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Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)

Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)

Titel: Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen Crane
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minutes. »
    – « Hé bien… »
    – « Le général dit qu’il va prendre les commandes de toute la 304e, quand on va entrer en action ; alors il dit qu’on se battra comme aucun régiment ne l’a fait. »
    – « Il paraît qu’ils vont nous tomber dessus par la gauche. On dit que l’ennemi pousse nos lignes dans de sacrés marécages, et que l’artillerie de Hannisses a été prise. »
    – « Rien de tout ça n’est vrai. L’artillerie de Hannisses était le long de ce côté il n’y a pas une minute. »
    – « Le jeune Hasbrouk, il fait un très bon officier. Il ne craint rien. »
    – « J’ai rencontré quelqu’un de la 148è, les gars du Maine, qui a vu sa brigade combattre toute l’armée rebelle pendant quatre heures entières, là-bas au croisement des routes, et tuer au moins cinq milles d’entre eux. Il dit qu’une autre bataille comme ça et s’en serait fini de la guerre. »
    – « Bill aussi n’avait pas peur. Non-monsieur ! pas du tout ! Bill ne s’effraie pas facilement. Il est seulement toqué, c’est ce qu’il est. Quand ce type lui a marché sur la main, il s’est levé et dit qu’il était volontaire pour donner sa main pour son pays, mais qu’on lui coupe la langue s’il allait permettre à tout idiot de soldat embusqué de lui marcher dessus en silence sans rien dire. C’est pourquoi il est allé à l’infirmerie sans se soucier de combattre. Il avait trois doigts écrasés. Ce cher docteur a voulu les lui amputer, et Bill, il lança un terrifiant rugissement que j’ai entendu. C’est un type drôle. »
    – « Écoutez ce que le vieux colonel, il dit les gars. Il dit qu’il abattra le premier qui fera volte-face pour s’enfuir. »
    – « Il n’a qu’à essayer. Je voudrais bien le voir me tirer dessus. »
    – « Il veut seulement voir par lui-même. Il ne parle pas pour ne rien dire. »
    – « On dit que la division Perry leur est tombée dessus comme la foudre. »
    – « Ed Williams, là-bas dans la compagnie A, il a vu les rebelles qui lâchaient toutes leurs armes et fuyaient en braillant quand on leur donnait un bon assaut dès le début. »
    – « Hé diantre ! Ed Williams qu’est-ce qu’il en sait ? Depuis qu’on lui a tiré dessus quand il était de garde, il se défile des combats. »
    – « Hé bien, il… »
    – « Entendu les nouvelles les gars ? Corkright a écrasé toute l’aile droite des rebelles, et capturé deux divisions entières. Demain on passera par le plus court pour revenir à nos quartiers d’hiver. »
    – « J’vous l’dis, j’ai été dans le secteur où se trouve l’aile droite de l’armée rebelle, et c’est la partie la plus dégueulasse de la ligne ennemie. C’est tout un mélange de collines, de maudits petits ruisseaux. Je parie ma chemise que Corkright ne les a jamais inquiétés là-bas. »
    – « Hé bien c’est un fier combattant, et s’il y a quelqu’un qui peut les battre c’est lui. »
    L’énorme vacarme issu des premières lignes enfla jusqu’à atteindre au niveau d’un terrifiant concert. L’adolescent et ses camarades restaient figés, en silence. Ils pouvaient voir un drapeau secoué avec rage dans la fumée. Tout près s’agitait la forme confuse des troupes. Un flot turbulent d’hommes arrivait à travers champs. Une batterie de canons changea de position dans un galop frénétique, éparpillant les soldats dispersés à gauche et à droite de son passage.
    Un obus hurlant la mort passa par-dessus les têtes baissées des réservistes. Il atterrit dans le petit bois, et l’explosion souleva la terre en jetant une lueur rouge. Il y eut une petite averse d’aiguilles de pin.
    Les balles commencèrent de siffler parmi les branches, et, se plantaient dans les troncs d’arbres. Des feuilles et de petites branches tombaient avec lenteur. C’était comme si un millier de haches minuscules et invisibles eussent été habilement utilisées. Beaucoup faisaient de brusques écarts en rentrant la tête.
    Le lieutenant de la compagnie de l’adolescent fut touché à la main. Il lâcha de si formidables jurons que des rires nerveux coururent le long de la ligne du régiment. Les blasphèmes de l’officier paraissaient ne pas franchir la limite des convenances. Ce qui soulagea les sens tendus des novices. Comme si chez lui il se fut tapé sur les doigts avec un marteau. Il tint le membre blessé soigneusement éloigné de lui de

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