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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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pu intervenir. Ils se précipitèrent vers elle, craignant qu’elle n’eût été blessée et constatèrent avec grande satisfaction qu’il n’en était rien. La jeune femme, debout à présent et qui semblait ailleurs, tenait toujours sa lame sanglante. Elle n’avait pas quitté des yeux celui qu’elle venait de frapper et qui ne bougeait plus. Elle passa la main sur son front où perlait de la sueur. Timothée se saisit de son poignard pour l’essuyer avant de le replacer dans sa gaine.
    — L’ai-je tué ? demanda-t-elle.
    Le frère Antoine, qui s’était agenouillé pour examiner l’homme gisant, se releva.
    — Non, il vit encore, assura-t-il. Mais…
    Le Grec, lui, regardait Lithaire qui se reprenait peu à peu, son visage encore tendu, ses vêtements maculés de boue ; il serra les dents et murmura :
    — Je ne me le pardonnerai jamais.
    La jeune femme jeta un coup d’œil vers la place où se tenait la femme en bleu et vers laquelle Fabian avait couru. Elle était déserte.
    Le Grec et le moine, avec quelques pièces, persuadèrent sans difficulté quatre maraîchers qui travaillaient à proximité de les suivre jusqu’à la résidence en transportant sur un brancard improvisé le blessé pour le déposer au valetudinarium. Ils passèrent au large de Yutz et évitèrent l’embarcadère en louant les services d’un batelier dont la barque était amarrée un peu en aval du bourg. En agissant ainsi ils ne se faisaient guère d’illusions : l’affaire approvisionnerait bientôt la foire aux rumeurs. Mais ils espéraient gagner un peu de temps pour mener leur enquête dans la discrétion.
    Quand ils arrivèrent à la résidence, ils constatèrent avec désappointement que le blessé était mort pendant son transport.
    Lithaire, pour sa part, était passée par le prieuré où elle résidait afin de se laver, de changer de vêtements et de se reposer. La supérieure avait vu arriver sans surprise, crottée et lasse, cette dame déguisée en marchande de rue, poignard au côté. Elle avait décidé de ne plus s’étonner de rien.
    Doremus fut plongé dans le navrement et les regrets par le récit de Timothée et du frère Antoine. Il fut tenté, un instant, de leur faire grief de n’avoir pas montré assez de vigilance, mais écarta immédiatement un tel reproche. Il avait pris seul la responsabilité de cette poursuite en approuvant le projet de Lithaire. Pas d’autre coupable que lui-même !
    — Mais quel dommage, lança-t-il, que cette canaille n’ait pas survécu ! Je vous jure qu’il aurait parlé !
    Lithaire ne tarda pas à rejoindre les trois hommes. Elle avait recouvré tout son sang-froid. Elle eut simplement une légère crispation du visage quand elle apprit la mort de celui qu’elle avait poignardé.
    — C’était toi ou lui, souligna Timothée, en lui prodiguant des éloges auxquels se joignirent l’ancien rebelle et le moine.
    Elle les accueillit avec un sourire ironique.
    — Je sais fort bien, dit-elle, ce que signifient de tels compliments : de la condescendance !
    Ils la regardèrent, surpris.
    — Je sais ce que je dis ! Au service des missi dominici, n’avez-vous pas rencontré cent fois des dangers semblables à celui que je viens d’affronter, surmonté cent fois des épreuves bien pires, exposé cent fois votre vie ? Vous êtes-vous alors répandus en considérations flatteuses, comme vous venez de le faire ? Non, n’est-ce pas ! Alors, comprenez que je ne me félicite pas de vos félicitations !
    Le frère Antoine esquissa un geste de protestation.
    — Dois-je te rappeler, lui lança-t-elle, que les femmes, qui donnent la vie si souvent au prix de leur propre existence, n’ont pas peur de la mort ? Qu’elles sont si souvent les victimes des guerres, mutilées, profanées, égorgées, qu’elles savent regarder le danger en face et riposter avec ruse et courage ?… Quant à moi, j’ai fait ce à quoi je m’étais engagée, ni plus, ni moins !
    Elle ajouta avec une sorte de mépris :
    — Le lourdaud qui m’a attaquée, dès lors qu’il n’a pu m’atteindre du premier coup par surprise, n’avait guère de chances contre moi. N’oubliez pas que, pour les tours de force et d’adresse que je devais exécuter avec mon frère et mon père, j’ai été dressée comme un garçon ! Y compris pour les armes !
    — Cependant… commença le Goupil.
    — Certes, poursuivit-elle sans se laisser interrompre, il m’a été pénible de devoir riposter comme je

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