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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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finira par se dissiper…
    —  Je suis sûr qu’à vos côtés je vais me sentir beaucoup mieux, avait conclu Tang, fou d’espoir.
    Mais hélas pour le prince Han, cette fin d’été, loin d’être enchanteresse, continuait à être ternie par le souvenir de Jasmin Éthéré. Il avait beau jurer à Prospérité Singulière, ne souhaitant pas lui faire de peine, qu’il se sentait de mieux en mieux, chaque jour qui passait ne faisait qu’accroître son angoisse. Hanté par son absence, il avait tendance à voir partout la trace de la jeune femme, derrière les arbres miniatures, sous les pierres minuscules et trouées comme de la dentelle, au fond de la mare où elle prenait la forme de la grosse carpe dont il ne se lassait pas de contempler les sauts…
    —  La carpe est partie se reposer, dit Prospérité Singulière qui avait jusque-là observé son protégé du coin de l’œil.
    —  Vous avez raison. Maintenant, elle ne reviendra pas avant ce soir !
    —  Approche-toi s’il te plaît, ajouta le vieux lettré, en accompagnant sa demande d’un geste.
    Pressentant que le vieil homme souhaitait lui dire quelque chose d’important, le prince se précipita vers lui.
    —  J’ai quelque chose de capital à te révéler, qui conditionne la paix de mon âme lorsque je ne serai plus de ce monde. Ta venue auprès de moi est le signe que tes pas et les miens sont guidés, murmura le vieillard, ému aux larmes.
    Tang, qui ne l’avait jamais vu dans cet état, s’assit à ses côtés. Il était loin de se douter de ce qui l’attendait.
    —  Qu’avez-vous à me dire de si important   ? s’enquit-il, légèrement inquiet.
    —  Tu es mon fils, Tang ! Oui… je suis ton père ! s’écria, d’une voix étreinte par l’émotion, le vieillard, face à Tang, abasourdi.
    Le vieil homme épuisé, qui venait d’avouer ce qu’il avait depuis des années sur la conscience, sembla s’effondrer sur lui-même et se raccrocha tant bien que mal au tronc d’un saule nain.
    —  Et que faites-vous de celui que j’ai toujours appelé père   ? demanda Tang, haletant.
    —  Il a toujours ignoré que tu n’étais pas de lui.
    —  Pourquoi m’avoir caché cela   ? J’aurais été heureux – et même flatté  – de savoir que vous m’aviez conçu !
    —  Hélas ! l’amour n’a pas sa place dans les codes sociaux tels que Confucius les a instaurés ! Si ta mère avait avoué qu’elle avait eu un enfant de moi, elle eût été bannie… contrainte d’errer sur les routes à mendier sa nourriture ! Tu n’aurais même pas survécu.
    Le petit jardin, désormais plongé dans une ombre somnolente, semblait avoir encore un peu plus rétréci.
    —  Vous auriez pu nous accueillir sous votre toit !
    —  Lorsque ta mère tomba enceinte, je venais d’être nommé préfet du Yunnan. Un fonctionnaire d’autorité n’a pas le droit de se marier sans demander l’autorisation au ministre ! Ta mère fut l’unique amour de ma vie ! gémit le vieillard en contenant ses pleurs.
    Tang, qui s’était à plusieurs reprises posé la question, comprenait à présent pourquoi le vieux lettré n’avait jamais convolé en justes noces.
    —  Vous avez dû beaucoup souffrir l’un et l’autre… lâcha-t-il d’un air sombre.
    —  Il m’aura fallu toute une vie pour m’armer du courage qui me permet aujourd’hui de t’avouer cette vérité que je te devais ! Lorsque tu vins me voir l’année dernière, je n’ai pas osé parler et je l’ai regretté amèrement. Je m’étais juré que si tu revenais, je t’affranchirais ! Et le destin a voulu que l’occasion m’en soit donnée.
    —  Sachant que je ne descends pas des illustres Tang, je ne suis donc pas un prince !
    —  Ta mère en descendait ! Et puis, que sont les titres nobiliaires sinon des chiffons de papier   ? L’homme finit toujours par retourner à la poussière, et le plus fier des coqs termine sa carrière comme simple plumeau. Avoir une âme noble, c’est la seule chose qui compte, ô mon cher fils ! Je suis fier de savoir que tu es dans ce cas !
    —  C’est me faire bien trop d’honneur que de parler ainsi de ma pauvre personne ! s’écria Tang, aussi ému par l’hommage de son père que par ses révélations.
    —  Tu le mérites !
    —  Ne vous ai-je pas gravement déçu lorsque j’acceptai de prêter le serment d’allégeance à cette dynastie illégitime   ?
    —  L’adhésion de mon fils au régime

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