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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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chambellans, ses prévôts, ses baillis, veillant sur ses archives, sur la justice et le Trésor royal, dépendant en tout du roi, ses serviteurs plus que ses vassaux.
    Ils étaient échansons, écuyers, panetiers, fauconniers, cuisiniers. Ils n’étaient pas issus d’une noble et vieille lignée. Parfois, ils étaient moines cisterciens ou hospitaliers, comme le frère Guérin. Ils vivaient dans la maison royale, à quelques pas du roi.
    Mon fils Henri de Thorenc était l’un d’eux. Le roi avait l’habitude – mon fils avec orgueil me le confia – de leur ouvrir son âme et de leur révéler ses pensées secrètes.
    Mais, à côtoyer le roi pendant trente-quatre années, j’étais moi aussi devenu renard et faucon, et je savais fort bien que
Philippe ne dévoilait jamais le fond de son âme et de ses pensées.
    Il n’est pas de roi sans mystère.

    Ainsi, qui aurait pu expliquer les motifs de l’attirance puis de la répulsion et peut-être de la haine qui avaient uni et séparé Philippe Auguste et son épouse rejetée, Ingeburge ?
    Le légat du pape, Pierre de Capoue, avait, au nom d’Innocent III, prononcé l’interdit sur le royaume de France, puisque Philippe Auguste s’était obstiné à vivre avec Agnès de Méran alors qu’il était, aux yeux du pape et devant Dieu, l’époux d’Ingeburge.
    Mais le roi résista au souverain pontife, persécutant les évêques qui appliquaient la sentence d’Innocent III. Ils étaient maltraités, chassés de leurs évêchés, leurs biens confisqués. Et la plupart préférèrent obéir au roi qu’à Rome.
    Ingeburge fut enlevée du monastère où elle était recluse et enfermée dans un château situé à trois journées de Paris.
    Puis le roi l’installa dans une maison de chasse située au coeur de la forêt de Rambouillet. C’était manière d’indiquer au légat que la réconciliation entre les époux était possible, puisque Philippe se rendait souvent en forêt de Rambouillet pour y chasser.
    Je confiai à mon fils Henri que le renard paraissait disposé à se jouer du légat.
    Le roi vint même, avec Ingeburge en croupe, chevaucher devant un concile que présidait le légat, qui devait juger de son attitude et se prononcer sur la question de son divorce.
    Quel divorce ? clama Philippe Auguste en posant la main sur la cuisse d’Ingeburge, contrainte de se serrer contre lui si elle ne voulait pas être désarçonnée.
    Mais ce n’était là qu’un leurre pour éviter la sentence.
    Ingeburge fut emprisonnée à Étampes, et Agnès de Méran installée au château de Poissy où elle accoucha d’un fils de Philippe.
    Celui-ci avait alors obtenu la levée de l’interdit sur son royaume, et les nouvelles condamnations émises par le pape n’eurent aucun écho.
    Le clergé du royaume restait fidèle à son roi.

    Une fois encore, la mort fut l’alliée de Philippe Auguste. Agnès de Méran mourut en août 1201.
    Je vis le roi agenouillé au pied du lit mortuaire, mains jointes, tête baissée.
    J’eus de la compassion pour lui.
    Mais le roi profitait de la mort : le pape innocent III légitima les deux enfants d’Agnès, nés de son union pourtant sacrilège avec Philippe Auguste.
    Ainsi Louis, fils de la première épouse, Isabelle de Hainaut, que l’on disait de santé fragile, ne portait plus seul l’avenir du royaume.
    D’autres enfants de sang royal assuraient la continuité de la lignée capétienne.
    Avec l’aide de Dieu !
    20.
    Dieu a-t-Il choisi d’aider Philippe Auguste et d’abandonner Jean sans Terre, sacré duc de Normandie, à Rouen, le 25 avril 1199, puis roi d’Angleterre, à Londres, le 27 mai de la même année ?
    Ou bien, comme je le crois, Dieu a-t-Il observé, sans prendre parti, le cruel tournoi qui a opposé le roi de France et le roi d’Angleterre, se réservant de les juger quand ils comparaîtraient devant Lui ?
    Moi, Eudes de Thorenc, et mon fils Henri nous affronterons aussi le Jugement dernier. Nous fûmes les vassaux fidèles du roi de France et avons combattu pour qu’il soit vainqueur.
    Moi, je sais que Philippe Auguste, notre champion, dans ces accès de fureur qui l’emportaient parfois, a donné l’ordre de massacrer des chrétiens dont la seule faute était d’être paysans sur les terres du Plantagenêt.
    Il a incité ses routiers à brûler même les monastères, et quand il est entré dans la ville de Tours, au terme de sa chevauchée, il a fait incendier des quartiers entiers, et

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