Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Alès, puis nous gagnâmes Le Puy, Brioude, Issoire, Clermont et Saint-Pourçain, puis Saint-Benoît-sur-Loire.
    Les paysans venaient en foule sur notre passage, demandant au roi de les bénir et de les protéger.

    Enfin nous arrivâmes au château royal de Vincennes d’où, après une halte, nous partîmes pour l’abbaye royale de Saint-Denis.
    Le roi déposa là son oriflamme et sa croix.
    Il le fit avec des gestes lents, le visage empreint de tristesse, mais aussi de résolution.
    Après quoi nous nous dirigeâmes vers Paris où nous rentrâmes le 7 septembre 1254.

sixième partie
    (1254-1270)
    « Si je souffrais seul l’opprobre et l’adversité, et si mes propres péchés ne retombaient pas sur l’Église universelle, je supporterais ma douleur avec fermeté.
    « Mais, par malheur pour moi, toute la Chrétienté a été couverte de confusion par ma faute. »
    S aint L ouis
    à son retour de croisade, en 1254.
    61.
    Au milieu de son peuple qui l’acclamait, le roi paraissait conduire un cortège funèbre.
    J’étais auprès de lui, ce 7 septembre 1254.
    Il avançait tête baissée dans les rues de Paris où l’on criait joyeusement ses titres et son nom. Des femmes dansaient en rond. Des bourgeois apportaient des présents. Des mendiants agenouillés sollicitaient la bénédiction souveraine. Des clercs chantaient.
    Il y eut même une messe en l’honneur du Saint-Esprit pour que le roi reçût les consolations de Celui qui est au-dessus de tout.
    Mais le roi gardait le visage fermé, marqué par cette cruelle souffrance qu’est le remords.
    Il s’accablait, je le sais, honteux d’avoir été prisonnier des Sarrasins, d’avoir dû payer rançon aux Infidèles, d’avoir laissé le Saint-Sépulcre aux mains du sultan et de ses émirs, d’avoir ainsi prolongé, peut-être avivé la douleur de la Chrétienté.

    Il ne repoussait pas les cadeaux que ses sujets lui apportaient, mais paraissait ne pas les voir, recroquevillé et poussant de profonds soupirs.

    J’ai entendu un évêque lui dire de la voix d’un père bienveillant et soucieux :
    – Craignez, mon très cher Seigneur et roi, de tomber dans ce dégoût de la vie et cette tristesse qui anéantissent la joie spirituelle et deviennent les maîtres de l’âme ; c’est le plus grand péché, car il fait tort au Saint-Esprit. Songez à la patience de Job…
    Et le roi de répondre :
    – Si je souffrais seul l’opprobre et l’adversité, et si mes propres péchés ne retombaient sur l’Église universelle, je supporterais ma douleur avec fermeté, mais, par malheur pour moi, toute la Chrétienté a été couverte de confusion par ma faute…
    Peu lui importaient alors les chants, les danses, les présents, les musiques, la joie de ses sujets à retrouver leur roi, qui découvraient parmi les charrois cette masse grise qui se balançait paisiblement de gauche et de droite : un éléphant que le roi voulait offrir à Henri III, roi d’Angleterre, venu à Paris sceller la paix entre Capétiens et Plantagenêts.

    J’étais parmi les convives du festin qui, plus tard, réunit les deux souverains et leurs suites.

    J’ai écouté, puis lu les chroniqueurs :
    « Jamais, à aucune époque des temps passés, disent-ils, ne fut célébré un repas si splendide et si nombreux. Car on y remarqua d’une manière éclatante la fertile variété des mets, la délicieuse fécondité des boissons, l’empressement joyeux des serviteurs, le bel ordre des convives, l’abondante libéralité des présents.
    « Le Seigneur roi de France, qui est le roi des rois de la Terre tant à cause de l’huile céleste dont il a été oint qu’à cause de son pouvoir et de sa prééminence en chevalerie,
s’assit au milieu, ayant à sa droite le Seigneur roi d’Angleterre et le Seigneur roi de Navarre à sa gauche… »
    J’écoutai le roi qui disait :
    « Henri III et moi nous avons chacun épousé des soeurs, et donc nos enfants sont des cousins germains. Je me fais grand honneur en offrant la paix au roi d’Angleterre, car il devient mon vassal, ce qu’il n’était pas avant… »
    Mais il n’y avait aucun élan dans sa voix, toujours voilée par la tristesse et le remords.

    Rutebeuf, poète et jongleur, avait composé la Complainte de Monseigneur Geoffroy de Sergines . Il s’y attristait de ce grand vassal du roi laissé en Terre sainte avec cent chevaliers. Et comme il advint qu’on la chantât devant le roi, qu’ainsi on

Weitere Kostenlose Bücher