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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qui, descendu du carrosse, expliqua devoir se rendre au Parlement pour une importante affaire. Ni Séguier ni son frère ne se montrèrent. Après une brève hésitation, l'officier accepta. Ils s'engageaient sur le pont lorsque le chancelier fut reconnu par l'un des hommes de garde ayant regardé à travers la fenêtre de la voiture. C'était malheureusement quelqu'un auquel, des années auparavant, il avait fait perdre un procès.
    — C'est le chancelier ! cria le bourgeois. Il vient pour empêcher que le Parlement ne s'assemble et qu'on ne rende M. de Broussel. Il faut l'assommer !
    — Fouettez les bêtes ! cria Gaston au cocher, en sautant sur le siège avant.
    Abandonnant la chaise et les deux porteurs, la voiture fut lancée à grandes brides, tandis que les quatre archers demeuraient derrière, pistolet au poing afin d'empêcher toute poursuite. Pas très courageux, les bourgeois les laissèrent filer, bien que l'un d'eux tirât un coup de mousquet.
    — Au cheval de bronze 134 , prenez le quai des Orfèvres, ordonna Tilly au cocher.
    Dans les demi-lunes du pont, où se dressaient de petites échoppes de marchands d'orviétans, de vendeurs de drogues et d'arracheurs de dents, toute une faune de francs-mitoux et de truands s'était installée pour la nuit. Au fracas du carrosse et des coups de feu, les gueux se levèrent et tentèrent à leur tour d'arrêter la voiture, mais durent s'écarter devant la course folle des chevaux. Quelques-uns jetèrent des pierres qui n'atteignirent personne.
    La voiture parvint au cheval de bronze 135 . Il y avait là d'autres baraques, en particulier celles de Carmelines, célèbre arracheur de dents. En face, une barricade et des gens armés fermaient l'entrée vers la place Dauphine. Plus bas, le quai des Orfèvres était aussi barré par trois chaînes. Derrière elles, prudemment en retrait, se tenaient quatre ou cinq ombres porteuses de mousquets. À leurs habits et chapeaux, Gaston devina qu'il s'agissait d'avocats ou de procureurs. Deux de leurs arquebuses étaient sur les fourquines et une mèche crépitait déjà. Impossible de forcer le barrage sans risquer une vie.
    — Nous ne passerons pas ! lança Gaston au cocher qui tenait les rênes. Continuez jusqu'au quai des Grands-Augustins !
    — Je vois d'autres chaînes au bout du pont, monsieur, et quatre hommes montent la garde.
    — On verra !
    Des injures et des menaces fusaient derrière eux. Du siège, Gaston se tourna et aperçut une trentaine de gueux leur courir sus.
    Le carrosse repartit pour s'arrêter juste devant les chaînes. Comme il n'était plus temps de parlementer, Gaston descendit, pistolets en main, ainsi que Picot à qui il avait expliqué son plan en quelques mots hachés.
    Les quatre archers à cheval les avaient déjà rattrapés.
    — Levez les chaînes, service du roi ! ordonna Tilly aux six bourgeois en morion de la milice urbaine.
    L'un d'eux, plus courageux que les autres, et qui tenait fièrement une hallebarde, répliqua d'une voix pourtant hésitante :
    — Nous devons demander à notre officier, monsieur.
    — M. le chancelier Séguier est dans ce carrosse, répliqua Gaston, en lui mettant un pistolet sur le front. En refusant d'obéir à un ordre du roi, vous vous rebellez et commettez un crime de lèse-majesté. Levez les chaînes ou je vous fais suspendre là-haut.
    Et de désigner la potence érigée à quelques pas où était encore pendu un voleur accroché quelques jours plus tôt par maître Guillaume.
    Déjà, les archers d'escorte entouraient les bourgeois. En même temps retentissaient les cris menaçants des gueux qui arrivaient en courant.
    Celui qui avait répondu à Gaston de Tilly posa sa hallebarde, fit signe à un de ses camarades et, à deux, ils se saisirent du crochet soutenant la première chaîne. Les autres firent de même à la seconde. Tandis que Picot les gardait en joue, Gaston se retourna : l'armée des gueux arrivait à tous sabots, brandissant piques et lardoires. Il tira vers le premier des truands qui s'écroula, puis sur un autre avec son second pistolet. La horde, alors à une vingtaine de toises, s'arrêta net.
    À ce moment, Gaston remarqua un homme aux cheveux blancs qui, bien qu'en arrière, semblait se faire obéir de la bande. Ce n'est pas le contraste entre sa jeunesse et la couleur de sa crinière qui attira son attention, mais un visage à la fois marqué par la petite vérole et balafré sur tout un côté, avec un œil

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