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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Le parloir de ce couvent n’est ouvert que de sexte à none, soit trois heures de surveillance à assurer chaque jour. Il faut qu’elle soit sans défaillance ! Rien ne devra échapper à ta vigilance ! Tout, jusqu’au plus infime détail, devra être noté ! D’ailleurs, je te rejoindrai souvent.
    — Mais enfin, seigneur, qu’en attendre ?
    L’abbé saxon murmura :
    — Mon fils, si ce que j’attends survient, cela ne risquera pas de t’échapper, crois-moi !
     
    Après avoir quitté Metz pour Thionville, Erwin ne gagna pas directement la résidence impériale. Il fit un détour par Valleroy pour y interroger à nouveau le bûcheron Hauer sur la découverte du bois de Saint-Martin. Il désirait savoir si des lambeaux de vêtements adhéraient encore à ce qui restait des corps en putréfaction et si on pouvait en tirer quelque enseignement. Le forestier souligna que l’aspect des dépouilles et leur odeur rendaient rebutant tout examen. Néanmoins, il avait bien fallu les mettre en terre. Il se souvint de la réflexion qu’avait faite alors l’un de ses compagnons qui accomplissaient cette répugnante besogne : « Je ne sais, avait-il dit, qui est venu crever par ici… Mais ce morceau de chemise, là, et ce bout de bandelettes… et puis ce soulier défoncé… sûrement pas des seigneurs ! »
    A la surprise de son interlocuteur l’abbé se montra satisfait de cette indication. Il le remercia chaleureusement avant de reprendre la route pour Thionville où il arriva dans l’après-midi. Il y fut accueilli par Doremus et Timothée qui étaient rentrés de Metz directement ainsi que par Sauvat et il parcourut la résidence tandis que les assistants rappelaient et situaient à mesure les différentes péripéties de l’affaire. Il cheminait à pas lents comme pour laisser mûrir en lui les impressions que faisait naître cette inspection. Il se rendit dans les communs où il bavarda avec les domestiques, palefreniers et cuisiniers, qu’il savait mettre à l’aise. Il fit visite ensuite à Régina pour un entretien qui se prolongea. Puis, après avoir examiné les aménagements de l’aile droite du palais, il rejoignit son ami Childebrand.
    Le comte et le Saxon allèrent immédiatement au valetudinarium pour y interroger celui que Timothée avait assommé et qui avait repris connaissance. De ce que leur dit cet homme qui s’exprimait dans le parler difficilement compréhensible des bouges de Metz, ils purent déduire qu’il avait été recruté, avec un gueux comme lui, cinq jours avant l’attaque, soit le 29 du mois d’avril, à la cour des Miracles de la ville. Au jour fixé, les deux sicaires improvisés s’étaient rendus à Yutz où ils avaient retrouvé celui qui les avait embauchés et un autre vagabond. Chacun avait été pourvu d’un glaive. Le chef avait promis à ses trois recrues dix deniers qui leur seraient remis après l’opération. Il leur avait fait une description des lieux où elle se passerait, avait précisé comment il conduirait l’assaut et quelle serait la place de chacun. L’attaque serait d’autant plus facile que des complices – parmi lesquels le chef de la milice lui-même ! – viendraient la renforcer.
    Forts de ces promesses, ces bandits d’occasion avaient gagné un embarcadère situé un peu en amont du bourg, traversé la Moselle en barque et pris pied sur la rive gauche à hauteur d’un passage qui leur permit de franchir la palissade entourant la résidence. L’agression s’était déroulée ensuite comme l’avait décrite Timothée, Doremus et Sauvat. Il fut impossible de tirer du blessé d’autres informations, notamment sur ceux qui se tenaient derrière cette entreprise.
    — Pour une fois, dit Childebrand à Erwin, je serai d’accord avec toi pour éviter la torture à un coupable… un imbécile, qui, d’ailleurs, ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà…
    — Pas grand-chose, je te l’accorde, concéda le Saxon. Cependant son récit confirme que ce coup de main-ci a été monté avec de pauvres diables, sans aucune chance. On le savait. Demeure cette question : pourquoi ? Mais il montre aussi que nos ennemis sont gens habiles et prudents. Habiles, parce que leur affaire a été soigneusement préparée. Prudents, parce qu’ils n’ont eu de rapport qu’avec le chef de cette lamentable troupe, qui ne devait pas être lui-même très sagace pour avoir accepté de conduire cette expédition catastrophique en comptant sur des

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