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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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terrain machines de guerre, tentes et bagages.
    Leur hâte à détaler était telle qu’ils se jetèrent dans la Loire pour tenter de la traverser, et que des centaines s’y noyèrent.
    L’armée de Louis s’empara d’un énorme butin et fit beaucoup de prisonniers.

    J’étais aux côtés du roi, à Péronne, quand un messager lui apporta la nouvelle de la victoire de Louis sur Jean sans Terre.
    Louis était bien digne de la couronne de France.
    L’Anjou échappait pour toujours aux Plantagenêts.
    Sachez que ce fut une chose dont Philippe fut moult joyeux, et dont il sut grandement gré à son fils.
    Restait à affronter les coalisés, qui, en ce début du mois de juillet 1214, se préparaient à attaquer.
    32.
    « L’an du Seigneur 1214, quelque chose digne de mémoire est arrivé au pont de Bouvines… »
    Mon aïeul Henri de Thorenc commence ainsi le récit de la bataille qui se déroula le dimanche 27 juillet 1214, par une chaleur torride, à Bouvines, petit village du comté de Flandre situé sur l’antique voie romaine qui conduit de Tournai à Lille.
    Les chroniqueurs – et le premier d’entre eux, Henri de Thorenc – ont moultes fois raconté cette bataille, et j’y reviendrai à mon tour. Mais je dois d’abord dire ma fierté d’appartenir au lignage des Thorenc, et la gloire que la bravoure de mon aïeul m’a donnée en héritage.

    Henri de Thorenc chevauchait aux côtés du roi de France, portant la bannière bleue semée de fleurs de lis d’or.
    Philippe Auguste avait rameuté pour ce combat au moins treize cents cavaliers, autant de sergents à cheval, et de quatre à six mille fantassins.
    Les félons de la coalition avaient réussi à rassembler davantage encore de troupes. Et dans chaque camp, en sus de ces hommes soldés, se trouvaient des milices communales, des laboureurs et des bourgeois.
    Tous ces hommes – des milliers – étaient réunis pour s’affronter en un duel à mort sur le plateau de Bouvines,
haut de dix à vingt pas au-dessus de la plaine marécageuse.
    Là, chevaliers et sergents à cheval pouvaient charger. Aux alentours s’étendait la forêt, presque continue.
    La voie romaine était bâtie sur une chaussée haute aboutissant au pont étroit jeté sur la rivière la Marcq, près du village de Bouvines.

    En ce lieu, écrit Henri de Thorenc, d’un côté Philippe Auguste, noble roi des Francs, avait réuni une partie de son royaume.
    De l’autre côté, Otton de Brunswick, qui, par décret de la Sainte Église, avait été privé de la dignité impériale et excommunié. Il avait persévéré dans l’obstination de sa malice et convoqué ses complices, Ferrand, comte de Flandre, et Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, ainsi que beaucoup d’autres barons, et aussi les stipendiés de Jean sans Terre, avides d’argent.
    Tous voulaient combattre les Français.
    Animés d’une haine insatiable, les Flamands, qui se préparaient à attaquer, avaient, pour se reconnaître entre eux plus facilement, fixé un petit signe de croix devant et derrière leur cotte, mais bien moins pour l’honneur et la gloire du Christ que pour l’accroissement de leur malice, le malheur et le dommage de leurs amis, la misère et le détriment de leur corps.
    Ils ne se remémoraient pas le sacré précepte de l’Église qui dit : « Celui qui communique avec un excommunié est excommunié. »
    Ils persistaient dans leur alliance avec Otton de Brunswick, qui, par le jugement et l’autorité du pape, était pris dans les liens de l’anathème et avait été séparé des fidèles de la Sainte Mère l’Église.

    Philippe Auguste, le Conquérant, mon suzerain, dont j’avais gloire à porter la bannière, poursuit Henri de Thorenc, était à quelques jours de sa quarante-neuvième année. Comme nous tous, il étouffait dans l’intense chaleur, sous l’armure brûlante. Il l’avait quittée et se reposait près de la petite église Saint-Pierre de Bouvines, à l’ombre d’un frêne.
    Il mange dans une coupe d’or fin une soupe au vin dans laquelle il trempe et brise du pain.
    Parce qu’il est au Christ et que nous le sommes comme lui, nous pensons qu’on ne se battra pas ce dimanche, jour du Seigneur, jour de trêve.
    Mais Otton et ses complices en malice ne sont plus dans le giron de la Sainte Mère l’Église.
    Un chevalier accourt, s’agenouille devant le roi de France :
    « Sire, dit-il d’une voix haletante, Dieu vous garde du péril, armez-vous, car

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