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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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alimentait les conversations, nourrissait les rumeurs, de même que l’arrivée au valetudinarium d’un homme qui avait été mortellement poignardé et qu’on avait enterré comme un excommunié, loin de toute terre bénite. Ces différents éléments étaient commentés de multiples façons, suscitant cent fables diverses.
    C’est dans un tel climat que l’assistant du comte Childebrand fit comparaître Hunault devant lui. Il vit arriver un vieillard – il avait pris dix années d’âge en quelques heures – voûté, le visage ravagé par le chagrin. Il lui fit apporter un cordial que le représentant du sénéchal but lentement, péniblement. D’abord l’ancien rebelle n’obtint de lui que des réponses rares et incohérentes. Il était dominé par sa peine. Peu à peu cependant Doremus put lui arracher quelques précisions sur les circonstances dans lesquelles il avait fait la connaissance de Fabian. Bien qu’étant d’origine modeste, celui-ci, par sa prestance, sa civilité, sa serviabilité, avait su entrer dans les bonnes grâces de plusieurs dames de la cour, dont la fille de l’empereur, Rotrude. C’est dans l’entourage de celle-ci que Hunault l’avait rencontré pour la première fois.
    — Comme il s’était montré zélé et efficace… précisa ce dernier qui s’était ressaisi.
    — Je n’en doute pas, marmonna Doremus.
    — … je le pris à mon service.
    — Cela lui a-t-il permis d’entreprendre des missions ?
    — Évidemment. Il lui est même arrivé de se rendre en Italie, à la cour du roi Pépin, et une autre fois auprès du roi Louis d’Aquitaine. Les tâches qui étaient les siennes exigeaient qu’il se déplace fréquemment. Mais jamais…
    Des larmes vinrent aux yeux du vieillard.
    — Je ne comprends pas, vraiment non ! Ou plutôt je ne vois qu’une explication, murmura-t-il : il lui est arrivé quelque chose de grave, de très grave même… sinon il ne m’aurait pas laissé sans nouvelles… certainement pas… Lui… moi… sans nouvelles… Combien de fois ne l’ai-je pas mis en garde… avec ces bandes qui continuent d’infester le pays, qui ont perpétré d’abominables crimes ici même… Et lui, insouciant… Ah ! Dieu !…
    — Peut-être existe-il à son absence des raisons moins tragiques ?
    L’ancien rebelle passa la main sur son crâne chauve.
    — T’a-t-il jamais parlé d’une certaine femme en bleu ? demanda-t-il.
    — Que veux-tu dire ? lança le vieil homme subitement alarmé.
    — Après tout, il arrive que…
    — Jamais, tu entends, jamais ! cria Hunault, le visage empourpré par la colère. Fabian, avec ça ?
    Hunault émit une sorte de ricanement qui se termina en quinte de toux.
    — Jamais ! Je te le répète ! C’est une monstruosité ! Une infamie, une épouvantable infamie !
    — Mais je t’avais simplement demandé si tu connaissais cette femme en bleu dont nous avons appris l’existence au cours de notre enquête, précisa Doremus qui laissa de nouveau à son interlocuteur le temps de se calmer.
    » Une dernière question, reprit-il alors. La princesse Rotrude faisait-elle confiance à Fabian ?
    Le vieillard, le regard perdu, bredouilla avec des sanglots dans la voix :
    — Laisse-moi maintenant, je t’en prie ! Ah oui, laisse-moi !
    Et il quitta la pièce d’un pas chancelant.
     
    Depuis le jour où les coffres avaient été volés, le comte Hainrik, représentant le grand chambellan en la résidence de Thionville, donc responsable, en tant que chambrier, du trésor impérial, vivait dans l’angoisse avec des alternances d’espérance et de désarroi. Négligence, incurie, dommage irréparable, de telles accusations pouvaient le conduire devant le plaid du souverain et là…
    D’abord frappé de stupeur, il n’avait pas tardé cependant à se ressaisir et à tenter de rentrer en possession de tout ou partie du butin. Il avait demandé à des parents et amis de lui venir en aide en entreprenant des recherches dans toute la région, parallèlement à l’enquête conduite par la mission impériale. L’un d’eux avait même remonté jusqu’à Tours la route qu’avait suivie le chariot transportant les deux coffres, sans, d’ailleurs, faire la moindre découverte de quelque intérêt.
    Cependant, à mesure que les semaines passaient avec leur lot de déceptions, le chambrier s’assombrissait. Il se voyait déjà mandé par le grand chambellan, puis comparaissant devant Charlemagne pour l’entendre prononcer la

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