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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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l’ai fait.
    Elle baissa la voix.
    — C’était la première fois que je… Mais ma main n’a pas tremblé… Alors j’ai le droit d’exiger ma place, toute ma place, dans ce que vous allez continuer d’entreprendre !
    Doremus fixa la jeune femme qui se tenait fièrement devant lui.
    — Soit, Lithaire ! concéda-t-il. Je ne peux ni ne veux m’y opposer.
     
    Dans l’après-midi, sept cavaliers quittèrent Yutz par la route du sud qui passait par la fontaine à l’orme : Doremus et ses deux amis, Lithaire qui l’avait demandé, deux serviteurs de la mission, des affranchis, que l’ancien rebelle avait décidé d’armer, et Colas, le jeune esclave qui servait Timothée et qui pourrait, au besoin, assurer la liaison avec Sauvat. Ce dernier, malgré ses protestations, avait été prié de demeurer à la résidence pour la protection de Régina et de ses deux fils. Pouvait-on exclure qu’une nouvelle tentative de meurtre fût dirigée contre eux ?
    Tous étaient armés d’un glaive court, sauf Lithaire qui portait un arc et un carquois et avait conservé à la ceinture son poignard. Elle avait revêtu pour la circonstance une tunique d’homme assez courte et des braies. Elle avait enserré ses cheveux dans une pièce de lin fin nouée sur la nuque.
    Arrivés à la fontaine, les cavaliers prirent la sente qui menait à la ferme. Après avoir observé depuis la lisière du bois la demeure et ses alentours et constaté qu’il ne se trouvait à proximité ni étrangers ni montures, ils s’approchèrent prudemment. A cet instant la fermière sortit de sa maison, accompagnée par sa fille, pour porter du grain à la basse-cour. L’une et l’autre regardèrent avec ébahissement cette troupe qui progressait vers elles avec précaution. La femme s’avança au-devant de Timothée qu’elle avait déjà rencontré et lui demanda, en mauvais francique, peu rassurée, « ce que voulaient ces seigneurs ».
    — D’abord boire un peu de cervoise, que nous paierons bien entendu, et aussi bavarder avec toi. Es-tu seule chez toi ?
    — Oui ! Mes hommes sont partis pour la journée sur une coupe dans la forêt. Pour le reste…
    — Nous allons en parler.
    Laissant les chevaux à la garde de Colas et des deux affranchis, les trois amis et Lithaire furent bientôt attablés devant une cruche de boisson, des gobelets et quelques galettes de seigle saupoudrées de graines d’aneth et parsemées de feuilles de menthe. Sur la salle dans laquelle ils se trouvaient donnaient quatre chambres. Le frère Antoine se leva pour aller jeter un coup d’œil sur l’ensemble des aménagements. Certaines pièces étaient dans un désordre qui contrastait avec l’aspect net et ordonné de la salle principale.
    La fermière, à qui l’inspection entreprise par le moine n’avait pu échapper, expliqua que « ses hôtes étaient partis juste après la collation de la mi-journée » et qu’elle n’avait pas encore eu le temps de « faire de la propreté ».
    — Quels hôtes ? demanda le Grec.
    — Je t’en ai déjà parlé ! dit la femme qui s’en tint là, avec un air à la fois inquiet et rusé.
    — Je vois ! enchaîna le Goupil en posant deux deniers sur la table. Et comme ça ?
    La fermière rafla les pièces qu’elle alla immédiatement placer dans une boîte au fond d’un coffre.
    — Mes hôtes ? reprit-elle. D’abord cinq hommes qui sont arrivés ici à la mi-mars…
    — Cela fait cinq semaines ? s’étonna Timothée.
    — Oui, c’est ça, une semaine avant le printemps. Ils m’ont dit qu’ils voulaient prendre pension pour quelque temps et ils m’ont montré de l’argent. Bien sûr, j’ai dit oui.
    — C’est tout ?
    — Non, après il y en a eu d’autres qui sont venus et repartis après être restés, comme ça, deux ou trois jours ici.
    — Nombreux ?
    — En plus de ceux du début, je dirai au moins six ou sept. Oui, pour sûr ! Ils payaient largement. J’ai pas à me plaindre. Sûrement que, pour les deniers, ils en manquaient pas !
    — Je veux bien le croire, marmonna le frère Antoine.
    — Étaient-ils bien équipés ? demanda Doremus.
    — Équipés ? Qu’est-ce que tu veux dire ? s’enquit-elle.
    — Oui, des armes, des choses comme ça !
    Elle frotta le pouce de sa main gauche contre son index.
    — Ça, c’est plus cher ! affirma-t-elle avec une lueur de cupidité dans le regard.
    L’ancien rebelle fit un signe à Timothée qui aligna encore deux deniers devant elle. Elle les ramassa et

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