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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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opposants, et l'archevêché est toujours le repère des séditieux. Seul Le Tellier – le fidèle, comme le nomme la reine – tient les rênes de l'État.
    — On en est vraiment là ? murmura Louis.
    — La reine est dure et ne cédera pas, sois en sûr ! J'en viens maintenant au sujet de mon inquiétude : Le Tellier a envoyé des messagers en Allemagne afin d'engager quatre mille reîtres qu'il fera pénétrer dans Paris. Pour lui, tout se réglera dans le sang à l'automne.
    À ces paroles, Louis s'alarma plus encore, Gaston poursuivit, toujours à voix basse :
    — M. Séguier a pu se procurer le plan des cantonnements. Les gens de guerre seront installés chez l'habitant autour de Paris. Pas trop près cependant, pour éviter qu'ils n'entrent en ville de leur propre initiative. Près de chez toi, à Viarmes et à Asnières, deux compagnies s'installeront. La reine voulait en mettre une à Luzarches, pour faire peur à M. Molé qui y a son château, mais Mazarin l'a convaincue de n'en rien faire. Après tout, il est leur allié !
    — Je comprends ta crainte, fit Louis, après un instant de réflexion. Ces soldats auront table franche et causeront de grands troubles…
    — Exactement ! Tu sais qu'il est impossible de tenir une armée. Il y aura partout des troupes de maraudeurs. Les prévôts des maréchaux et leurs archers seront impuissants si quelques douzaines de reîtres attaquent une ferme ou un château. Tu dois donc protéger Mercy.
    — Je vais demander à Michel de renforcer les défenses du château. Qu'en penses-tu, Bauer ?
    — Il faut armer vos gens, monsieur, et les entraîner. Il y a bien à Mercy une trentaine d'hommes capables de manipuler un fusil, mais nous n'aurons pas assez d'armes.
    — C'est de ça que je voulais te parler, reprit Gaston. Quand tu rentreras, tu emporteras deux mousquets que j'ai ici, ainsi que deux pistolets à silex et trois épées. De quoi disposes-tu là-bas ?
    Louis lança un regard interrogateur vers Bauer, en charge de l'armurerie depuis le départ de Gaufredi, le vieux reître que Louis avait eu quatre ans à son service.
    — Une dizaine de mousquets, monsieur, et autant de carabines, plus votre nouveau fusil à silex. Mais il faudra vérifier qu'ils soient tous en état. Une dizaine de pistolets aussi, mais la plupart à rouet… quelques épées… mon canon à feu. En revanche, nous avons peu de poudre et encore moins de balles. Ces armes ne servent qu'à la chasse.
    — Face à une compagnie de reîtres, ce sera insuffisant, jugea Gaston. Il te faudrait une vingtaine de fusils, avec de la poudre et des balles en quantité suffisante.
    — Cela coûtera beaucoup d'argent, s'inquiéta Louis.
    — Oui, si tu y ajoutes des épées, des corselets, des bourguignotes ou des morions, tu n'en auras pas pour moins de cinq mille livres.
    — Tout l'argent que tu m'as donné va y passer, et cet armement ne servira peut-être à rien.
    — C'est un pari, Louis, comme te l'a dit Blaise Pascal, fit Gaston en écartant les mains d'évidence. Mais pense à tes gens, à Julie, à tes enfants. Pense à ce qui est arrivé à ton fermier. Si une bande attaque le château, il te faudra tenir au moins quelques heures, sinon quelques jours, avant d'obtenir du secours.
    — Tu as raison. Où acheter des armes ?
    — Je peux m'en occuper. J'irai lundi rue de la Heaumerie, je ferai le tour des armuriers et je choisirai ce qu'il te faut. Je demanderai à l'armurier avec qui je traiterai de te livrer cet équipement à Mercy. Nous ferons nos comptes après.
    Tous les armuriers de Paris étaient regroupés rue de la Heaumerie, entre la rue de la Vieille-Monnaie et la rue Saint-Denis. On trouvait surtout là des cuirassiers, qui fabriquaient corselets, bourguignotes et morions, des arquebusiers, qui montaient mousquets, fusils et pistolets, et des fourbisseurs, qui vendaient des armes blanches.
    — Si che peux donner mon avis, intervint Bauer, inutile d'armer d'épées les paysans de Mercy. Il suffit qu'on forchee des piques et des guisarmes que M. Hardoin emmanchera. Un croquant est autrement plus dangereux avec une pique qu'avec une épée.
    — C'est vrai, approuva Gaston en hochant du chef.
    *
    À ce moment-là, Boutier arriva, encore tout transpirant avec la chaleur, même s'il était venu en carrosse. Il s'excusa de son retard et, Armande, en venant le saluer, proposa de passer à table. Elle donna des ordres à la servante et à un valet pour qu'ils

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