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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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nord. L’assistant des missi, lui, entra dans l’abbaye pour informer ceux-ci de la tournure des événements, laissant au bourreau et à trois gardes le soin de conduire les prisonniers ligotés jusqu’à leur lieu de détention.
    Lorsque ceux qui attendaient, près de l’église Saint-Bénigne, Agnès et son enfant pour les conduire, dans une rheda, jusqu’en Aquitaine, virent arriver de loin une troupe à cheval, ils crurent qu’il s’agissait des hommes qui les avaient « délivrés ». A peine étaient-ils revenus de leur méprise que Hermant et ses gardes étaient sur eux. Pas davantage que les sicaires qui se trouvaient devant l’abbaye Sainte-Glossinde, ils n’eurent le temps de se mettre en défense – elle aurait d’ailleurs été vaine – ou de prendre la fuite. Seuls deux d’entre eux arrivèrent à gagner et à franchir le pont sur la Moselle, mais ils furent aisément rattrapés par des cavaliers montant des coursiers rapides et portant un armement léger.
    Hermant put ainsi mettre la main sur six Aquitains et sur une femme qui avait été enlevée et qui aurait été contrainte d’assister pendant le trajet Agnès et son nourrisson. Ces prisonniers rejoignirent ceux qui avaient été capturés près du couvent et qui avaient été déjà incarcérés. Magne, après avoir été soigné et pansé, Alban et Fabian avaient été enfermés dans des cachots séparés.
     
    Avant de quitter l’abbaye où ils avaient été instruits par leurs assistants du cours des événements le comte Childebrand et l’abbé Erwin rendirent visite à la mère supérieure pour lui adresser leurs remerciements et lui annoncer que les sœurs pouvaient à présent, tout danger écarté, quitter la chapelle où l’office de tierce avait été prolongé bien au-delà de sa durée habituelle.
    Elle savait déjà que les trois religieuses, qui étaient de garde aux portes et qui avaient, selon les consignes données, « opposé une résistance raisonnable mais non exagérée » aux agresseurs, étaient saines et sauves, après être passées, il est vrai, par de pénibles épreuves.
    — Il ne pouvait en être autrement, dit-elle avec assurance, car nous n’avons cessé, pendant l’office, d’adresser au Seigneur nos prières les plus ferventes pour leur sauvegarde.
    Elle indiqua d’autre part qu’elle avait pris des dispositions pour que les cadavres des bandits soient placés provisoirement dans la pièce où étaient déposées, ordinairement, les dépouilles des sœurs décédées, avant leurs funérailles.
    — Ce lieu sera évidemment purifié, dès que vous aurez fait enlever ces cadavres, ajouta-t-elle.
    Après lui avoir renouvelé solennellement sa gratitude et celle de l’abbé Erwin pour l’aide qu’elle leur avait apportée, Childebrand promit pour l’abbaye Sainte-Glossinde une dotation exceptionnelle accompagnée éventuellement de reliques vénérables, à l’initiative de l’archichapelain, sinon de l’empereur lui-même.
    Quant à Agnès, elle avait été conduite avec son enfant pour la durée des opérations dans un dortoir pour sœurs converses où deux hommes d’armes et Lithaire avaient veillé sur elle.
    Quand le Saxon entra dans cette salle, Agnès était allongée sur une couche, son fils dans ses bras. Il fit signe à Lithaire et aux deux gardes de se retirer. Puis il s’approcha de la jeune femme.
    Elle embrassa son enfant, le déposa doucement à côté d’elle et fit effort pour se lever. Elle montra alors à Erwin un visage exprimant une telle détresse qu’il en fut bouleversé. Il s’était préparé à cette entrevue, réfléchissant à quelques phrases simples qui lui diraient sa compassion, l’assureraient de son aide, lui demanderaient d’avoir encore confiance. Quand il la vit, cette rhétorique lui parut dérisoire, pire : outrageante, pour elle… et pour lui. Elle continuait de le fixer d’une manière pathétique. Il se troubla. Sans pouvoir prononcer une seule parole, il fit un geste vague de la main. Puis il se retira lentement.
     
    Les missi dominici avaient réuni, dans la salle de réception de l’évêché, les dignitaires qui avaient été placés sous surveillance, quelques jours auparavant, dans le quartier canonial. Lithaire, qui avait retrouvé ses habits de dame d’atour, avait été autorisée, faveur exceptionnelle, à assister, mais assise à part, à cette audience. Childebrand et Erwin siégeaient derrière une table comme s’ils

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