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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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autre
chose encore. Chaque fois qu’il prononçait le nom du chamane, il baissait la
voix jusqu’au murmure et Gengis trouvait ce respect craintif agaçant.
    — Je l’ai vu extraire la chose de moi, frère ! Elle
se tortillait dans sa main, j’ai failli vomir en la voyant. Et la douleur est
partie.
    Temüge se toucha le ventre et grimaça.
    — Pas tout à fait, apparemment, fit remarquer Gengis.
    Le jeune homme haussa les épaules. Au-dessus et en dessous
du bandage, sa peau portait des marques violettes et jaunes, mais elles
commençaient déjà à s’effacer.
    — Avant, ça me transperçait. Là, ça ne fait pas plus
mal qu’un coup.
    — Mais on ne voit pas de coupure, dis-tu ?
    Temüge secoua la tête et son excitation revint. De ses
doigts, il avait exploré la zone douloureuse dans l’obscurité avant l’aube et
senti, sous le crin, une déchirure dans le muscle encore extrêmement sensible. Il
était sûr que c’était par là que Kökötchu avait arraché la grosseur.
    — Il a des pouvoirs, frère. Plus grands que ceux des
charlatans que nous avons connus avant lui. Je me fie à mes yeux. Les yeux ne
mentent pas, tu le sais.
    Gengis hocha la tête.
    — Je le récompenserai en lui donnant des juments, des
moutons et une pièce de tissu. Je ne veux pas que l’homme qui a guéri mon frère
ressemble à un mendiant.
    Temüge eut soudain l’air contrarié.
    — Il ne voulait pas que cette histoire s’ébruite. Si tu
le récompenses, tout le monde saura ce qu’il a fait.
    — Tout le monde le sait déjà. Kachium m’en a parlé à l’aube
et trois autres aussi avant toi. Il n’y a pas de secrets dans ce camp, tu
devrais le savoir.
    — Alors, il ne m’en voudra pas.
    Le jeune homme hésita avant de poursuivre :
    — Avec ta permission, j’aimerais devenir son élève. Je
crois qu’il accepterait et je n’ai jamais senti un aussi grand désir d’apprendre…
    Il s’interrompit en voyant son frère plisser le front.
    — J’espérais que tu reprendrais ta place parmi les
guerriers, dit Gengis. N’as-tu pas envie de chevaucher à mes côtés ?
    Temüge rougit en baissant les yeux.
    — Tu sais aussi bien que moi que je ne deviendrai
jamais un grand officier. J’apprendrai peut-être à me débrouiller mais les
hommes sauront toujours que c’est mon sang, pas mes compétences, qui m’a valu
ce poste. Laisse-moi être l’élève de ce Kökötchu. Je crois qu’il ne refusera
pas.
    Gengis réfléchit. Plus d’une fois Temüge avait provoqué les
rires de la tribu. Il était lamentable à l’arc et ses efforts poussifs au sabre
ne suscitaient aucun respect. Le khan remarqua que la crainte d’un refus
faisait trembler son frère. Temüge n’était pas à sa place parmi les guerriers
et Gengis avait souvent souhaité qu’il trouve sa voie. Il rechignait cependant
à le laisser prendre celle qu’il envisageait. Les hommes comme Kökötchu
vivaient à l’écart. On les craignait, et c’était une bonne chose, mais ils ne
faisaient pas partie de la grande famille. On ne les accueillait pas comme de
vieux amis. D’un autre côté, Temüge avait toujours été en marge de la tribu. C’était
peut-être le chemin que sa vie prendrait.
    — À condition que tu t’entraînes au sabre et à l’arc
deux heures par jour. Donne-moi ta parole et j’approuverai ton choix.
    — D’accord, répondit Temüge avec un sourire timide. Je
te serai plus utile comme chamane que je ne l’ai été comme guerrier.
    Le regard du khan devint froid.
    — Tu es toujours un guerrier, rappela-t-il, même si ça
n’a jamais été facile pour toi. Apprends avec cet homme mais, dans le fond de
ton cœur, n’oublie jamais que tu es mon frère et le fils de notre père.
    Temüge sentit des larmes lui monter aux yeux, baissa la tête
avant que Gengis les remarque et ait honte de lui.
    — Je ne l’oublierai pas, promit-il.
    — Alors, dis à ton nouveau maître de venir recevoir sa
récompense. Je le serrerai dans mes bras devant mes généraux pour leur montrer
l’estime que j’ai pour lui. Mon ombre assurera qu’on vous traite avec respect
dans le camp.
    Temüge s’inclina avant de partir et Gengis resta seul à
ruminer ses pensées. Il avait espéré que Temüge s’endurcirait et chevaucherait
avec ses frères. Jusqu’ici, aucun chamane n’avait trouvé grâce à ses yeux et ce
Kökötchu avait l’arrogance de son espèce. Gengis soupira. Le choix de Temüge
était peut-être

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