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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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cheville un coup de pied si violent que le vieil homme s’étala par terre comme une pile de caisses et s’ouvrit la lèvre. Du sang gicla sur sa chemise blanche. James s’assit de lui-même, les mains levées bien haut, le chapeau melon de travers, les yeux rivés sur le féroce bandit au foulard bleu qui le menaçait. Broadwell sourit.
    « Vous avez cru que c’était votre jour de chance quand vous vous êtes réveillés ce matin ?»
    La détonation d’un fusil mordit sur celle d’un pistolet à percussion et Broadwell se retourna vers la First National Bank, où une file de clients pâlichons se tenaient, mains en l’air, sur les briques de la place, tandis que Cox et Cubine se recroquevillaient à l’intérieur du drugstore et que de la fumée de poudre noire tourbillonnait sous l’avant-toit non loin du chambranle fracturé. Broadwell vit alors Bob sortir, les yeux fixés vers le nord, puis pivoter sur lui-même et comme ça, en un éclair, pulvériser à la fois le fusil et la main de Gump, avant de réintégrer la pénombre verte de la banque. Les otages détalèrent.
    L’espace d’une minute, il y eut un silence de mort ; puis avec la soudaineté d’un orage, un feu nourri s’abattit sur les poteaux, les briques et l’avant-toit métallique de la Condon et une vitre en façade sur laquelle était inscrit BANK en lettres dorées se brisa en morceaux aussi gros qu’une équerre de charpentier.
    Toutes les personnes dans le hall s’aplatirent au sol et Powers se dandina en canard jusqu’au mur de briques, débarrassa le bâti de la fenêtre adjacente des débris de verre et posa sa main gantée sur le rebord en guise de support pour sa Winchester. Il fit feu à six reprises, de gauche à droite, puis s’écarta pour recharger pendant que les fusils de la quincaillerie Isham hachaient menu le châssis de la fenêtre et les planches du trottoir.
    Broadwell s’agenouilla près des portes sud-est de la banque et aperçut Parker L. Williams, en chaussettes blanches sur l’avant-toit de Barndollar, à deux cents mètres de distance. Williams était baissé et chargeait un Colt .44. Broadwell tira, perçant la vitre d’un trou de la taille d’une pièce de cinquante cents, mais la balle manqua complètement sa cible et réduisit en miettes de la vaisselle entreposée sur une étagère du rayon vêtements de Barndollar. Le deuxième tir de Broadwell fendit un bardeau en deux ; Williams abaissa le Colt à deux mains, le revolver se cabra et le projectile transperça le bras droit de Broadwell comme si ce n’était qu’un long tuyau. Dick déchira sa manche avec les dents et examina le sang, les lambeaux de chemise et la grosse balle bleue aplatie qui avait fracturé l’os. Son épaule l’élançait quand il bougeait les doigts.
    « Merde, je suis touché, râla-t-il. Je ne peux plus me servir de mon bras. »
    Powers lui adressa un regard depuis l’autre côté de la salle. Les yeux de Broadwell étaient envahis par la peur et les doigts de sa main droite dégouttaient de sang.
    « Rien à faire, Bill. Je ne peux plus tirer. »
    Powers ne trouva rien à dire.
    Mon frère Grat se pencha par-dessus le guichet, mais ne distingua pas grand-chose à cause de la fumée. Powers vidait des magasins entiers, puis s’abritait, assis en tailleur et rechargeait pendant que des balles fouaillaient les stores. Broadwell était affaissé contre le mur de briques, les yeux fermés, foulard baissé, le bras en sang, inerte sur ses genoux.
    Grat retourna dans l’arrière-salle, où Carpenter et Ball étaient assis par terre, à l’abri du danger, et tiquaient chaque fois qu’un projectile labourait le papier peint ou perforait le plancher. La chemise de Ball était tellement imbibée de transpiration qu’on voyait au travers. Son torse avait un aspect jaunâtre.
    « Il y a une porte de derrière qui donne sur la Huitième Rue ? » demanda Grat.
    Ball répondit que non.
    Il y en avait une.
    « Et ce coffre, il serait pas censé s’ouvrir, là ? reprit Grat.
    — Non, lui assura Ball. Encore quelques minutes de plus. »
    Mon frère ne put en supporter davantage. Il tomba à genoux et ses mains glissèrent en couinant sur son fusil. Chaque tir dans la rue retentissait comme un clap et son cerveau ne réagissait pas. Il poussa le sac de céréales entre Carpenter et Ball.
    « Tous les deux, ramassez ça et trimballez-le jusqu’à la porte. »
    Les deux banquiers, voûtés sous le poids,

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