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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mais il avait survécu 131 .
    — Non à cause de moi, répliqua le marquis d'un ton sec. À cause d'un espion que vous n'aviez pas démasqué.
    Il fit signe qu'on lui porte du vin. On le redoutait et le valet s'exécuta sans traîner.
    — Vous deviez me livrer ce traître, grimaça l'Échafaud.
    — Je le ferai lorsque je le jugerai nécessaire. Mais brisons là : vous avez vu ce qui s'est passé dans Paris, cet après-midi ?
    — Oui, mais presque toutes les échoppes étaient fermées et il n'y a pas eu beaucoup de profit pour mes gueux.
    — Il ne tient qu'à vous qu'il y ait pillage demain. Forcez les grilles du Palais-Royal et mettez-le à sac !
    — Vous rêvez, monseigneur !
    — Non ! Il y a aura cent mille Parisiens avec vous.
    — Mais les Suisses, les gardes…
    — Ils seront submergés, assura le marquis à voix basse et en se penchant vers lui. Vous entrerez dans le palais aisément. Tout le monde voudra rapiner les richesses volées par le Mazarin. Dans la foule, trouvez la reine… et tuez-la… Tuez aussi le roi. Vous aurez toutes les femmes, tous leurs bijoux…
    Les trois gueux se regardèrent, les yeux enfiévrés.
    — Pensez au butin !
    130 La Conjuration des Importants , éditions du Masque.
    131 Voir L'Enfançon de Saint-Landry , dans L'Homme aux rubans noir , éditions J.-C. Lattès.

36
    L e calme revenu, Gaston avait fait prévenir Armande qu'il passerait la nuit chez M. Séguier. Lors du souper, le chancelier s'abîma dans le silence.
    Avant de quitter le Louvre, Mazarin lui avait ordonné de se rendre au Palais de justice négocier la reddition des parlementaires et imposer l'autorité royale. Il avait ajouté mielleusement qu'il ne voyait pas de négociateur plus honorable que lui. M. Séguier lui avait répondu que pour que tout rentre dans l'ordre, il était plus simple de libérer Broussel, mais comme le cardinal insistait, le chancelier avait fait remarquer qu'il s'agissait d'une mission périlleuse et impossible : le coadjuteur, pourtant idole du peuple, avait failli être tué par les émeutiers. Comment parviendrait-il à traverser la ville et à se rendre au Parlement sans, lui-même, recevoir de mauvais coup ? Mazarin l'avait alors assuré qu'il y aurait des troupes tout au long de son chemin et aucune raison d'avoir peur. Il avait même ajouté perfidement que son père Jean, lieutenant civil de Paris durant les troubles de la Ligue, n'aurait jamais refusé de risquer sa vie pour le roi.
    Pour échapper au climat d'inquiétude régnant dans l'hôtel, Gaston était sorti après le souper afin d'observer ce qui se passait en ville. Les régiments des gardes suisses et françaises avaient pris position devant le Louvre, les Tuileries et le Palais-Royal où ils demeureraient toute la nuit afin d'empêcher la milice bourgeoise de se saisir de la porte de la Conférence qu'Henri III avait utilisée pour s'enfuir de Paris 132 .
    Car les bourgeois ne décanillaient pas ; ils étaient toujours là, en armes, autour du quartier des trois palais, avec des corps de garde à tous les carrefours. À la barrière des sergents de la rue Saint-Honoré, on voyait même des sentinelles bourgeoises à dix pas de celles de la garde du roi.
    Tilly rentra fort soucieux et dormit peu. Il songea à ce qui s'était produit, à l'aide apportée à Gondi, à leurs souvenirs en commun depuis l'époque où ils s'étaient connus au collège de Clermont. Il pensa aussi à la machination dont avait été victime Bussy-Rabutin. Son enquête se verrait mise en sommeil pour des semaines, voire des mois. Combien de temps dureraient ces troubles ? Comment allaient-ils se terminer ? Il aurait aimé avoir Louis avec lui pour prendre les bonnes décisions et s'endormit, finalement, en songeant à Armande et à l'amour qu'il éprouvait pour elle.
    *
    Des roulements de tambour et de lointains tirs de mousquets le réveillèrent bien avant l'aube. Il se leva, passa son pourpoint sur sa chemise froissée, et descendit aux cuisines avaler une soupe avec du pain rassis et des confitures. En préparant le déjeuner de M. Séguier, la cuisinière lui expliqua que les boulangeries n'avaient pas fait cuire de pain, ni même ouvert.
    Comme il mangeait, il entendit de grands bruits dans l'antichambre de l'hôtel. Il s'y rendit et reconnut Zongo Ondedei, entouré d'une dizaine de gardes du corps, en train de palabrer avec l'exempt Picot et l'intendant.
    — … Je vais prévenir M. le chancelier,

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