Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
Pourrait-il s’agir de Rikhilde, de ses enfants et de ce garde ? Mais ils ont été tués par le glaive, non par un trait !
    — Sans doute. Mais ceux qui ont voulu poursuivre leur défi, constatant qu’il n’était plus possible d’approcher du palais, n’avaient pas le choix : il leur fallait opérer de loin !
    — L’inclinaison de cette flèche indique qu’elle a été tirée à mi-distance par rapport à la plus grande portée d’un arc. Bien qu’alourdie par cette peau, elle est entrée assez profondément dans le bois, fit remarquer Sauvat.
    Il tendit le bras en direction d’un bosquet situé à cent cinquante pas.
    — Peut-être un archer posté là-derrière, avança-t-il, mais un fameux archer, car atteindre cette porte depuis ces buissons et en pleine nuit !…
    — Impossible, estima l’ancien rebelle… Plutôt aux premières lueurs de l’aube, ou bien grâce à un point de repère lumineux, tel que torche ou lanterne… Cela dit…
    Doremus passa la main sur son crâne chauve.
    — Je comprends de moins en moins, avoua-t-il. Qu’un message ait été déposé sur le seuil de notre chambre pourrait passer à la rigueur pour une ultime insolence. Mais ce nouveau défi… Je ne vois vraiment pas pourquoi des bandits continueraient à nous narguer. Mais s’il ne s’agit pas d’eux, alors qui et pourquoi ? Veut-on nous avertir, nous indiquer une piste ? A quoi bon s’y prendre ainsi et nous proposer des énigmes au lieu de nous fournir un renseignement précis et clair ? En outre – Sauvat l’a déjà souligné –, le jeu n’est pas sans danger : c’est aller au-devant de représailles éventuelles des brigands, sans parler des rigueurs de notre justice ; il faut vraiment que celui ou ceux qui prennent de tels risques y aient un intérêt majeur. Lequel ? Tout cela, seigneur, fait plutôt penser à une machination, une étrange machination.
    — Si tu as raison, dit Childebrand, ceux qui la trament ne vont pas s’en tenir là.
    — Ils ne perdent rien pour attendre, plaça le colosse roux avec une farouche détermination.
    A cet instant l’écuyer de Childebrand pénétra, hors d’haleine, sans s’être fait annoncer, dans la chambre où son seigneur s’entretenait avec Doremus et Sauvat. Il indiqua, après avoir repris son souffle, que « la nourrice avait faiblement recouvré ses esprits ». Le comte le foudroya du regard.
    — Est-ce ainsi qu’on se présente à moi ? lança-t-il. Et qu’est-ce que cela signifie ?
    L’homme se répandit en excuses avant d’expliquer :
    — Il s’agit d’Odile, nourrice des enfants de Rikhilde, qui a été assommée par les agresseurs et était demeurée jusqu’à présent sans…
    — Nous savons ! coupa Childebrand. Eh bien, cette Odile ?…
    — Elle est revenue à elle… un peu… Elle bredouille des paroles incompréhensibles. On dirait qu’elle veut confier quelque chose.
    Le comte et ses aides gagnèrent en hâte le valetudinarium ( 12 ) où elle avait été soignée et placée sous bonne garde pour empêcher qu’un complice des bandits ne tente éventuellement de l’achever. Lors d’une précédente visite, ils l’avaient vue, inerte, ne montrant aucun signe de vie sinon une respiration faible et irrégulière. Ils la retrouvèrent agitée et gémissante, pro-nonçant de temps à autre, à grands efforts, des lambeaux de phrase. Le médecin souligna que de telles rémissions étaient souvent le signe d’une entrée en agonie imminente. Il ne servirait à rien de la questionner : elle demeurait incapable de comprendre ce qu’on lui disait.
    Childebrand, Sauvat et Doremus s’approchèrent de sa couche et tendirent l’oreille, en s’efforçant de trouver un sens aux bredouillements de la moribonde. Il sembla que la venue du Nibelung provoquait en elle un sursaut. D’une manière pathétique elle essayait de lui livrer son secret.
    En un effort ultime, elle se redressa à demi en s’appuyant sur ses coudes et balbutia :
    — Clodulf, seigneur… notre Clodulf… fils de… oui, fils de Charles…
    Elle répéta d’une voix mourante.
    — Oui : de Charles… Oh ! Dieu…
    Brusquement elle poussa un hurlement avec un visage épouvanté.
    — Clodulf ! cria-t-elle. Oh ! l’horreur !
    Et elle retomba épuisée sur sa couche.
    Childebrand, Doremus et Sauvat demeurèrent un moment près d’elle, espérant un nouveau sursaut. Mais les mouvements convulsifs qui l’agitaient, ses yeux révulsés, ses râles, tout indiquait une

Weitere Kostenlose Bücher