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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Nous ! Pourrait-on taire cela, cette monstruosité, à cet instant, devant vous ?
    Il essuya de la main son visage sur lequel perlait la sueur.
    — Ah ! Dieu, ajouta-t-il, en être là…
    La voix d’Erwin s’éleva dans le silence qui avait suivi l’intervention du baron Rupert.
    — Taire cette monstruosité ? Assurément pas ! Car c’est le nœud de l’affaire.
    Le Saxon fixa le baron.
    — Oui, des rumeurs ont bien été répandues tendant à mettre en cause les plus hauts personnages, avec les plus atroces accusations. Il s’agissait en effet d’accroître entre eux les méfiances, de susciter des rancœurs, de provoquer si possible des haines, de les dresser ainsi les uns contre les autres. A l’origine de ces rumeurs ? La malignité, la jalousie, la calomnie, as-tu dit ? Que non pas, mais un propos délibéré, un plan mûri, une tentative menée avec persévérance et cynisme, une véritable conjuration visant à affaiblir et à déchirer l’empire !
    Tous, à présent, écoutaient l’abbé saxon avec des visages passionnément attentifs.
    — Conduite par qui ?
    Il se tourna vers Childebrand.
    — Par des hommes, n’est-ce pas, se réclamant abusivement de la cause aquitaine, rescapés de cette rébellion que nous avons récemment écrasée dans le Berry et qui sont parvenus à rassembler une poignée de sectateurs, vraisemblablement dans le Limousin. Ce coup de main sanglant à Thionville…
    Il réfléchit un court instant.
    — Il devait leur permettre, en somme, d’atteindre deux objectifs : d’abord se procurer un trésor de guerre, ce à quoi, hélas, ils sont parvenus, ensuite et surtout faire croire que l’assassinat de Régina et de ses deux fils…
    — Mais c’est Rikhilde et les siens qui ont été tués ! s’écria Rupert.
    — Le comte Hainrik saura vous expliquer par quel concours de circonstances ceux-ci ont péri à la place de ceux-là… Donc, il s’agissait de faire croire que ces meurtres avaient été commandés par un très haut personnage – comment dire ? – en vue de faire sortir du jeu une concubine aimée du prince et les deux fils qu’elle lui avait donnés. Les comploteurs s’attachèrent à accréditer, à grands risques pour eux d’ailleurs, cette implication, de telle sorte qu’on puisse soupçonner les uns ou les autres et ainsi entretenir Désordre, Agitation et Discorde. Une ruse aussi grossière ne pouvait évidemment avoir prise sur l’œuvre merveilleuse de Charles le Victorieux. Mais elle pouvait quand même entraîner quelques dommages, on l’a bien vu. Et elle avait été conçue de manière qu’il fût difficile d’en percer à jour les mobiles, d’en apercevoir toute la perversité, de trouver la piste de ceux qui la dirigeaient, enfin d’en venir à bout.
    — Nous ferez-vous l’honneur de nous révéler de qui il s’agissait ? plaça Hainrik sur un ton ironique. Cette femme en bleu, par exemple, dont on parlait à mots couverts…
    — Les meneurs, cette « femme en bleu » ? enchaîna Erwin. Je puis vous confirmer qu’en effet elle dirigeait cette conspiration avec pour seconds un certain Magne qui faisait déjà partie de la conjuration en Berry, et aussi un sicaire nommé Alban. Magne et Alban ont été faits prisonniers. La « femme en bleu » avait également pour complice Fabian, qui est aussi entre nos mains.
    Hunault, qui se tenait le front penché, redressa légèrement la tête pour jeter un regard sur le Saxon.
    — Oui, poursuivit ce dernier, Fabian, cet homme fourbe qui utilisait ses… fonctions… auprès de toi, Hunault, pour informer, guider et soutenir les rebelles… Quant à cette « femme en bleu », qui s’est donné la mort par le poison…
    Erwin marqua un temps d’arrêt, ménageant ses effets.
    — … il s’agissait en fait d’un homme (des exclamations accueillirent cette révélation), oui, d’un homme qu’une longue tunique, une perruque et un voile transformaient en femme, un homme nommé Raynal qui avait été un des meneurs de ces « compagnons de la nouvelle lune » ayant sévi en Brenne. Et, s’il faut en croire ce que nous ont déjà indiqué les interrogatoires, ce ne fut pas en tant que femme, mais bel et bien en tant qu’homme qu’il a pu, par séduction, s’attacher Fabian !
    — C’est faux ! s’écria Hunault qui ajouta sur un ton douloureux, presque à voix basse : Cela ne peut être vrai… pourtant… n’aurais-je pas dû…
    — Croyez bien, affirma l’abbé saxon, que je

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