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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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rien ne prouve, avait-il ajouté, que nos « amis » cherchent à être discrets…
    Les trois hommes qui étaient arrivés à l’aube durent attendre une heure avant que deux présumés Aquitains, à cheval, apparaissent sur la grand-route, et à l’endroit prévu. Ils prirent la direction du sud, passèrent devant Timothée qu’ils n’aperçurent pas et continuèrent tranquillement leur chemin, menant leurs montures tantôt au pas, tantôt au trot. Pour toute arme, ils portaient un glaive court au côté. Rien d’une expédition guerrière.
    Les deux assistants des missi et le colosse roux les suivirent à vue, d’assez loin. Non seulement les deux « Aquitains » ne semblaient guère se soucier d’être pourchassés, mais encore, là où ils auraient pu aisément échapper à la poursuite, ils ralentirent, comme pour la faciliter.
    — Cela ne te rappelle rien ? dit l’ancien rebelle au Goupil.
    — Si, la manière dont le frère Antoine a été fourvoyé dans les marécages de la Brenne et égaré jusqu’à ce rivage maudit ( 16 ). Il est vrai qu’il était seul. Nous sommes trois, ils ne sont que deux. Et quant à nous faire perdre le nord ici…
    — Il y a bien des façons de perdre le nord, souligna le « marquis des clairières ». De plus, qui nous dit que des coupe-jarrets, en nombre, n’ont pas préparé plus loin une embuscade vers laquelle ces deux-ci nous attirent, tout en endormant notre vigilance ?
    — Peut-être, répondit le Grec en haussant les épaules. Mais que faire d’autre ?
    — Je ne sais… Mais des Aquitains, dans ces parages, si loin de chez eux… Comment ne pas penser à toutes ces guerres, longues et cruelles, que les ont opposés aux Francs… jusqu’au début du règne de notre prince… Un feu mal éteint… Récemment encore, nos seigneurs, en Brenne, n’ont-ils pas dû…
    — Oui, intervint le Goupil, mais s’agit-il vraiment d’Aquitains ?
    Après une chevauchée qui dura plus de trois heures, ceux qui étaient pris en chasse s’engagèrent, à droite, sur un chemin qui menait à un bachot situé un peu en amont du confluent de l’Orne et de la Moselle. Ils s’arrêtèrent à l’embarcadère et attendirent l’arrivée du bac, tenant leurs montures par la bride, en conversant joyeusement. Puis ils y prirent place pour un transbordement qui ne commença que lorsque le patron de la traille eut jugé suffisant le nombre de ses passagers et prélevé les tonlieux ( 17 ).
    Rien d’autre à faire pour les poursuivants que d’attendre le retour du bateau, ce qui prit un long moment, et de patienter encore avant d’atteindre enfin la rive gauche de la Moselle. Le gibier avait eu largement le temps d’échapper aux chasseurs. Ils délibérèrent rapidement sur la conduite à tenir et l’itinéraire à suivre. Ils choisirent la route qui se dirigeait vers l’ouest, le long de l’Orne, sans grand espoir de retrouver les deux « Aquitains ».
    Ils les rattrapèrent pourtant une demi-lieue plus loin. Ceux-ci s’étaient tout simplement arrêtés pour la collation de la mi-journée. Assis sur l’herbe d’une prairie qui bordait la rivière, ils mangeaient, sans se hâter, le pain, le lard, les poissons frits et le fromage qui constituaient leur dîner ( 18 ) en buvant de grands gobelets de cervoise. Leurs chevaux, non loin d’eux, paissaient l’herbe nouvelle.
    Il ne faisait plus aucun doute qu’ils s’étaient depuis longtemps rendu compte de la poursuite dont ils étaient l’objet et que, s’ils continuaient leur route de la sorte, c’était pour entraîner les deux assistants des missi et leur colossal ami… quelque part. Peut-être même – en particulier avec la complicité de la fermière – avaient-ils préparé leur affaire de longue main. Timothée, Doremus et Sauvat considérèrent comme inutile de continuer à simuler une filature. Ils s’installèrent à leur tour pour dîner sur les bords de l’Orne, à bonne distance cependant des « Aquitains ».
    Ils durent bientôt interrompre leur collation pour reprendre la route car les deux hommes, leur repas terminé, s’étaient remis en selle et étaient repartis en direction de l’ouest. Le cours sinueux de l’Orne était dominé par des hauteurs de plus en plus rapprochées à mesure qu’on le remontait, formant comme une gorge. A Auboué, la vallée s’élargit de nouveau. Un peu avant Valleroy, les deux cavaliers prirent sur leur droite une sente qui longeait un ruisseau et

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