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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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même piège !
    — Je ne suis pas tombé de la dernière pluie ! protesta Philippos en rougissant. Où est-ce qu’elle habite ?
    — Non loin de la place du Marché, mais pas du côté des beaux quartiers.
    — Ça, je le savais déjà !
    — Tu m’as demandé des renseignements, alors ouvre tes oreilles au lieu de m’interrompre !
    D’une seule traite, Mitko fournit toutes les indications nécessaires. Il alla jusqu’à expliquer comment franchir la solide clôture de la propriété grâce à une planche sciée. Pour finir, il décrivit la disposition des pièces au rez-de-chaussée pour le cas où le garçon aurait à pénétrer à l’intérieur de la demeure. Un tel luxe de détails laissa Philippos pantois. Croisant son regard admiratif, le Varlet se rengorgea.
    — Je tiens ces informations de ma meilleure source ! déclara-t-il fièrement. Il va de soi qu’il m’est impossible de dévoiler son identité.
    — Est-ce qu’il te reste encore quelque chose à dévoiler, espèce de gros vantard ? répliqua le garçon en riant. Il s’agit de cette brave Dacha, la troisième suivante de la princesse. Elle a une oreille qui traîne partout où elle va, c’est elle qui te confie les derniers ragots et tout ce qui se trame dans la capitale. En échange, la pauvre fille ne demande qu’une seule chose : rompre le fromage 2 avec toi.
    — Ouais, quand les poules auront des dents ! grommela Mitko. Dacha est bavarde comme une pie. Or tout le monde sait qu’une bonne épouse doit d’abord et toujours se taire !
    Après une tape amicale sur l’épaule du garçon, le Varlet partit en courant, pressé de rejoindre la salle des banquets.
    La lune s’était levée, répandant sa pâle lumière sur la cour à présent déserte à l’exception de quelques soldats qui jouaient aux dés. Philippos voulut se diriger vers le portail, puis se ravisa : il ne tenait nullement à exciter la curiosité des gardes en sortant à une heure aussi tardive. Il rebroussa chemin, passa sans s’arrêter devant le pavillon d’Artem et gagna l’arrière de la résidence. La grille de clôture comportait un étroit portillon fermé au cadenas. D’un geste familier, le garçon fit sauter celui-ci à l’aide d’une épingle et se glissa au-dehors.
    Une foule joyeuse emplissait les rues, et la place de la Cathédrale était noire de monde. Un flot continuel de flâneurs formait une sombre masse ondulante sur laquelle dansaient des dizaines de points lumineux : c’étaient les flammes des torches portées par les promeneurs. Philippos atteignit la grand-rue encombrée de carrioles et de troïkas. Suivant les indications de Mitko, il tourna à droite au deuxième carrefour pour s’engager dans une rue commerçante qui conduisait jusqu’à la porte est et au port. Enfin, il s’arrêta devant un imposant portail en bois de chêne orné d’images traditionnelles slaves : le dieu suprême Dajbog et la déesse Mokoche, symbole de la fertilité de la terre. Ébauchées sommairement, les figurines levaient les bras vers une énorme corne d’abondance qui décorait le panneau fixé au-dessus des deux vantaux.
    Philippos se demanda si le père de Nadia n’était pas un de ces ignorants qui continuaient de vénérer les anciennes idoles au même titre que le Christ. C’est alors qu’il remarqua que le portail n’était pas fermé ! Poussant l’un des battants, le garçon se glissa à l’intérieur de la propriété.
    Il comprit aussitôt pourquoi les domestiques avaient négligé de mettre les verrous. Le marchand Grom, frais anobli, n’avait pas eu l’honneur d’être convié au palais ; il faisait donc bonne chère chez lui, avec ses pairs et ses compères. Les hommes allaient ripailler et se soûler durant des heures, et les portes resteraient ouvertes jusque tard dans la nuit pour que le maître de maison pût accueillir de nouveaux invités.
    Philippos observa les alentours, puis longea l’allée bordée de jeunes cyprès qui menait à la demeure de Grom. C’était une imposante bâtisse surmontée d’une mansarde dont la silhouette gracieuse se découpait sur le ciel étoilé. Cette partie de la maison appelée térem abritait les appartements assignés aux femmes. Le garçon poussa un soupir. Dire que Nadia se trouvait là, tout près de lui, entre ces murs couverts d’ornements, enfermée dans sa chambre comme dans une prison dorée !
    Il fit le tour de l’édifice, scrutant les fenêtres de la

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