Alexandre et Héphestion gravirent la
chaîne des monts Argiriniens, dont les cimes étaient déjà saupoudrées de neige,
puis ils descendirent vers la vallée de l’Aoos, qui brillait comme un ruban
d’or au fond de cette verte étendue. Les flancs des montagnes, recouverts de
forêts, commençaient à changer de couleur à l’approche de l’automne, et le ciel
était parcouru par de longues envolées d’oiseaux et par le cri des grues qui
abandonnaient leurs nids pour migrer au loin, vers les terres des Pygmées.
    Ils cheminèrent pendant deux jours
dans la vallée de l’Aoos, en direction du nord, puis rencontrèrent celle de
l’Apsos, où ils s’engagèrent. Ils laissaient derrière eux les terres
d’Alexandre d’Épire et s’enfonçaient dans l’Illyrie.
    Les habitants de ce pays vivaient
dans de petits villages fortifiés, dotés de murs en pierres sèches, et tiraient
leurs ressources de l’élevage des chevaux, parfois du brigandage. Mais
Alexandre et Héphestion avaient prudemment enfilé des pantalons identiques à
ceux que portaient les barbares, ainsi que des manteaux de laine brute. Ces
vêtements ne

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