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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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accompagne-moi avec un gobelet de vin ! La nouvelle vaut bien cela ! Et poursuis !
    Tout en ponctuant son récit de petites gorgées, le moine indiqua que Magne était arrivé en compagnie d’un autre homme, vers la dixième heure ( 34 ), devant Sainte-Glossinde et avait franchi la porte du vestibule où se tient ordinairement la sœur tourière. Il en était ressorti très peu de temps après.
    — Pour autant que j’aie pu m’en rendre compte, il était de fort méchante humeur…
    — Certes ! Il n’a pu la rencontrer…
    — Il a eu avec celui qui l’attendait devant le portail une conversation animée. Puis ils sont repartis vers la porte du sud, la porte Scarponoise.
    Erwin trempa les lèvres dans son gobelet d’hydromel.
    — Ce compagnon de Magne, as-tu pu l’observer, saurais-tu le reconnaître ? demanda-t-il.
    — Comme il était tourné vers le portail, il m’a presque constamment présenté le dos. Cependant… oui, c’est un homme d’assez haute taille, mince, blond et, je dirai, encore jeune.
    — Et leurs vêtements, à lui et à Magne ?
    — Vus d’assez loin, plutôt soignés, rien de particulier.
    Le frère Antoine s’épongea le front.
    — Cependant, seigneur, reprit-il, je me fais d’amers reproches. N’aurais-je pas dû abandonner l’affût qui, pour l’heure, ne présentait plus d’utilité pour les pister ?
    Le Saxon posa sa main droite sur l’épaule de l’assistant.
    — Assurément pas ! Une telle poursuite aurait été risquée. Car si tu as reconnu Magne, celui-ci aurait pu te reconnaître. Et permet-moi de te dire que, quelque précaution que tu prennes, tu passes difficilement inaperçu.
    Le Pansu esquissa un geste de protestation plaisante.
    — J’ai tout lieu de penser, souligna Erwin avec gravité, et ce que tu as constaté renforce ma conviction, que, maintenant , la chasse est sur le point de commencer vraiment ! Alors ? Surtout ne rien faire qui puisse éveiller « leur » méfiance ! Surtout pas ! Au contraire…
    Le regard au loin, il répéta lentement :
    — Au contraire…

CHAPITRE VI
    Le Saxon, après avoir donné de nouvelles consignes à son assistant, regagna rapidement les écuries où il avait laissé sa monture et quitta Metz à toute bride pour l’abbaye de Gorze. Il y arriva bien après complies.
    Sans prendre le temps d’une collation, il entreprit de rédiger un long message à l’intention de Childebrand. Il convoqua le diacre Dodon, le lui remit et lui donna l’ordre de partir immédiatement, oui, en pleine nuit, pour la résidence impériale.
    — Il est de la plus haute importance, dit-il, que le missus dominicus soit en possession de ce parchemin à l’aube. Lui et lui seul !… Une décision capitale !… Écoute bien ce que je vais te confier… et que tu oublieras dès que ta bouche l’aura confié à son oreille : « Quel missionnaire du souverain se refuserait à convoquer à son service Surprise, Habileté et Audace ? En ce message voici ce qu’elles proposent. Que si les uns ou les autres protestent, eh bien, qu’ils le fassent tout leur soûl ! Surtout que nul n’en perde rien ! » A présent, répète !
    Dodon s’exécuta, mot pour mot.
    — Fort bien ! approuva Erwin. L’abbé Magulphe va te procurer cheval robuste et solide escorte. Ah ! n’oublie pas ton glaive ! Sait-on jamais… Emportez de quoi vous restaurer en route. D’ici l’aube vous avez le temps. Ne prenez aucun risque !
    L’abbé saxon bénit son serviteur :
    — Que la main de Dieu te protège, mon fils !
     
    Arrivé à Thionville avec le lever du jour, le diacre se fit annoncer au comte Childebrand par l’écuyer de celui-ci et fut conduit sur-le-champ en sa présence. Il tendit au missus dominicus, qui venait de terminer sa collation matinale, l’étui contenant le rouleau de parchemin, en précisant que l’abbé Erwin attachait à ce message une importance telle qu’il avait jugé nécessaire de le faire parvenir à son destinataire sans perdre un instant.
    Childebrand en prit connaissance avec un visage qui exprimait une surprise de plus en plus vive à mesure qu’il le parcourait. Il leva les yeux du texte, songeur, puis le relut lentement, après quoi, toujours aussi perplexe, il posa le document sur une table. C’est le moment que choisit le diacre pour lui indiquer que, contrairement à ses habitudes, l’abbé saxon n’avait pas dicté le texte, mais l’avait rédigé et scellé lui-même, après quoi il fit part au comte du message

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