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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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cause. Doremus et Timothée, qui menaient l’enquête à la prison, auraient apprécié de l’entendre lui-même. Ils ne purent y parvenir. Depuis son incarcération, il semblait ailleurs, le plus souvent allongé sur sa couche, le regard perdu, prononçant d’interminables monologues, buvant et mangeant à peine. Quand les assistants des missi pénétrèrent dans sa cellule, il sembla ne pas les apercevoir, ne pas comprendre leurs questions. Rien ne put le faire sortir de cette torpeur.
    Pour compléter l’information des missi dominici, des investigations furent entreprises sur les lieux qui, selon les indications de prisonniers, avaient servi de bases à la bande.
    Le frère Antoine, pour sa part, enquêta sur un vaste domaine à Woippy, village situé au nord de Metz, à faible distance sur la rive gauche de la Moselle. Son propriétaire reconnut sans difficulté qu’il avait loué, à la mi-mars, à des voyageurs désirant séjourner plusieurs semaines dans la région, une maison spacieuse avec écurie et remise. Ils paraissaient, dit-il, gens paisibles. Ils payaient bien. Ils disposaient d’excellents chevaux et de voitures. « Mais ils étaient quand même quelque peu étranges. » Entre eux, ils ne parlaient pas le francique. Le frère Antoine jugea inutile de prolonger l’enquête. Manifestement le maître du domaine n’avait jamais vu en ces singuliers voyageurs autre chose qu’une source de profits.
    Timothée, lui, se rendit dans une petite ferme aménagée en auberge et située dans un faubourg au-delà de l’église Saint-Hilaire. Elle avait échappé aux recherches précédentes, menées, il est vrai, avec une négligence délibérée. Son propriétaire était un petit homme au visage chafouin qui tenta d’abord de monnayer ses renseignements. Une sèche mise au point lui délia la langue gratuitement. Oui, des voyageurs, entre une demi-douzaine et une dizaine selon les jours, avaient bien pris pension chez lui à partir de la mi-avril. S’ils se déplaçaient souvent ? Assurément, mais ce n’était pas son affaire. Recevaient-ils des visites ? Ni plus ni moins que d’autres. A l’évidence un interrogatoire plus poussé lui aurait rafraîchi la mémoire. Mais pour apprendre quoi ? Le Grec le quitta non sans lui avoir lancé un avertissement sévère.
    Les aveux des prisonniers avaient permis d’établir que le quartier général des Aquitains se trouvait dans un lupanar de Wanzenstat, l’un de ceux où Matis le Sage s’était bien gardé de conduire les enquêteurs. Doremus, accompagné cette fois-ci par six gardes en armes, se rendit dans le quartier réservé où son escorte contint, non sans peine, l’assaut des mendiants. Aucune trace de Matis. De questions en menaces, il finit par découvrir de quel établissement il s’agissait et il se fit guider par un gamin plus hardi que les autres qu’il récompensa d’un denier.
    C’était une maison de prostitution plutôt moins sordide que celle où Matis le Sage l’avait mené précédemment en compagnie de Timothée. Dans la salle réservée à la pratique, qui pouvait trouver sur place des boissons et des mets simples et même jouer aux dés parmi les femmes qui offraient leurs services, ne se tenaient en cette fin de matinée que le tenancier et sa compagne, deux de ses « aides » ainsi que les prostituées qui s’apprêtaient à prendre leur collation de midi. A l’arrivée de l’impressionnant détachement certaines se réfugièrent dans les galetas où elles se retiraient avec les clients pour des amours vénales. Doremus remarqua sans peine, au fond de cette pièce, une porte qui s’ouvrait sur une vaste cour. En face de lui, il aperçut un bâtiment de bonne facture que jouxtaient des écuries. Il y pénétra. L’édifice pouvait recevoir au moins une quinzaine d’hôtes. Toutes les pièces en étaient rigoureusement vides. Aucune trace d’occupation.
    Il revint promptement dans le lupanar où ses gardes avaient interdit tout déplacement. Il ordonna qu’on lui fit visiter sur-le-champ toutes les chambres ou réduits. Il s’y rendit accompagné par deux de ses auxiliaires. Les fouilles leur permirent de découvrir des coffres emplis de vêtements pour hommes, tous de bonne qualité, et d’équipements de voyage. Dans le logis occupé par le patron et sa femme étaient soigneusement rangés des voiles de fine étoffe, trois tuniques bleu sombre, deux perruques blondes, des ceintures ouvragées et des bottines

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