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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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et à tous nos navires que les flammes n’avaient pas encore dévorés.
    De les voir se consumer, d’entendre craquer les mâts ainsi que les poutres des maisons, rendit au roi sa maîtrise. Sa colère devint habileté et rancune, volonté et ténacité. Il réunit ses proches chevaliers et j’étais à quelques pas de lui lorsqu’il nous dit :
    « Votre sagesse connaît bien les mobiles qui me déterminèrent à aller visiter les places de l’Angleterre, et vous savez que je n’y fus entraîné par aucun vain désir de gloire ou de jouissance terrestre. Je n’étais conduit que par le zèle et l’amour divin, et voulais simplement prêter mon concours à l’Église opprimée. »
    Mon souverain aussi peut avoir deux langues dans la bouche.
    Puisque Jean sans Terre s’est soumis à l’Église, poursuivit-il, « il convient que nous changions nos projets ».
    C’était la guerre ouverte au comte Ferrand, à la coalition.
    « Je tiens captifs soixante bourgeois de Bruges… ils me donneront soixante mille marcs d’argent. Et ceux de la ville d’Ypres me paieront le même poids », ajouta Philippe Auguste.

    La guerre ne fut que pillages et incendies, viols et meurtres, sans que les armées se rencontrent.
    L’Artois, possession de Louis de France, fut ravagé. Louis et ses compagnons furent encerclés par les flammes à Bailleul et c’est miracle qu’ils en réchappèrent.
    Lille, qui avait choisi de rester fidèle à Ferrand, succomba en quelques instants à un brasier qui détruisit toutes les maisons en bois et en torchis. Les fossés furent comblés, la citadelle rasée.
    « Je veux, avait dit Philippe, qu’il n’y ait désormais en ce lieu aucun point où les gens de la Flandre puissent habiter. »
    Son souhait est exaucé, mais la Flandre n’est pas pour autant conquise, et les courriers qui apportent des nouvelles
de l’Aquitaine, du Poitou, des terres angevines, racontent que les seigneurs prêtent l’oreille aux promesses de Jean sans Terre qui s’apprête à débarquer à La Rochelle.
    « Vous me verrez avec toutes mes troupes, écrit l’Anglais. Mes émissaires vont vous remettre de l’argent de notre part, et vous en recevrez plus encore avec le temps, nous ne pouvons ni ne devons manquer de vous venir en aide. »
    Jean sans Terre torture et dépouille les barons d’Angleterre, et flatte et achète ceux d’Aquitaine et du Poitou.
    Il veut recouvrer les terres des Plantagenêts.

    Il débarque. Il avance.
    « À peine suis-je apparu que vingt-six châteaux ou places fortifiées m’ont ouvert leurs portes », dit-il, défiant Philippe Auguste.
    J’ai vu le roi de France hésiter après avoir lu la lettre que lui adresse le vicomte de Limoges :
    « Je vous avais fait hommage pour la défense de mes terres, mais le roi Jean, mon seigneur naturel, s’est présenté dans mon fief avec de telles forces que je n’ai pu lui résister ni attendre vos secours.
    « Je suis venu le trouver comme mon seigneur naturel et lui ai juré d’être son homme lige.
    « Je vous notifie ces choses pour que vous sachiez qu’à l’avenir, il ne faut plus compter sur moi ».
    Le comte de Nevers et tant d’autres ont fait de même.

    L’hésitation du roi de France ne dure pas. En selle, en route pour le Poitou ! Mais Jean sans Terre se dérobe.
    « C’est une couleuvre qui fuit sans qu’on puisse trouver sa trace », dit le roi, contraint de regagner la Flandre où les coalisés se rassemblent.
    Nous brûlons quelques villes : Cholet, Bressuire, Thouars. Mais, derrière nous, Jean sans Terre avance, met le siège devant la Roche au Moine. Il veut que cette forteresse soit le socle sur lequel il s’appuiera lorsqu’il s’élancera vers Paris :
    « Le moment approche, grâce à Dieu, où nous quitterons le Poitou et marcherons vers notre capital ennemi, le roi de France ! »

    Dieu avait donné un fils à Philippe Auguste et c’était signe de Sa généreuse attention.
    « Chevauche contre le roi d’Angleterre, lui ordonne le roi de France. Jean sans Terre doit lever le siège de la Roche au Moine. Je vais combattre les Impériaux, les Flamands et les chevaliers félons de Renaud de Dammartin. Que Dieu te garde ! »
    Je n’ai pas été témoin de la chevauchée de Louis de France, qui, avec trois cents chevaliers, sept mille sergents à pied, deux autres mille à cheval, se rua contre les troupes de Jean sans Terre qui s’enfuirent sans combattre, laissant sur le

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