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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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déverrouillé le coffre à huit heures et demie ce matin-là, quand Ball avait procédé à l’ouverture. Le coffre comme sa serrure étaient garantis inviolables par la Hall Company, le fabricant.
    Carpenter laissa tomber trois petits sacs de pièces d’une valeur totale de trois mille dollars dans le grand sac de céréales. Il peinait à ravaler son petit déjeuner.
    « Navré, mais je vais devoir m’asseoir », s’excusa-t-il.
    Grat lui enfonça le guidon de son fusil dans la joue.
    « Je veux que vous ouvriez ce coffre. »
    Carpenter s’affaissa.
    « Demandez à Mr Ball. Je ne m’occupe jamais de ce genre de choses. »
    Grat retira son fusil. Carpenter avait une marque rouge sur la joue. Mon frère décocha un regard furibard à Ball. Ce dernier était un homme maladif, mais discipliné, qui était incapable de gravir un escalier sans faire de pause à chaque palier et ne supportait guère de nourriture plus solide que de la soupe. Grat le somma d’ouvrir le coffre.
    « C’est pas que j’ai pas envie, répliqua le caissier. Mais c’est automatique, vous voyez. Il possède sa propre minuterie. »
    Grat s’efforça de déchiffrer le visage de Ball, mais n’y décela apparemment pas le mensonge.
    « À quelle heure il s’ouvre ?
    — Neuf heures quarante-cinq. »
    Carpenter considéra Ball avec une expression abasourdie, puis baissa les yeux vers ses chaussures.
    « Et il est quelle heure, là ? » l’interrogea mon frère.
    Ball ouvrit sa montre de gousset au creux de sa main, puis la referma promptement.
    « Neuf heures trente-huit. »
    Carpenter éprouva sans forcer la poignée du coffre. Elle cliqueta, mais ne bougea pas.
    « Vous voyez ? Aussi hermétique qu’une barrique. »
    Grat s’accroupit face à Carpenter.
    « On peut attendre sept minutes. »
    Dick Broadwell, qui était agenouillé derrière les portes vernies donnant au sud-est, se redressa et observa par la vitre la barre d’attache située devant le magasin de nouveautés Barndollar. Un type en sous-vêtements longs et en pantalon à bretelles s’arc-bouta contre les traits et les chaînes de son attelage jusqu’à ce que ses chevaux reculent avec défiance et que sa remorque vide bloque Union Street, puis guidant par le harnais deux autres bêtes dont les fers crissèrent sur les briques, il boucha le reste du passage avec un chariot chargé de bois. Après quoi il se mit à couvert à l’intérieur de la quincaillerie Isham, où l’on ouvrait des caisses en bois avec des pieds-de-biche. Broadwell extirpa six cartouches de fusil de sa poche de manteau gauche et les disposa entre ses genoux. Il vit deux gosses devant la First National : l’un qui l’épiait, les yeux plissés, appuyé à la balustrade, en tapant du bout du pied dans les briques, et l’autre, accroupi, qui lorgnait à l’intérieur par-dessous le store vert de la porte. Dick me vit ouvrir l’entrée principale et gueuler à Boothby de rentrer, tandis que le petit Jack Long se réfugiait à côté chez Rammel, où, l’espace d’une seconde, un moustachu habillé d’un tablier en cuir par-dessus une chemise bleue et armé d’une Winchester trahit sa présence avant de s’adosser à nouveau au chambranle. Dick arma son fusil pour descendre le misérable, mais l’un des poteaux de l’avant-toit était dans la ligne de tir. Il jeta son chapeau au pied du portemanteau en laiton et lissa en arrière ses longs cheveux clairsemés.
    Dans le même temps, les deux lourdes portes de la quincaillerie Isham frères & Mansur s’ouvrirent et une douzaine d’hommes qui patientaient dans la rue s’engouffrèrent à l’intérieur et s’agglutinèrent aux fenêtres. Au moyen d’un marteau à panne fendue, Henry Isham fracassa le couvercle d’une caisse de fusils expédiés par le marshal Yoes. Louis A. Dietz et T. Arthur Reynolds, les deux commis d’Isham, chargèrent les armes et Lucius Baldwin, le vendeur de la quincaillerie Read, les apporta à l’avant du magasin  – non sans avoir glissé sous sa chemise le petit revolver Smith & Wesson d’ordinaire suspendu à un clou sous la caisse.
    Dans la quincaillerie de George Boswell, de l’autre côté de la rue, assis sur un fût de clous, un Allemand de trente-quatre ans du nom de John Joseph Kloehr entaillait ses balles en croix avec un canif afin qu’elles se fragmentent lors de l’impact. M. N. Anderson, le menuisier, examinait le fusil de Kloehr. Des cailles, des dindes et des

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