Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
Vom Netzwerk:
habite au 3, rue Saint-André-des-Arts. J’ignore si elle est mêlée à ce meurtre.
    — Bravo, Joseph, vous êtes digne de Sherlock Holmes. Se pourrait-il qu’elle détienne la coupe ?
    — Allez savoir. Il faudrait se mettre en planque demain très tôt et ne pas la perdre de vue. Ah, j’allais oublier !
    Joseph tendit la lettre de Fortunat.
    — Je vous préviens, patron, je l’ai lue, jeta-t-il d’un air de défi.
    Victor parcourut la missive et se gratta la tempe.
    — Il va falloir se partager les tâches. Que diriez-vous d’un petit saut chez ce vieillard libidineux ?
    — C’est encore sur moi qu’ça tombe ! Il a la cafetière ébréchée, le baron. Il m’inquiète, patron, ces cadors empaillés ça me flanque la chair de poule !
    — Bon, si vous avez peur, je m’en chargerai.
    — Peur, moi ? Après tout ce que j’ai affronté !
    — Donc, vous y allez, vous lui offrez un cadeau que je déposerai à la librairie, vous recueillez sa confession. Tant que vous y êtes, tâchez de savoir si la famille compte un tireur d’élite et si l’un de ses membres a séjourné récemment en Grande-Bretagne. De mon côté j’irai monter la garde rue Saint-André-des-Arts, vous me relèverez à l’heure du déjeuner. Ça marche ?
    — À vos ordres, patron, c’est ce que j’appelle de l’organisation. Maintenant j’vous laisse, sinon maman va m’chanter pouilles !
     
    Victor avait pris des décisions rapides, mais il était préoccupé. Tasha ! Elle serait bientôt là. Pourrait-il réussir à se délivrer de ce qui lui pesait sur le cœur ? Quelle serait sa réaction ?
    « Cela ne sert à rien de spéculer. Mon côté faible _est que je suis trop adroit à tout analyser, j’examine, je soupèse, j’interprète selon mes propres critères et je finis par me fourvoyer. Nous mettrons les choses au Point, se dit-il. S’il y a des questions à régler, nous le ferons. »
    Il allait et venait dans son appartement, le gilet à la main. La peine qui l’oppressait persistait. Finalement, il traversa la cour et s’installa dans l’atelier où le crépuscule étirait des ombres. Il alluma une petite lampe à la lueur si ténue qu’elle dispensait juste un halo bleuté autour du globe. Debout près de la fenêtre, il observa les gamines du menuisier. Elles jouaient à chat perché, leurs rires résonnaient entre les façades et prenaient des accents étranges. Il n’avait pas faim. À neuf heures, il ôta son nœud papillon et s’allongea dans l’alcôve. La vue de l’oreiller lui serra la gorge, il l’envoya valdinguer. Et la colère l’envahit soudain, une colère contre Tasha qui le rendait malheureux.
    « Que lui dire ? J’ai lu, je sais, mais sois sans crainte, ma chérie, tu es libre de rejoindre ton ancien amant, je comprends parfaitement…» Foutaises ! Il s’obligea à concentrer ses pensées sur un crâne de singe orné d’une tête de chat. Y avait-il là de quoi voler la vie de son prochain ?
    Négligemment assis dans un fauteuil, jambes croisées, un livre à la main, une ébauche de sourire aux lèvres, Kenji Mori semblait sur le point d’émettre un de ses proverbes favoris. Victor se détourna du tableau peint par Tasha deux ans auparavant. Quelle idée saugrenue de l’avoir suspendu face à l’alcôve ! Exaspéré, il se leva, attrapa une blouse et alla dissimuler la toile.
    À neuf heures et demie, Tasha ouvrit la porte. La lampe brûlait toujours, fanal tremblotant dans la vaste pièce obscure. Elle s’approcha du lit. Étendu sur le dos, Victor dormait. Il n’avait même pas enlevé ses chaussures. Elle resta à le contempler, emplie de tendresse, puis lui toucha l’épaule. Il grogna, battit des paupières et se redressa.
    — C’est toi… Il est tard ?
    Elle secoua la tête.
    — Barbizon, ton expo ?
    Elle aurait tant voulu se confier à lui, c’était impossible, elle avait promis.
    — Je n’ai rien vendu, dit-elle.
    Il la regarda se déshabiller et il sut qu’il ne lui demanderait aucun compte, il l’aimait trop. Il la prit dans ses bras et la tint contre lui.
    — Tu m’as manqué, murmura-t-il.
     
    — Je dois y aller, dit Eudoxie, ajustant son chapeau rehaussé de gros nœuds. Fifi Bas-Rhin n’attend pas, en place pour le quadrille !
    Elle lança à Kenji un clin d’œil enamouré.
    — À jeudi matin ?
    Il la fixa d’une expression neutre, puis sourit.
    — Je vous téléphonerai, ma douce.
    Elle voulut courir

Weitere Kostenlose Bücher