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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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Lucrèce se leva et, encore à moitié endormie, alla à sa fenêtre. Mais, avant même qu’elle puisse comprendre, Michelotto était là, tremblant ; il avait chevauché toute la nuit sans s’arrêter un instant.
    — Miguel, dit-elle, est-ce vrai ? Père est mort ?
    Il ne répondit rien, tant il était accablé de chagrin.
    — Qui est coupable ? demanda-t-elle, d’une voix qui lui parut étrangement calme.
    — Apparemment, c’est la malaria.
    — Tu les crois ? César aussi ?
    — Votre frère est malade aussi, il a échappé de justesse à la mort.
    — Il faut que j’aille le voir !
    Elle appela une dame de compagnie : son père n’étant plus, César aurait besoin d’elle.
    — Votre frère m’a demandé de vous tenir loin de Rome. Ce serait trop dangereux : il y a des émeutes et des pillages.
    — Miguel, tu ne vas pas m’empêcher de le voir, de voir mes enfants, ou père avant qu’il ne soit enterré…
    — Vos enfants sont en sûreté à Nepi. Adriana s’occupera d’eux, Vanozza s’y rendra bientôt. Quand César ira mieux, c’est là-bas aussi que vous le rencontrerez.
    — Mais père ? Père ?
    Michelotto préféra ne pas imaginer la réaction de la jeune femme en voyant la dépouille noire et boursouflée d’Alexandre : lui-même en avait été épouvanté.
    — Vous pourrez prier pour lui, ici même. Dieu sait où vous êtes, il vous entendra.
    Ercole d’Este et Alfonso entrèrent ; tous deux s’efforcèrent de réconforter Lucrèce. Elle dit à Michelotto de se reposer un peu avant de retourner à Rome le lendemain, l’assurant aussi qu’elle se rendrait à Nepi dès que César le réclamerait.
    Il quitta la pièce, imité par le duc ; Alfonso resta, à la grande surprise de son épouse. Depuis qu’ils étaient mariés, il n’avait pas semblé faire très attention à elle, préférant passer ses jours à jouer avec sa collection d’armes, et ses nuits avec des courtisanes. De son côté, elle avait fréquenté artistes, poètes et musiciens, ou écouté les doléances de ses sujets. Mais il semblait vraiment plein de compassion :
    — Puis-je te venir en aide ? Ou bien ma présence te cause-t-elle davantage de chagrin ?
    Lucrèce fut incapable de répondre : sa vue se brouilla, elle s’évanouit.
    Alfonso la prit dans ses bras, la porta sur le lit, puis la serra contre lui en la berçant.
    — Parle-moi, dit-elle quand ses yeux s’ouvrirent. Il faut que… que je pense à autre chose…
    Elle ne pouvait même pas pleurer ; les larmes paraissaient hors d’atteinte.
    Il resta avec elle toute la journée, toute la nuit, ainsi que lors des jours qui suivirent, tandis que Lucrèce s’abandonnait à son chagrin.
    Il était impossible de retarder davantage l’élection d’un nouveau pape. César voulait toutefois veiller à la défaite du cardinal Della Rovere, l’implacable ennemi des Borgia.
    Pour cela, il choisit de soutenir Georges d’Amboise, le candidat des cardinaux français. Leurs confrères italiens, bien entendu, avaient choisi Della Rovere, et ne voulurent rien entendre. César s’efforça de convaincre les Espagnols, mais eux aussi voulaient faire élire l’un des leurs. Il ne pouvait compter que sur quelques prélats.
    Les Florentins aimaient le jeu et pariaient volontiers lors de l’élection d’un pape. Les banques de la ville assuraient l’essentiel de ces paris, qui représentaient des sommes énormes. D’Amboise était donné à cinq contre un, Della Rovere à trois. Personne d’autre ne semblait avoir la moindre chance ; on donnait celui qui venait ensuite à trente contre un. Mais les conclaves demeuraient imprévisibles : le papabile le mieux placé n’était jamais sûr d’être élu.
    Il en alla de même cette fois-là : à l’issue des premiers scrutins, il devint évident que ni d’Amboise ni Della Rovere ne pourraient espérer l’emporter.
    Deux votes supplémentaires eurent lieu avant qu’une fumée blanche ne s’échappe d’une cheminée du Vatican. Ce fut une surprise : le collège avait choisi le cardinal Francisco Piccolomini, bien qu’il fût vieux et infirme. S’il n’en fut pas spécialement heureux, César se sentit au moins soulagé.
    Le nouveau pape n’avait pas toujours été d’accord avec Alexandre, mais c’était un homme doux et juste, qui traiterait les Borgia avec équité et les protégerait de son mieux, tant que cela ne porterait pas tort aux intérêts de l’Église.
    Le cardinal prit le nom

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