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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Oui, comment ? Alors, tu vas pouvoir répondre à ces simples questions : à quel moment le vin a-t-il été apporté, sur ordre de qui, quand les tonneaux ont-ils été mis en perce ?
    — Comment sais-tu cela ? lâcha Médéric, sous le coup de la surprise.
    Tentant de se reprendre, il ajouta :
    — Je voulais dire…
    — Mais ce que tu as dit, plaça l’abbé saxon d’une voix douce, exactement ce que tu as dit ! A présent, je ne te conseillerais vraiment pas de te dérober. Ton sort est encore en balance. Toute autre voie que celle des aveux te conduirait à un destin extrêmement fâcheux, crois-moi !
    L’homme baissa la tête, hésitant.
    — Comment pourrais-tu taire longtemps encore ce que tant de domestiques savent et m’ont appris ? ajouta Erwin. Mais, après les témoignages des uns et des autres, j’aimerais entendre le tien.
    — Il est vrai, confessa Médéric, que nous avons été bien négligents.
    — Je dirai : coupables.
    — Oh ! quand même pas du pire !
    — Nous en jugerons. Nous t’écoutons.
    Le commandant releva le front.
    — Alors que personne ne s’y attendait, dit-il, sont arrivés, peu avant le crépuscule, en ce funeste jour, deux chariots apportant des tonneaux de vin, ainsi que deux autres véhicules avec du pain blanc, des tourtes, des pâtés et cent autres choses succulentes.
    — Et pour quelle occasion ce festin ?
    — Il s’agissait de célébrer la venue du printemps…
    — Avec un peu de retard, me semble-t-il.
    — … et surtout la fin de notre installation en cette résidence… du moins pour l’essentiel.
    — Les chariots sont-ils parvenus à proximité immédiate du palais ?
    — Oui, par la cour intérieure, jusqu’à une porte permettant aux miliciens et aux domestiques d’y accéder sans passer par la cour d’honneur.
    — Je suppose que les tonneaux ont été mis en perce sur-le-champ.
    — Sans même qu’ils soient descendus des chariots, en effet. La nouvelle de cette aubaine s’est répandue avec la rapidité de l’éclair. Tous sont accourus pour en profiter.
    — Si bien que beaucoup furent bientôt repus et ivres ?
    Médéric montra un visage affligé.
    — Ah ! seigneur, ce fut pire encore ! Je ne sais quelle liqueur avait été ajoutée au vin, mais ceux qui en avaient bu – en fait tout le monde – commencèrent à divaguer et à extravaguer, pour sombrer ensuite dans un profond sommeil.
    — Après combien de temps ?
    — Moins d’une veille ( 33 ) en tout cas, oui, bien moins !
    Childebrand lui jeta un regard perçant.
    — Et où étais-tu alors ? lança-t-il.
    Le chef de la milice s’agita, mal à l’aise, sur son siège.
    — J’attends, gronda le missus dominicus.
    — Hunault et Fabian nous avaient demandé, balbutia Médéric, c’est-à-dire… aussi à Romuald et au comte Hainrik… oui, si on pouvait les rejoindre pour fêter cela entre nous, un peu à l’écart… avec de meilleurs vins.
    — Où, « à l’écart » ? demanda le comte d’une voix menaçante.
    — Un des appartements encore vides, à l’extrémité de l’aile droite.
    Le Nibelung éclata.
    — Ainsi, s’écria-t-il, aucun d’entre vous ne se trouvait sur place en ce moment crucial ? Est-ce Dieu possible ?
    — Mais, seigneur, tenta d’avancer l’accusé, qui aurait pu se douter !…
    — Encore un mot comme cela et tu te retrouveras dans les fers, promis aux pires supplices, jeta Childebrand. Quoi ? Toutes les consignes et règles de la plus élémentaire vigilance ont été foulées au pied, et tu oses encore plaider… mais quoi ? L’incurie ? L’incompétence ? La sottise ? Par tous les diables ! Pareille faute, pareil crime ! Et tu as le front de nous dire cela en face, et, en plus, de… Ah ! je ne sais ce qui me retient de vous faire tous pendre sur l’heure.
    Le commandant de la milice fit preuve en cette occurrence d’un courage inattendu.
    — J’ai confessé une vérité qui m’étouffait, dit-il. Que m’arrive maintenant ce qui doit m’arriver !
    — Ton aveu t’évitera peut-être une accusation bien pire, fit remarquer Erwin. Cependant, tout n’a pas encore été tiré au clair. Ainsi, ce milicien chargé de veiller sur le trésor.
    — Que le Seigneur m’assiste !
    L’homme regarda le Saxon avec un air accablé.
    — J’ai appris par la suite qu’il avait quitté son poste quelques instants pour participer à la fête. Childebrand serra les poings.
    — Quitté son poste… Quelques instants… ! gronda-t-il. Et sans

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