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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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manquant. Leurs regards se croisèrent un instant et Tilly pensa immédiatement à l'Échafaud, le roi d'Argot dont Louis lui avait parlé l'année précédente et pour lequel il avait fait imprimer une affiche proposant – sans succès – une récompense. Le roi d'Argot, lui avait expliqué Louis, était borgne, avait les cheveux blancs et était défiguré par la petite vérole et une balafre.
    Il n'eut pas l'opportunité d'y songer plus, Picot lui cria que le passage était libre. Gaston n'eut que le temps de s'accrocher à une portière alors que le cocher fouettait les bêtes. La voiture s'engagea au galop sur le quai, vers le pont Saint-Michel.
    *
    Sur le marchepied, en se tenant à la portière, il regarda derrière eux. Des centaines de gueux, voulant venger leurs compagnons, les poursuivaient en criant « À mort ! », « Aux armes ! » Les pendards savaient ne rien risquer puisqu'il n'y avait aucun garde du roi par là et que le guet bourgeois s'effacerait devant leur nombre. Ils passèrent le couvent des Grands-Augustins. Le quai était désert. Pendant la poursuite, plusieurs coups de mousquet éclatèrent dont il ne put identifier la provenance. Étaient-ce les bourgeois des barricades qui tiraient sur les gueux ?
    — Prenez le pont Saint-Michel ! ordonna-t-il au cocher, tandis que la voiture au galop le secouait en tous sens.
    — Il est barré par un peloton bourgeois ! hurla l'évêque de Meaux de l'intérieur.
    — Au moins, ceux-ci nous protégeront ! glapit Séguier, terrorisé. Si ces truands nous rattrapent, nous n'en sortirons pas vivants. Et Dieu sait ce qu'ils feront à ma fille…
    — Si les bourgeois se saisissent de vous, vous servirez de monnaie d'échange, mon père, et ce sera la disgrâce pour notre famille, fit Charlotte de Sully avec beaucoup de sang-froid. Ne songez donc pas à moi.
    — N'avez-vous pas d'amis qui pourraient vous cacher ? cria Gaston.
    Le chancelier, affolé, regardait les façades d'hôtels en train de défiler. Tous avaient leur porte ou leur portail bien clos.
    — Il y a bien l'hôtel de Luynes, mais même si nous y parvenons, nous ne pourrons nous y cacher tous ! gémit-il.
    — Vous descendrez seul, mon père, nous continuerons jusqu'au pont Saint-Michel où la garde bourgeoise viendra vous aider.
    Elle avait raison, songea Gaston en regardant à nouveau en arrière. La bande de truands était encore loin, mais il n'y avait plus que deux archers qui galopaient à leur suite. Qu'était-il advenu des autres ? Peut-être cherchaient-ils du secours, s'étaient-ils enfuis ou avaient-ils été abattus.
    — Arrêtez-vous devant l'hôtel de mon gendre ! 136 , hurla Séguier au cocher par la fenêtre.
    Par chance, le porche de l'hôtel de Luynes était ouvert bien que le duc ne soit pas à Paris. Dans un long crissement accompagné du hennissement des chevaux dont les mors blessaient les mâchoires, la voiture s'arrêta.
    Gaston ouvrit la portière du carrosse et tira le chancelier. Ils étaient presque au bout du quai et le guet bourgeois du pont Saint-Michel allait envoyer un peloton. Mais où se dissimuleraient-ils ?
    — Cachez-vous bien, mon père ! J'enverrai du secours, cria la duchesse de Sully.
    132 Voir La Ville qui n'aimait pas son roi , même auteur.
    133 Sully.
    134 La statue d'Henri IV qui se trouvait alors sur une petite esplanade du pont.
    135 La statue d'Henri IV à cheval.
    136 Le duc de Luynes, époux de Louise Séguier, était le fils qu'avait eu la duchesse de Chevreuse, Marie de Rohan, lors de son premier mariage. Son hôtel était au n° 17 du quai actuel, à l'angle de la rue Git-le-Cœur.

37
    L e carrosse repartit, mais, en se retournant, Gaston découvrit que l'évêque de Meaux était descendu avec eux et les rejoignit.
    — Je ne pouvais laisser mon frère seul ! dit-il.
    Avec le fracas des chevaux, la porte principale de l'hôtel s'était ouverte. En sortit une vieille femme, ébahie. Ils s'engouffrèrent à l'intérieur et Gaston referma, puis poussa les verrous.
    — Madame, haleta-t-il, que les domestiques se barricadent. M. le chancelier est poursuivi, cachez-le, je vous en prie !
    Ils se trouvaient dans une entrée d'où grimpait un bel escalier peint de motifs mythologiques à la rampe en fer forgé. Un valet à l'air ahuri les regardait d'en haut.
    — Antoine, ferme les volets intérieurs ! Jean, cria-t-elle à un autre valet, vérifie toutes les portes, l'hôtel est attaqué. Messieurs,

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