Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
Cependant…
    Il retira un instant son chapeau pour que sa guenon puisse lui gratter le crâne.
    — Cependant, dit-il, ne perdons pas l’espoir ! Si nous n’avons rien trouvé chez Bacchus, peut-être serons-nous plus heureux chez Vénus.
    Et il replaça son couvre-chef sur ses cheveux.
    Comme ils se dirigeaient vers cette nouvelle destination, Doremus faillit s’arrêter net, car il venait de reconnaître au détour d’une venelle, à une centaine de pas devant lui, ce gredin qu’il avait pourchassé dans la résidence impériale et qui lui avait échappé en traversant la Moselle en barque. Il était accompagné d’un homme qui ressemblait à l’un des cavaliers que Timothée, Sauvat et lui-même avaient suivis jusqu’au bois de Saint-Martin. Le « marquis des clairières » s’efforça de se dissimuler derrière l’Oiseleur qui avait une forte carrure et dont la taille était prolongée par son merveilleux chapeau. Quant au Grec, sans collier de barbe, peut-être ne le reconnaîtrait-on pas. Les deux suspects s’engagèrent dans une petite cour qui s’ouvrait sur la droite, comme s’ils n’avaient rien remarqué. Doremus ralentit l’allure, feignant une brusque fatigue. Au moment où Matis, le Grec et lui-même passèrent devant la courette, ils avaient disparu.
    — Pauvre Vénus ! murmura le Grec quand ils entrèrent dans le lupanar où les avait conduits l’Oiseleur.
    Une demi-douzaine de souillons, certaines jeunes encore, ainsi que deux mignons outrageusement fardés et vêtus d’oripeaux, s’offraient à la pratique qui hantait ce lieu : des miséreux mais aussi des hommes ayant bon aspect et de l’allure, lesquels ne semblèrent guère apprécier l’irruption de Matis et de ceux qui l’accompagnaient.
    — On dirait que la crasse et la disgrâce présentent pour certains un attrait si irrésistible qu’ils se risquent en ce bouge, observa Doremus.
    La guenon, à cet instant, commença à se débattre, à grimacer, à crier avec une sorte de rage.
    — Même ta guenon est écœurée ! jeta le Goupil.
    — Ma Niouchka a une petite âme délicate et sensible, expliqua Matis en tentant de la calmer. Elle déteste particulièrement les gitons.
    Cependant trois prostituées et l’un des mignons s’étaient approchés des arrivants en se dandinant, avec des gestes et des paroles aussi obscènes que vulgaires, vantant et offrant leurs services, « tout ce qu’on voudrait », offre qui fut refusée brutalement.
    Un simple coup d’œil sur la salle suffit aux enquêteurs pour constater qu’ils ne recueilleraient en cet endroit aucun renseignement de quelque intérêt.
    — Levons le camp ! dit Timothée avec une moue de dégoût. Rien qu’à respirer cet air nous risquons de pourrir sur pied !
    Comme Matis et les deux assistants s’apprêtaient à franchir le seuil de cet établissement, une jeune pensionnaire leur barra le chemin pour réclamer une pièce. L’ancien rebelle lui tendit un denier.
    — Tiens ! lança-t-il. Je paie bien volontiers de n’avoir pas eu recours à tes talents.
    La femme cracha devant les pieds de Doremus et saisit la pièce en abreuvant son vis-à-vis d’insultes qui mettaient en doute sa virilité…
    — Suffit comme cela ! s’écria le « marquis des clairières » quand ils eurent regagné la rue. Nous n’apprendrons rien de plus – en fait rien du tout – par ici. Reconduis-nous à notre point de départ, là où nous attend notre ami !
    — Pour vous servir, acquiesça Matis le Sage avec un sourire ironique. Je vous avais bien dit qu’il n’y avait pas grand-chose d’intéressant pour vous en ces lieux.
    — Tu ne nous as rien dit de tel. Mais, peu importe. Allons !
    Après avoir subi un nouvel assaut de mendiants aussitôt dispersés par l’Oiseleur, les deux assistants et celui-ci arrivèrent très rapidement à la place où patientait Dodon, constatant ainsi qu’ils avaient dû tourner en rond dans le labyrinthe de Wanzenstat. En fin de parcours, comme Matis réclamait une récompense « pour ses bons offices », Doremus lui lança :
    — Estime-toi heureux que nous ne t’enlevions pas, pour un sort des plus cruels, à cette existence de stupre et de vice, que tu sembles apprécier.
    — Je m’y attendais, répondit simplement l’Oiseleur, en repartant vers son domaine.
    Dodon, Doremus et Timothée regagnèrent immédiatement le quartier canonial.
     
    Les quarante-huit heures qui suivirent furent pour les missi, pour leurs assistants

Weitere Kostenlose Bücher