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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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complicités qui…
    — Des complicités ? s’exclama Childebrand. Par l’enfer, nous allons en avoir le cœur net et sans tarder !
    Les missi dominici gagnèrent une salle de réception et ordonnèrent qu’on fasse comparaître Médéric devant eux. Le commandant de la milice, encadré par deux gardes, entra dans la pièce en bombant le torse, avec un visage exprimant son courroux. Il demeura debout, attendant que se retirent ceux qui l’avaient escorté, ce que firent ces derniers sur un signe de Childebrand. Alors, avant même que le Nibelung ou le Saxon lui aient adressé la parole, il laissa éclater sa colère.
    — Pourrai-je enfin savoir, s’écria-t-il en s’adressant au comte, ce qui me vaut ce sort inique et scandaleux ? Pourquoi suis-je traité comme si l’on me soupçonnait des pires forfaits, que dis-je, comme un coupable ? De quoi suis-je donc accusé ? Est-ce ainsi qu’on en use avec quelqu’un qui a toujours servi l’empereur et ses fils dans l’honneur…
    Il montra une cicatrice qui lui barrait la joue.
    — … et qui a versé son sang pour eux ? Par Dieu, me l’expliquera-t-on enfin ?
    — Apaise-toi, et prends place ! dit calmement Erwin en désignant un siège.
    — Non, je resterai ainsi, comme un suspect qu’on interroge, puisqu’il semble qu’on me tienne pour tel !
    Childebrand se leva.
    — Soit, dit-il. Si tu n’as rien à te reprocher, tu vas m’expliquer aisément, et sans faux-fuyant, ce que signifiaient les appels à l’aide que t’ont lancé des bandits en donnant l’assaut à l’appartement de dame Régina et de ses fils.
    — Expliquer ? Sans faux-fuyant ? répliqua Médéric. Mais, seigneur, je n’ai pas plus que toi la moindre idée de la raison pour laquelle ces bandits – singuliers bandits, à dire vrai – ont poussé ces cris ! Non, aucune explication… Mais comment est-il possible de faire fond sur les hurlements de pareils va-nu-pieds ?
    L’ancien commandant ébaucha un sourire.
    — Je pourrais aisément, poursuivit-il, stipendier moi aussi de la sorte quelques braillards… pour faire peser des soupçons sur n’importe qui !
    — Des braillards qui iraient jusqu’à risquer le pire ?
    — Des braillards qui seraient assez miséreux pour sauter sur la moindre occasion de recevoir quelques deniers, assez stupides pour se croire imbattables, assez sots pour croire ce qu’on leur dit et se précipiter au-devant d’une mort assurée ? Ah ! l’espèce n’en manque pas !
    — Considère pourtant que le déroulement de leur attaque a de quoi susciter des questions. Ne te trouvais-tu pas, avec des miliciens, derrière la porte donnant sur l’appartement de Régina, et demandant qu’on t’en donne l’accès au moment de leur assaut ?
    Médéric s’étrangla d’indignation.
    — Et que devais-je faire, seigneur ? s’exclama-t-il. J’entends hurler, peu importe quoi, j’entends surtout les bruits d’un affrontement – le poste de garde est situé non loin du logis de dame Régina – et je dois rester sans bouger, le glaive au ceinturon, attendant qu’on l’égorge comme dame Rikhilde, qu’on tue les bâtards de Charles ? Ah ! par tous les saints…
    — Cependant…
    Mais le commandant de la milice était lancé.
    — Irait-on alors jusqu’à cette accusation abominable : que j’aurais, moi, Médéric, après des années de loyauté, prêté main-forte à des sicaires ? Moi ?
    — Jamais semblable accusation n’a été formulée, plaça Childebrand.
    — Me diras-tu, maintenant, que tu ne l’as jamais envisagée… au point de me mettre aux arrêts ?
    — C’était mon devoir, en raison aussi de la trahison de ce Bragard.
    — Ah ! celui-là, j’aurais aimé l’étrangler de mes propres mains ! Mais, seigneur, pour que j’appuie de mon épée de pareils tueurs, il aurait fallu que je fusse non seulement le pire des félons, mais encore le pire des imbéciles ! Un tel ramassis de…
    — Nous savons cela ! coupa le Nibelung en se rasseyant.
    Suivit un long silence que rompit l’abbé saxon.
    — Tu ferais mieux, dit-il, de suivre l’exemple du comte Childebrand, car nous n’en avons pas tout à fait terminé.
    Médéric s’exécuta de mauvaise grâce.
    — Tu te trouvais évidemment ici en cette nuit sanglante du mois de mars, commença le Saxon.
    — Hélas ! oui, j’étais en cette résidence, répondit le commandant de la milice. Je devais y être.
    — J’entends. Donc tu t’en souviens.
    — Comment l’oublier ?
    —

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