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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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J’implore de l’aide ! Mais il y a plus grave…
    Fortunat alla farfouiller dans un tas de vêtements et en tira une pièce rappelant un instrument de torture.
    — Voyez, petit valet. Que vous en semble ?
    — Euh, c’est un… corset ?
    — Gagné. Vous avez sous vos yeux ce que l’on nomme une ceinture suissesse. Coupe gracieuse, n’est-ce pas ? Et qui amincit à merveille. Celle qui l’a portée ne devait guère dépasser les cinquante centimètres de tour de taille, j’aurais pu l’enserrer de mes deux mains.
    — Où voulez-vous en venir ?
    — Patience, petit valet, chaque détail compte. Grâce à cette ceinture, les hanches restent très en valeur. Palpez le bustier. Quoique rigide, il s’incurve afin de rebondir sur l’abdomen dont il épouse la rotondité. Il rehausse les seins et… Vous ne m’écoutez pas !
    — Mais si, je vous assure.
    — Je le répète, petit valet, chaque détail est vital. Le tissu, par exemple, broché de soie mauve, sa couleur. Ah, combien de fois l’ai-je vue, à travers la fente de ce mur, se dévêtir, le soir ! Elle savait que je l’épiais, la drôlesse, elle mouchait exprès sa chandelle avant que d’ôter ses dessous. Puis un homme la rejoignait, et je me bouchais les oreilles pour ne point entendre les halètements de leur fornication ! Observez, insista Fortunat en lui fourrant le corset sous le nez.
    — Je ne distingue rien de particulier.
    — Là, cette coccinelle brodée agrémentée de sept points noirs ! Sept, parce qu’elle est originaire de Sète.
    — La ville de Sète ?
    — Oui, non loin du fief des cathares, ces hérétiques ! Ce corset lui appartient, je le sais. D’ailleurs, elle a une coccinelle identique tatouée sur l’épaule gauche.
    — Mais de qui est-il question ?
    — De Dalila la perverse qui coupa la chevelure de l’infortuné Samson. Ah ! petit valet, la danse des voiles !
    — Mille excuses, mais…
    — Je m’égare. Petit porcher, comment expliquez-vous la présence de ce jupon que voici, de cette jarretière que voilà, de cette ceinture suissesse, et du livre d’heures marqué du chiffre L. R. que j’ai découvert au fond d’une cave de la rue du Poitou lors de ma dernière expédition souterraine ?
    — Je ne me l’explique pas.
    — Heureux de vous l’entendre dire, car moi non plus. Et cela fait cinq jours qu’elle a disparu.
    — Mais qui ? bêla Joseph.
    — Lucie Robin, la camériste de ma fille. Ah ! C’est obélisqual. Par quel tour infernal cette gaine et ces jupons ont-ils échoué sous terre, justement à l’endroit où l’on a retrouvé la carcasse d’ un maître de l’ordre ? Éclairez-moi, petit porcher.
    Joseph faillit répliquer qu’il préférerait être qualifié de petit valet. La conversation prenait un tour inquiétant, ce vieux toqué était-il sincère ou lui jouait-il du violon ? Il demeura coi, son regard accrocha un visage en forme de poire, encadré au-dessus de la cheminée : feu Louis-Philippe. En même temps il pensait :
    « Il faut que je sorte d’ici. »
    — Je ne peux fournir de solution rationnelle, répondit-il. Pour semer ainsi ses vêtements en un tel lieu, cette Lucie Robin doit avoir perdu la boule.
    — Insinuez-vous que je suis sénile ? Non, non, non, j’ai toute ma tête, petit porcher. Aucun membre de cette smala n’étant digne de confiance, je réclame assistance. Et puis foutre, manant ! Vous allez finir par me mettre en rogne. Que diriez-vous d’une bonne dose d’ arquebuse ?
    « Je sens que si ça continue, je vais être contraint de sauter par la fenêtre, songea Joseph. Non, j’ai une mission à accomplir ! »
    — Puisque nous en sommes aux spéculations, monsieur le baron, misons d’abord, nous trinquerons ensuite, suggéra-t-il.
    — Quel est l’enjeu ?
    — Des réponses contre ceci, dit Joseph en produIsant une seconde page du catalogue imprimée recto verso de nymphes dénudées.
    — Accordé, petit valet. Je suis tout ouïe.
    — Qui parmi vos proches a récemment séjourné à Java ?
    — Tous, par les cornes du boulanger ! Ils m’ont abandonné aux mains de la valetaille quatre mois durant pour partager la vie quotidienne des primates. Gibbons et orangs-outans valent davantage à leurs yeux que le fondateur de leur lignée !
    — Je veux des noms.
    — Ma fille Gabrielle, son époux Antoine – le démon le patafiole ! –, le cousin Maxime, un mou, Charles le secrétaire,

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