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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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intéressantes à me dire !
    —  En effet, père Freitas… J’honore le contrat que nous avons passé   ! Dès que je sens quelque chose de louche, je vous en informe ! souffla, mielleux, le serviteur de Niggles.
    Après avoir levé les yeux pour s’assurer que le père Fonseca ne se trouvait pas sur le balcon, le Portugais entraîna le Chinois dans une ruelle à l’écart.
    —  M. Niggles continue à avoir de gros besoins d’argent ! gloussa Zhong.
    —  Ses amants   ?
    —  L’amour que M. Niggles porte aux garçons lui coûte de plus en plus cher !
    —  Tu ne m’étonnes pas !
    —  Ses pillages se déroulent désormais à une bien plus grande échelle…
    —  On commence avec un œuf et on finit avec un bœuf ! lança le Portugais qui était un expert de la question.
    —  C’est même un troupeau de bœufs, monsieur Freitas ! fit le Chinois l’air gourmand.
    —  Comment fait-il pour voler sa compagnie à une si grande échelle   ? souffla Freitas qui était bien placé pour savoir que les patrons de Niggles n’étaient ni des amateurs ni des plaisantins.
    —  M. Niggles n’opère pas à Shanghai, ce serait trop risqué.
    —  Et où se livre-t-il à ses turpitudes   ? lâcha le jésuite d’un air profondément dégoûté.
    Zhong prit des airs de conspirateur.
    —  À Canton, père Freitas !
    —  Quel gredin ! À Londres, ils vont tomber des nues !
    —  Niggles est en train de mettre en place un système de pillage en règle de ses entrepôts !
    —  À ce point   ?
    —  Si je vous le dis ! Je crois bien que mon maître a perdu tout sens de la mesure !
    Le jésuite, qui prenait pour argent comptant les propos de son informateur, lui glissa dans la main une grosse pièce d’argent.
    —  Merci pour ces renseignements. Et surtout, n’hésite pas, si tu en as d’autres, à venir me trouver.
    D’un pas lourd, Freitas regagna le siège de sa communauté et alla s’enfermer dans sa cellule, une pièce minuscule à l’austérité toute monacale. L’information de Zhong était si importante que, malgré sa fatigue, il lui fallait rédiger au plus vite son compte rendu à Stanley Row et le confier à un marin du prochain bateau en partance pour l’Angleterre. Au moment où il soufflait sur la feuille pour en faire sécher l’encre, il était partagé entre le dégoût de lui-même et la satisfaction du devoir accompli. Mais sans ses turpitudes, comment aurait-il fait pour obtenir l’argent nécessaire à la Province de Chine   ? Et puis, il lui fallait assurer l’avenir de Marie Flore.
    Cela s’appelait boire le calice jusqu’à la lie…
    Car c’était toujours Dieu le Tout-Puissant et le Miséricordieux qui décidait de la destinée des hommes. Freitas ne croyait pas au libre arbitre. Pour lui, les êtres n’étaient que des instruments dans les immenses mains du Créateur. Il n’avait pas choisi sa vie. Elle s’était imposée à lui. C’était Dieu qui l’avait fait entrer dans les ordres, c’était encore Lui qui lui avait fait rencontrer Châtaigne d’Eau. Il n’était pas un être libre mais une marionnette dont le sort relevait du Grand Marionnettiste…
    D’ailleurs, c’était bien mieux ainsi car cela dispensait de devoir affronter sa conscience !

 
    40
     
    Nankin, 5 octobre 1847
     
    La fin de l’après-midi approchait et, comme la journée avait été très ensoleillée dans le petit jardin de Prospérité Singulière paré de belles couleurs automnales, les plantes sortaient doucement de leur torpeur en exhalant de délicats effluves.
    —  Puis-je m’appuyer sur ton épaule pour aller m’asseoir au bord de la mare   ? s’enquit le vieil homme.
    Pour échapper à la chaleur accablante qui s’était abattue sur la ville, il était resté allongé sur son lit dans sa chambre aux volets hermétiquement clos.
    —  Bien sûr ! Je vous trouve pâle. Vous ne vous sentez pas bien   ? lui demanda Tang, inquiet.
    —  Mes forces m’abandonnent… Le grand départ est proche ! souffla tristement le vieil homme, comme s’il avait deviné que la mort allait bientôt le cueillir.
    Tang, d’un geste protecteur, pressa son bras.
    —  Les vieux arbres ne meurent jamais. Leurs racines sont plus longues que leurs branches…
    —  Quand un vieil arbre n’a plus de feuilles, ni le soleil ni la pluie ne peuvent rien pour lui ! On ne peut pas lutter contre les années qui s’accumulent, fit Prospérité Singulière avant de

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