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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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et tous leurs aides, particulièrement éprouvantes. Rien ne se produisit. Un calme plat. Childebrand ne tenait plus en place, s’impatientait et se mettait en colère au moindre prétexte, égrenant alors un chapelet de jurons. Erwin, lui, avait sa figure des mauvais jours. Il ne cessait de se demander s’il n’avait pas fait fausse route. Quels indices nouveaux possédait-il qui auraient définitivement prouvé la présence à Metz des bandits recherchés ? Rien que de très fragile en vérité. Il les tournait et retournait sans cesse en sa tête et chaque heure accroissait ses doutes.
    — Pourtant, murmura-t-il pour lui-même, afin de se rassurer, si ce que j’espère n’advient pas, alors tout le reste n’a aucun sens ! Je ne peux m’être trompé à ce point.
    Le troisième jour, au crépuscule, Dodon apporta enfin au missi une lueur d’espoir : depuis la veille au soir et durant toute la journée, il semblait bien que des hommes eussent entrepris de surveiller les abords de Sainte-Glossinde. Le frère Antoine et lui-même avaient attendu d’en être à peu près certains avant de prévenir leurs seigneurs. Détail significatif, ces individus s’efforçaient, en changeant leurs vêtures et leurs allures, de ne pas éveiller l’attention. Le Nibelung reprit son allant et le Saxon recouvra une humeur plus sereine. L’un et l’autre commencèrent à prendre des mesures discrètes, pour le cas où…
    L’événement tant attendu se produisit le quatrième jour. La femme en bleu, accompagnée d’une domestique, se présenta dans l’après-midi au portail du couvent Sainte-Glossinde et demanda l’autorisation de faire visite à dame Agnès.
    La mère supérieure refusa, conformément aux ordres de l’abbé Erwin. Les visiteuses eurent beau insister, tempêter, elle demeura inflexible. Elle accepta seulement de transmettre à Agnès un message. La femme en bleu, contenant difficilement sa colère, énonça d’une voix enrouée :
    — Vous lui direz que son frère se porte bien et qu’elle le verra très bientôt… dans les jours qui viennent.
    — Est-ce tout ? demanda la supérieure.
    — Oui, c’est tout !
    La visiteuse tourna le dos à la mère Adèle et, suivie de sa domestique, s’éloigna en houspillant celle-ci.
    Après que le message de la femme en bleu eut été communiqué non à Agnès mais à Lithaire, celle-ci enleva son habit de novice, revêtit le costume d’une marchande des quatre-saisons, emprunta le long souterrain qui constituait l’issue secrète du couvent et aboutissait dans une remise. Dodon, qui avait été alerté par l’arrivée des visiteuses au portail de l’abbaye, était venu attendre la jeune femme au point de rencontre convenu. Il recueillit les renseignements qu’elle lui avait apportés en toute hâte.
    Tandis qu’elle regagnait sa cellule et son état de novice, le diacre se dirigea vers les écuries du palais épiscopal. Là, il confia ces informations à un palefrenier, en l’occurrence l’un des serviteurs des missi, lequel les transmit à ses maîtres.
    — Enfin nous y voici ! s’écria Childebrand avec entrain. A nous maintenant ! Par tous les saints, ces crapules vont voir !
    Il regarda Erwin qui paraissait soucieux.
    — Oui, je sais, poursuivit-il. La moindre erreur, le moindre faux pas et tout sera à refaire. Le silence, la discrétion, le secret, voilà le plus difficile à obtenir et à maintenir, n’est-ce pas.
    Comme le Saxon se montrait toujours préoccupé, le comte lui demanda avec une pointe d’inquiétude :
    — Aurais-tu quelques doutes ?
    Émergeant de ses pensées, Erwin répondit :
    — Aucun, vraiment, ami, aucun…
    Hermant, prévenu dans les heures qui suivirent, partit pour Metz avec une quinzaine de gardes, n’en laissant que six à Thionville sous le commandement d’un de ses adjoints. Ils arrivèrent pour matines à proximité de la ville qu’ils contournèrent. Avant l’aube ils atteignirent l’abbaye Saint-Symphorien, située au sud de la cité, où ils se restaurèrent et prirent quelque repos tandis qu’on s’occupait de leurs montures. Au petit matin, ils étaient prêts à l’action.

CHAPITRE VII
    La ville de Metz proprement dite était entourée d’une muraille longue de plus de deux milles ( 38 ) et qui avait été élevée à la fin du III e siècle pour défendre contre les invasions ce qui était alors une importante place forte romaine. Cinq siècles après, ce rempart était en piteux état,

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