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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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parvinrent, après un quart de lieue, à une croupe boisée. Ils traversèrent le ru à gué sans difficulté et s’engagèrent sur un chemin forestier qui devait permettre de gagner le sommet de cette hauteur. Ils avaient considérablement ralenti leur allure et progressaient en redoublant de précautions et en jetant de temps à autre des coups d’œil sur ceux qui les suivaient.
    Ils parvinrent ainsi à une clairière au centre de laquelle se dressait une maison forestière en rondins, recouverte de bardeaux. Subitement, pour une raison incompréhensible, ils s’enfuirent au galop en empruntant une sente qui descendait vers l’est. Quand les assistants des missi et leur ami, peu après, arrivèrent à leur tour à la clairière, ils aperçurent trois hommes devant la porte de la maison. Ils reconnurent sans peine la haute stature de l’abbé saxon et, à son allure massive, le Pansu. Près d’eux se dressait un homme à la taille et à la carrure aussi impressionnante que celle de Sauvat. Il regardait les arrivants d’un air méfiant, en tenant à deux mains une cognée. Erwin lui adressa quelques paroles qui amenèrent sur sa face un large sourire. Timothée, Doremus et l’ancien geôlier ( 19 ) sautèrent de cheval et se précipitèrent vers le Saxon qu’ils saluèrent avec grand respect, après quoi ils donnèrent au frère Antoine une accolade chaleureuse.
    — Dieu soit loué, ton messager est arrivé à temps à l’abbaye, dit Erwin au Grec, oui, un peu avant matines ( 20 ). Heureusement pour lui la nuit était très claire et, sans nul doute, il connaissait bien le chemin.
    — Il semble, en tout cas, qu’il n’ait pas perdu de temps. Cependant, seigneur…
    — Un problème, Timothée ? demanda l’abbé avec un sourire teinté d’ironie.
    — C’est-à-dire… Eh bien, le fait que ce courrier ait pu te remettre sans retard le message que je lui avais confié – il y était question seulement d’intentions… prêtées à ces Aquitains que nous nous proposions de prendre en chasse… – cela n’explique pas ta présence ici, seigneur…
    Le Saxon, sans répondre, fit signe à ses collaborateurs de le suivre. Il les conduisit à une petite clairière située un peu à l’écart et leur montra cinq tertres sur lesquels étaient plantées des croix rudimentaires faites de deux planches chevillées.
    — J’ai fini par apprendre que, plusieurs jours avant mon arrivée à Gorze, des forestiers avaient fait, aux ides d’avril ( 21 ), une découverte macabre dans un bois situé à plusieurs lieues de l’abbaye, mais qui en dépend, celui où nous sommes : le bois de Saint-Martin. Étant venus pour marquer une coupe, ils avaient trouvé sur la grande clairière cinq cadavres en décomposition et qui avaient été dévorés plus qu’à moitié par les bêtes de la forêt. Ils avaient prévenu immédiatement l’abbé Magulphe qui décida leur ensevelissement… et, d’abord, garda le silence…
    Le Saxon se tourna vers le colosse à la hache.
    — Hauer, que voici, était à la tête de ces forestiers. Pour des raisons de discrétion, c’est aux mêmes que l’abbé confia la tâche d’enterrer les dépouilles, besogne repoussante s’il en fut. Puis, après avoir hésité, il se résolut à me tenir au courant.
    — … et peut-être, aussi, à te demander de l’aide ? suggéra le Goupil.
    — Avant-hier, guidé par Hauer, je suis donc venu sur place. Pouvais-je refuser à mon ami Magulphe de lui prêter mon concours ? Bien !… Suivez-moi !
    Erwin revint jusqu’à la maison forestière dont il ouvrit la porte grinçante. Il montra de larges taches brunâtres sur toute l’étendue du plancher.
    — Les assassins ont commis leurs crimes ici même, dit-il. Les victimes, étant donné le sang répandu, ont été sans doute égorgées par plusieurs tueurs opérant en même temps, des tueurs qui ne devaient pas en être à leur premier forfait. Les cadavres ont été traînés à l’extérieur pour être livrés aux charognards et ainsi rendre difficile qu’on établisse de qui il s’agissait. Examiner leurs vêtements ou ce qu’il en restait ? Alors, des exhumations ? Et offenser le Ciel ? Quels qu’ils aient été, je décidai qu’il fallait leur laisser la paix du tombeau avant le terrible Jugement.
    Il récita une courte prière. Puis il tira de sa manche un parchemin.
    — Voici, dit-il en le montrant, ce que j’ai découvert à demi caché par une bûche près de la cheminée,

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